Bioraffinerie en France Votre voiture roulera peut-être bientôt au bois des forêts landaises 

Relax

15.9.2024 - 14:31

(AFP) – Du pin maritime transformé en carburant automobile: à Tartas dans les Landes, une bioraffinerie du groupe américain Rayonier Advanced Materials (Ryam), spécialisé dans la chimie du bois, a démarré la production de bioéthanol deuxième génération, une première en France. 

L'usine landaise compte produire 21 millions de tonnes de bioéthanol d'ici trois ans pour approvisionner le marché régional en carburant E5, E10 et E85.
L'usine landaise compte produire 21 millions de tonnes de bioéthanol d'ici trois ans pour approvisionner le marché régional en carburant E5, E10 et E85.
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L'usine landaise compte produire 21 millions de tonnes de bioéthanol d'ici trois ans pour approvisionner le marché régional en carburant E5, E10 et E85. «Soit la consommation de 2.500 véhicules pendant un an», précise Ludovic Berdinel, directeur de la bioraffinerie, qui a nécessité un investissement de 37 millions d'euros.

Le carburant sera vendu par son partenaire commercial Esso, filiale française du géant pétrolier américain ExxonMobil.

La bioraffinerie fabriquait déjà de la cellulose à partir de résineux locaux pour diverses applications industrielles (cosmétiques, pharmaceutiques, produits d'hygiène et montures de lunettes notamment), à partir des pins landais, mais sans en récupérer les sucres, désormais transformés en bioéthanol, après un processus de fermentation, distillation et déshydratation. 

Les résidus forestiers «ont l'avantage de ne pas entrer en concurrence avec les matières agricoles et surtout n'impliquent pas de nouvelles coupes de bois que celui déjà exploité sur notre site pour la cellulose», précise le président de Ryam France, Christian Ribeyrolle. 

Le développement des biocarburants avancés s'inscrit dans le cadre des objectifs de la directive européenne RED II qui prévoit l'incorporation de 14% d'énergie renouvelable dans les transports à horizon 2030, dont 3,5% de biocarburants de deuxième génération.

«Cette directive a généré de la demande de groupes pétroliers, ouvrant la porte à des projets à la limite de la rentabilité jusque-là», salue Ludovic Berdinel. 

Selon l'institut de recherche IFP Energies Nouvelles, le bioéthanol de deuxième génération «permet d'élargir le champ des matières premières végétales exploitables, depuis les déchets forestiers ou les pailles de céréales jusqu'aux plantes herbacées riches en ligno-cellulose». Il doit permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 85 % par rapport à la référence fossile, selon l'IFPEN.

La consommation de bioéthanol, fabriqué à base d'alcool agricole, s'est envolée de 83% en 2022 et a poursuivi sa hausse de 5% en 2023. En 2022, ce biocarburant représentait 6,5% du marché des essences.

En France,  l'IFPEN, l'INRAE, Tereos ou Total portent depuis 2011 un autre projet de recherche sur la production de bioéthanol de deuxième génération, baptisé Futurol. La technologie a été commercialisée pour la première fois en Europe, en Croatie, en 2020.

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