Accord de libre-échange avec le MercosurNouvel accès de colère des paysans français
ATS
18.11.2024 - 10:12
Les agriculteurs français sont une nouvelle fois mobilisés à travers le pays, lundi, moins d'un an après un mouvement de colère inédit dans les campagnes. La perspective d'un accord avec le Mercosur pourrait à nouveau l'embraser.
18.11.2024, 10:12
ATS
«85 points de manifestation sont en train de se mettre en route, on ne souhaite pas de blocage concrètement comme on a pu le voir l'année dernière», a indiqué lundi matin sur la radio RMC Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs (JA), citant comme exemples d'actions «des barrages filtrants, des feux de la colère, des manifestations devant les préfectures».
C'est l'alliance de syndicats agricoles majoritaire (FNSEA-JA) qui a appelé à cette journée d'action nationale.
Dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu qu'il y aurait une «tolérance zéro» en cas de «blocage durable» des routes.
Route partiellement bloquée
Dans la soirée déjà, des agriculteurs se sont rendus en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, bloquant deux des trois voies de circulation sur la nationale 118, où une partie d'entre eux étaient toujours présents lundi matin avec leurs tracteurs après y avoir passé la nuit.
Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA, au micro de la radio Europe 1 également lundi matin, a estimé que l'ampleur du mouvement allait «être à nouveau sans précédent puisqu'on sent quand même des agriculteurs toujours aussi agacés par un gouvernement qui traîne à réagir.»
Moins d'un an après un vaste mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l'approche de leurs élections professionnelles qui se tiendront en janvier.
Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n'avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l'hiver dernier. Et ils jugent les normes toujours aussi complexes, et les revenus insuffisants.
Accord de libre-échange décrié
Si les taxes sur le carburant agricole avaient été un des ferments de la mobilisation l'an dernier, c'est l'aboutissement du projet d'accord de libre-échange de l'Union européenne (UE) avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.
En dépit de l'opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, l'UE semble déterminée à signer d'ici la fin de l'année cet accord, qui permettra notamment aux pays latino-américains d'écouler plus de boeuf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe.
Plusieurs pays européens, dont l'Espagne et l'Allemagne, veulent la conclusion de l'accord, qui favoriserait l'exportation de voitures, machines ou produits pharmaceutiques de l'Union européenne.
Mais les agriculteurs français redoutent une concurrence déloyale de produits n'étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe.
C'est pourquoi la FNSEA et son allié JA ont choisi de relancer la mobilisation lundi et mardi, dates de la tenue d'un sommet du G20 au Brésil. A Buenos Aires, le président français Emmanuel Macron a affirmé dimanche que la France ne «signerait pas en l'état» le traité de libre échange.
Occupation du «pont de l'Europe»
Sur le terrain, la mobilisation doit se traduire notamment par des rassemblements sur des places ou ronds-points baptisés «de l'Europe».
Ainsi, des adhérents de la FNSEA et des JA du département du Bas-Rhin (est) prévoient d'occuper symboliquement le «pont de l'Europe» qui relie la ville française de Strasbourg à la commune allemande de Kehl.
«Notre objectif n'est pas d'ennuyer les Français (...), ni les bloquer, encore moins de les affamer comme on a pu entendre d'un certain nombre d'autres syndicats agricoles», a souligné le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (2e syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'"encercler» ou d'"affamer» certaines métropoles comme Paris.
La Coordination rurale a choisi d'attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation.
Le syndicat, qui affirme avoir engrangé des milliers de nouveaux adhérents depuis l'an dernier, promet «une révolte agricole» avec un «blocage du fret alimentaire» dès mercredi dans le sud-ouest si «aucune avancée» n'est constatée sur le dossier du Mercosur.