Pandémie Effet protecteur d'un médicament contre le cancer de la prostate

ATS

7.5.2020

Image d'illustration
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KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU / archives

Les médicaments anti-androgènes administrés contre le cancer de la prostate semblent avoir un effet protecteur contre le coronavirus. Des travaux menés par des chercheurs tessinois en Vénétie (I) confirment des observations déjà faites en Chine.

L'équipe d'Andrea Alimonti, de l'Université de la Suisse italienne (USI), a analysé les données de 4532 hommes de cette région du nord de l'Italie. Sur ce total, 9,5% (430) souffraient d'un cancer, et 2,6% (118) d'un cancer de la prostate.

De manière générale, les hommes souffrant d'un cancer ont un risque 1,8 fois plus élevé que la moyenne de contracter le Covid-19 et d'évoluer vers une forme grave par rapport à la population de sexe masculin.

En y regardant de plus près, les chercheurs ont constaté que seulement quatre des 5273 hommes traités par anti-androgènes en Vénétie ont contracté la maladie, et aucun n'en est mort. En comparaison, sur les 37'161 hommes ayant également un cancer de la prostate mais non traités aux anti-androgènes, 114 sont tombés malades et 18 sont morts.

Risque quatre fois moindre

Selon le Pr Alimonti, cité mercredi dans un communiqué de l'Institut d'oncologie de la Suisse italienne, les patients qui recevaient un traitement anti-androgènes avaient ainsi un risque quatre fois moindre de contracter le Covid-19 par rapport aux patients qui ne recevaient pas cette thérapie. La différence est encore plus importante si l'on compare avec les patients ayant un autre type de cancer.

Dans la revue Annals of Oncology, les auteurs suggèrent que les hommes faisant partie de groupes à haut risque pourraient prendre pour une période limitée des anti-androgènes à titre préventif, même sans cancer de la prostate, en combinaison avec d'autres médicaments. Et ceux qui sont déjà infectés pourraient également en prendre afin de réduire la sévérité des symptômes.

Ces traitements abaissent notamment le taux de testostérone de manière transitoire. S'ils sont pris sur moins d'un mois, ils n'ont pas d'effets secondaires majeurs, note le Pr Alimonti, qui enseigne également à l'EPF de Zurich et à l'Université de Padoue (I).

Ces travaux contribuent également à expliquer pourquoi les hommes développent des formes plus agressives de Covid-19 que les femmes, avec une mortalité nettement supérieure.

Afin d'en savoir plus, les chercheurs tessinois entendent maintenant lancer une étude clinique avec des anti-androgènes sur des hommes ayant contracté le Covid-19 et présentant des symptômes de gravité moyenne. La demande est pendante devant le comité d'éthique.

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