La capsule qui permet de s'ôter soi-même la vie sans l'aide d'un médecin est loin de faire l'unanimité. Les autorités du Valais s'y sont opposées. «C'est totalement surréaliste», a également réagi auprès de l'AFP Jean-Jacques Bise.
Capsule du suicide: "surréaliste", "inapproprié"
Une capsule d'assistance au suicide, qui permet de s'ôter soi-même la vie sans l'aide d'un médecin, par hypoxie à l'azote, pourrait être utilisée pour la première fois au monde en Suisse, "très bientôt", selon l'association qui la promeut.
18.07.2024
L'azote nécessaire coûte 18 francs suisses
- Appelée «Sarco» pour sarcophage, cette capsule se présente sous la forme d'une mini-cabine dans laquelle doit s'allonger la personne qui souhaite mettre fin à ses jours.
- Elle doit actionner elle-même le bouton après avoir répondu à une série de questions pour confirmer qu'elle comprend ce qu'elle fait et libérer de l'azote dans la capsule.
- L'azote nécessaire coûte 18 francs suisses (18,60 euros).
- «Après deux ou trois respirations, elle perdra conscience et mourra quelques minutes plus tard», a décrit Mme Stewart.
- Un examen psychiatrique pour prouver que la personne est en pleine possession de ses moyens sera nécessaire.
Le suicide médicalement assisté est possible en Suisse, mais cette capsule à l'aspect futuriste fait des remous depuis que le journal NZZ am Sonntag a révélé début juillet qu'elle pourrait être utilisée pour la première fois sur le sol helvétique.
Créée il y a quelques mois, l'association appelée The Last Resort n'a pas souhaité dire exactement «où», «quand», ni «qui» l'utilisera pour la première fois.
Le directeur général compte lui-même l'utiliser un jour
Le premier suicide à l'aide de cette capsule devrait avoir lieu dans un «endroit isolé», «face à la beauté de la nature», sur un terrain «privé», a précisé Mme Stewart, membre consultative du conseil d'administration de l'association.
«Je ne peux pas songer à plus belle façon de respirer de l'air sans oxygène jusqu'à sombrer dans un repos éternel», a déclaré Florian Willet, son directeur général et vice-président, qui a expliqué qu'il comptait lui-même l'utiliser un jour.
«Dans la mesure où il y a des gens qui font la queue pour utiliser le Sarco...»
L'association prévoit de donner accès aux plans pour fabriquer la capsule à l'aide d'une imprimante 3D aux personnes âgées d'au moins cinquante ans, même si les demandes de personnes plus jeunes sérieusement et physiquement malades pourront être prises en considération.
Un premier suicide pourra être programmé «dès qu'il y aura une personne spécifique et que tout le monde sera au clair sur cette personne». Et «dans la mesure où il y a des gens qui font la queue, en demandant à utiliser le Sarco, il est très probable que cela aura lieu très bientôt», a-t-il ajouté.
Les autorités du Valais s'y sont toutefois opposées par le biais d'une «mesure provisionnelle préventive dans un but de santé publique», en attendant d'obtenir «des renseignements et des informations plus conséquentes sur le dispositif et son utilisation», a expliqué sur les ondes de la RTS Cédric Dessimoz, le médecin cantonal adjoint de cette partie de la Suisse où un premier suicide avait été envisagé, selon la NZZ am Sonntag.
Car la capsule développée par Philip Nitschke, un ancien médecin australien connu pour ses positions controversées sur le suicide et la fin de vie, est loin de faire l'unanimité.
«C'est totalement surréaliste»
«C'est totalement surréaliste», a réagi auprès de l'AFP Jean-Jacques Bise, le co-président d'Exit, un des organismes suisses qui fournit une assistance médicalisée au suicide.
Le suicide avec assistance médicalisée est aujourd'hui réservé aux personnes exposées à de grandes souffrances liées à un état pathologique, une maladie des suites d'un accident.
Or selon lui, cette capsule risque de bouleverser le cadre légal dans lequel opèrent les organismes qui fournissent une aide médicalisée pour mourir «dans la dignité».
«S'il y a des dérapages, les politiciens envisageront de faire une législation qui sera certainement beaucoup plus stricte», estime-t-il.
«Si un jour, on vient à aider des gens à mettre fin à leur jour uniquement sur leur auto-détermination, il faudra que ce soit une décision prise démocratiquement», selon lui.