Course aux étoilesLa fusée New Glenn de Jeff Bezos décolle pour la première fois
hl
16.1.2025 - 08:35
La société spatiale américaine Blue Origin a lancé jeudi pour la première fois sa grande fusée New Glenn. Ce vol inaugural à des allures de tournant pour l'entreprise du fondateur d'Amazon Jeff Bezos qui entend rattraper son retard sur son rival SpaceX.
Keystone-SDA, hl
16.01.2025, 08:35
ATS
Haute de 98 mètres, soit la taille d'un immeuble d'environ 30 étages, New Glenn a décollé avec succès autour de 02h03 locales (08h03 en Suisse) depuis la base spatiale de Cap Canaveral en Floride, malgré des conditions météorologiques qui n'étaient pas optimales.
Le vol inaugural de cette puissante fusée était attendu depuis des années et a été repoussé à plusieurs reprises et même annulé à la dernière minute lundi en raison d'un problème technique. Si la mission se déroule comme prévu, New Glenn devrait atteindre l'orbite, ce qui constituerait une première pour l'entreprise spatiale privée créée en 2000.
«Tout ce qui va au-delà est un bonus», a déjà fait savoir David Limp, le PDG de Blue Origin. Si la société emmène déjà depuis plusieurs années des touristes pour quelques minutes dans l'espace avec sa fusée New Shepard, elle n'a jusqu'ici mené aucun vol orbital. Avec New Glenn, bien plus puissante, elle ambitionne d'entrer sur un nouveau marché, celui du lancement de satellites commerciaux et militaires en orbite mais aussi de vaisseaux et d'astronautes.
Et d'ainsi concurrencer SpaceX, qui appartient à un autre milliardaire américain, Elon Musk, et qui domine actuellement le marché avec ses fusées Falcon 9 et Falcon Heavy, et développe actuellement la plus grande fusée jamais créée. Cette mégafusée nommée Starship doit également mener jeudi, si la météo le permet, un septième vol d'essai, après un report mercredi.
En partie réutilisable
Pour George Nield, président d'une entreprise promouvant les activités spatiales privées, le lancement de New Glenn est une bonne nouvelle pour l'ensemble du secteur spatial, car «c'est une bonne chose d'avoir de la concurrence, d'avoir le choix».
«C'est très important pour l'industrie spatiale commerciale, mais aussi pour le gouvernement et la Nasa» car cela permet non seulement de baisser les coûts, mais aussi d'offrir un plan B «en cas de problème sur un appareil», expliquait-il à l'AFP en amont du vol.
Lors de cette mission inaugurale qui doit durer six heures, Blue Origin compte tenter de récupérer le premier étage de sa fusée, qui a propulsé l'ensemble. Comme la Falcon 9 de SpaceX, la fusée New Glenn est en partie réutilisable, une spécificité qui est permet non seulement de réduire les coûts mais aussi d'avoir une cadence de vol plus élevée.
Blue Origin est déjà parvenue à faire se poser sa fusée New Shepard sur un terrain au Texas. Mais cette fois-ci, elle entend essayer un atterrissage contrôlé du premier étage sur une barge en mer – une manoeuvre délicate similaire à celles réalisées par SpaceX. C'est «ambitieux», a reconnu le PDG sur X, «mais nous allons le tenter. Quoi qu'il en soit, nous apprendrons beaucoup».
D'autres vols de prévus
La fusée transportera par ailleurs un prototype du remorqueur polyvalent Blue Ring, un engin spatial destiné à effectuer des opérations dans l'espace et à déplacer des satellites vers leurs orbites finales. Ses fonctions techniques seront testées lors de la mission, a précisé l'entreprise.
Si ce lancement est un succès, d'autres vols du New Glenn devraient suivre en 2025. Blue Origin a déjà signé des contrats avec plusieurs clients, dont l'agence spatiale américaine pour une mission non habitée vers Mars, et le gouvernement américain pour des missions de sécurité nationale.
Côté commercial, elle prévoit de déployer des satellites internet pour plusieurs entreprises. Elle devrait également, comme SpaceX avec Starlink, être chargée du lancement de satellites du groupe Amazon. Jeff Bezos et Elon Musk, les deux hommes les plus riches au monde, se livrent également bataille dans le domaine de l'internet par satellite.