Missiles longue portée Poutine brandit la menace d’une «guerre avec les pays de l’Otan»

AFP

12.9.2024

Le président russe Vladimir Poutine a brandi jeudi la menace d'une «guerre avec les pays de l'Otan» si les Occidentaux venaient à autoriser l'Ukraine à frapper en profondeur le territoire russe avec les missiles à longue portée qui lui ont été livrés, une question actuellement au coeur de débats chez les alliés de Kiev.

Ses déclarations interviennent alors que l'armée russe, qui avance déjà sur le front de l'est de l'Ukraine, a lancé une contre-offensive dans la région russe de Koursk (archives).
Ses déclarations interviennent alors que l'armée russe, qui avance déjà sur le front de l'est de l'Ukraine, a lancé une contre-offensive dans la région russe de Koursk (archives).
KEYSTONE

AFP

L'Ukraine veut notamment une plus grande liberté d'action pour utiliser les missiles Storm Shadow livrés par le Royaume-Uni et pour les ATACMS fournis pas les Etats-Unis, des armes d'une portée maximale de plusieurs centaines de kilomètres qui lui permettraient d'atteindre des sites logistiques de l'armée russe et des aérodromes d'où décollent ses bombardiers.

Ces déclarations de M. Poutine interviennent alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se trouve jeudi en Pologne au lendemain d'une visite à Kiev, et à la veille d'une rencontre sur la question entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer.

Elles viennent aussi alors que l'armée russe, qui avance déjà sur le front de l'est de l'Ukraine, a lancé une contre-offensive dans la région russe de Koursk, affirmant avoir chassé en deux jours les forces ukrainiennes de dix localités qui avaient été prises début août.

Interrogé sur un éventuel feu vert occidental pour ce type de frappes par l'Ukraine, M. Poutine a estimé que «cela ne signifierait rien de moins qu'une implication directe des pays de l'Otan dans la guerre en Ukraine».

«Cela changerait la nature même du conflit. Cela signifierait que les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie», a-t-il ajouté, promettant une réponse de Moscou «en fonction des menaces».

A Varsovie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré les dirigeants polonais après un voyage en train de nuit à partir de l'Ukraine, où il s'était entretenu mercredi avec le président Volodymyr Zelensky et d'autres responsables aux côtés de son homologue britannique David Lammy.

Washington n'a, pour le moment annoncé aucun changement dans les règles d'utilisation des missiles livrés à l'Ukraine, mais dit réfléchir à une inflexion de sa politique sur ce sujet.

Zelensky critique le «retard»

Signe de son impatience, M. Zelensky a critiqué jeudi «le retard» des Occidentaux sur la question. Ces délais ont «conduit à ce que la Russie déplace ses cibles militaires plus en profondeur», a-t-il souligné.

«Nous nous adapterons si nécessaire, notamment en ce qui concerne les moyens dont dispose l'Ukraine pour se défendre efficacement contre l'agression russe», a éludé M. Blinken dans la capitale polonaise.

La veille à Kiev, il avait promis d'examiner «d'urgence» les demandes ukrainiennes.

Le président Joe Biden, qui hésite à prendre des mesures susceptibles de déclencher un conflit direct entre la Russie et les États-Unis, tous deux dotés de l'arme nucléaire, et le Premier ministre britannique Keir Starmer doivent s'entretenir vendredi sur cette question.

La Russie est elle accusée d'avoir récemment reçu des missiles balistiques de courte portée de la part de l'Iran, qui n'ont pour le moment pas été utilisés en Ukraine, selon M. Zelensky. Selon Washington, des dizaines de militaires russes ont été formés en Iran à utiliser le missile balistique Fath-360, qui a une portée de 120 kilomètres.

A Moscou, le ministère de la Défense a annoncé que les forces russes avaient «libéré 10 localités en deux jours» lors d'"opérations offensives" dans la région de Koursk, où les troupes ukrainiennes s'étaient emparées d'une centaine de localités et de plus de 1.000 km2 à l'occasion d'une attaque surprise début août.

Il s'agit des premiers succès militaires revendiqués par l'armée russe dans cette zone.

Volodymyr Zelensky a confirmé qu'une contre-offensive russe était en cours dans cette région frontalière, tout en assurant que cette réplique était «conforme au plan ukrainien», sans apporter davantage de précisions.

Le front était globalement gelé dans la région de Koursk depuis les premières avancées ukrainiennes. Kiev avait déclenché cette offensive notamment pour tenter de contraindre l'armée russe à se détourner de son assaut dans l'est de l'Ukraine, jusqu'ici sans succès.