L'aide au développement recevra 11,25 milliards de francs pour 2021 à 2024. Après le National, le Conseil des Etats a approuvé mardi le budget demandé par le gouvernement. Seuls quelques UDC s'y sont opposés.
Le projet contient quatre crédits-cadres. Une augmentation de 147 millions est prévue par rapport à la période précédente.
Le plus gros des fonds ira au financement de la coopération au développement et de l'aide humanitaire (8,783 milliards). Une enveloppe de 258 millions est prévue pour la paix et la sécurité humaine. Les Etats d'Europe de l'Est obtiendront 1,025 milliard de francs. Un crédit de 1,186 milliard reviendra au financement de la coopération économique au développement.
Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a rappelé que l'aide au développement est le bon instrument pour réagir rapidement face à des situations comme le coronavirus. Selon les estimations, jusqu'à 100 millions de personnes pourraient retomber dans une situation de pauvreté extrême.
Pas d'augmentation
Les délibérations ont notamment porté sur le montant approprié des crédits-cadres, étant donné la difficulté de prévoir l’évolution économique et le niveau particulièrement élevé des besoins d’aide humanitaire en raison de la crise du coronavirus.
La Chambre des cantons s'est ralliée au Conseil fédéral et au National sur cette question. Elle a rejeté deux propositions visant à augmenter progressivement le taux d'aide publique pour arriver à 0,5%, respectivement 0,7%, du revenu national brut (RNB) en 2024. Seule la gauche a défendu ces augmentations.
Vu la situation économique, une augmentation des moyens ne serait pas raisonnable, a lancé Ignazio Cassis. Selon les pronostics économiques actuels, le taux sera de 0,48% pour la période 2021-2024, a-t-il précisé.
En régression
«Nous sommes loin d'atteindre les objectifs du développement durable de l'agenda 2020-2030», a regretté Carlo Sommaruga (PS/GE). Certes, la somme est importante, mais nous sommes en-dessous de l'objectif fixé par le Parlement (0,5%) et en-dessous de l'objectif fixé il y a 50 ans par la communauté internationale (0,7%). «Pire, nous sommes en régression.»
Et de poursuivre, «l'objectif de 0,7% a été atteint par la Norvège, le Danemark, la Suède, le Luxembourg et la Grande-Bretagne». Certains ont même consacré 1% de leur PIB au développement international. Le Genevois aurait voulu une stratégie cadre de coopération permettant d'atteindre le 0,7% du RNB d'ici 2030.
Situation économique
Les sénateurs ont tacitement refusé de tenir compte de la situation économique pour fixer les contributions annuelles. La mesure avait été introduite par le National, à l'initiative du PLR. Cela limiterait la marge de manoeuvre du Parlement. Il ne serait pas possible d'agir en fonction des besoins, a averti M. Cassis.
Pour le Conseil fédéral, la coopération internationale est un investissement dans la liberté, la prospérité et la sécurité de la Suisse et du monde entier, a indiqué le conseiller fédéral. La crise du coronavirus pourrait faire baisser fortement le revenu national brut (RNB) de la Suisse, et le budget proposé par le gouvernement serait ainsi au-dessus du seuil de 0,5%, a-t-il précisé.
Aide ciblée
Les sénateurs ont également transmis une motion du National qui prévoit notamment que la coopération bilatérale se concentre sur quatre zones prioritaires. La collaboration avec des entreprises du secteur privé sera intensifiée et l’aide humanitaire adaptée aux besoins de la population. Par ailleurs, le lien entre politique migratoire et coopération internationale sera renforcé.