Les Russes inquietsRouble en chute libre: 5 points pour comprendre la crise qui secoue l'économie russe
Philipp Dahm/trad
28.11.2024
De l’extérieur, l’économie russe semble résister, mais la chute du rouble suscite de vives inquiétudes parmi les citoyens. Voici, en cinq points clés, les raisons de cette crise monétaire et ses conséquences.
Philipp Dahm/trad
28.11.2024, 20:51
28.11.2024, 20:59
Philipp Dahm
Pourquoi le rouble s’effondre-t-il?
Depuis début août, le rouble a perdu près d’un quart de sa valeur, principalement à cause de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales qui en découlent, selon les experts.
Le 27 novembre, la chute s’est accentuée lorsque la banque centrale russe a annoncé l’arrêt de ses achats de devises étrangères jusqu’à la fin de l’année. Malgré cette mesure visant à stabiliser la monnaie, le rouble a atteint son niveau le plus bas depuis mars 2022, avec un taux de change atteignant parfois 113 roubles pour un dollar. Cet été, il se situait encore entre 80 et 90 roubles.
Quelles sont les conséquences pour l’économie?
Les produits fabriqués en Russie deviennent moins chers, tandis que les importations coûtent plus cher, réduisant le pouvoir d'achat des Russes. La dévaluation du rouble alimente aussi l’inflation.
Bien que la banque centrale annonce un taux d’inflation de 8,5 % pour l’année, les experts estiment qu’il est en réalité beaucoup plus élevé. De nombreux citoyens témoignent de fortes hausses des prix des aliments et des biens de consommation courante.
Qu'est-ce qui va coûter plus cher?
Selon le journal économique «Kommersant», les fabricants d’électroménager ont déjà prévu une augmentation des prix de 10 %. Cette hausse affecte surtout les secteurs dépendant de la technologie étrangère, comme l’électronique, l’automobile et les machines. Le ministère de la Défense, qui importe des composants électroniques, est également concerné. En outre, les médicaments, les fruits et le caoutchouc importés devraient aussi voir leurs prix grimper.
Que peut faire Moscou ?
Face à cette dégringolade, la banque centrale envisage de relever à nouveau les taux d’intérêt, déjà à un niveau record de 21 %, pour tenter de freiner l’inflation. Une hausse à 23 % est envisagée.
Bien que cette politique aide à contrôler l’inflation, elle pénalise les citoyens ayant besoin de crédits pour des projets comme la construction de maisons, ainsi que les entreprises nécessitant des financements pour se développer ou survivre. En revanche, l’industrie de l’armement, soutenue par l’État, devrait continuer à prospérer.
Cette politique monétaire ne fait pas plaisir à certains oligarques: «C’est comme si le remède faisait plus de mal que la maladie», a déclaré Alexeï Mordachov, milliardaire et PDG du géant métallurgique Severstal, cité par Politico.
«Nous avons besoin d'une discussion sérieuse sur le sujet. Cette situation n'a probablement jamais existé dans l'histoire moderne. Le taux de la banque centrale est deux fois et demie plus élevé que l'inflation, et il ne baisse toujours pas», a-t-il ajouté.
Même Vladimir Poutine a tenté de rassurer la population en affirmant que la situation était «sous contrôle». Parallèlement, le Kremlin profite de cette crise en proposant des avantages, comme des crédits immobiliers à taux réduit, pour inciter les hommes à rejoindre l'armée.