Trump fait peur L'après-présidentielle américaine : le calme ou l’immense chaos ?

AFP

28.10.2024

La présidentielle américaine 2024 est remarquable en ce qu'elle génère autant de suspense sur le résultat du scrutin que sur l'après-scrutin: verra-t-on une grande bataille judiciaire, une contestation violente s'exprimer dans les rues ou, au contraire, un pays refusant de se déchirer davantage ?

Donald Trump ne cesse d'affirmer que la seule possibilité pour lui de perdre serait que le camp de son adversaire truque les résultats de l'élection du 5 novembre.
Donald Trump ne cesse d'affirmer que la seule possibilité pour lui de perdre serait que le camp de son adversaire truque les résultats de l'élection du 5 novembre.
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La réponse à ces questions dépendra grandement de la capacité des candidats à accepter leur éventuelle défaite, au terme d'une course probablement remportée sur le fil. Or, de ce point de vue, c'est surtout Donald Trump qui inquiète.

Le républicain de 78 ans ne cesse d'affirmer que la seule possibilité pour lui de perdre serait que le camp de son adversaire, la démocrate Kamala Harris, truque les résultats de l'élection du 5 novembre.

A plusieurs reprises, il a refusé de dire qu'il soutiendrait une transition pacifique au sommet du pouvoir. Et il affirme toujours que la présidentielle de 2020 lui a été volée, élément central des poursuites fédérales qui le visent pour sa tentative présumée d'inverser le résultat de ce scrutin.

«S'il perd, je suis certain qu'il va crier à la triche, faire tout ce qui est possible pour inverser les résultats et qu'il refusera d'assister à l'investiture de Harris. Non seulement c'est un mauvais perdant, mais jamais il n'admettra une défaite», prédit Donald Nieman, professeur de sciences politiques à l'université Binghamton dans l'Etat de New York.

Clôtures métalliques

De son côté, Kamala Harris, si elle perd, acceptera-t-elle de reconnaître son échec ? Ses partisans le pensent à 95%, mais ce taux tombe à 48% chez les trumpistes, selon un sondage du 10 octobre du Pew Research Center. Deux Américains sur trois redoutent une éruption de violence dans le sillage du 5 novembre, selon un sondage d'Ipsos dévoilé jeudi.

Les deux candidats s'accusent mutuellement d'attiser les tensions. Kamala Harris reproche désormais à Donald Trump d'être un «fasciste». Le milliardaire a lui directement imputé les tentatives d'assassinat qui l'ont visé à la rhétorique de son adversaire démocrate, responsable selon lui d'un «bain de sang» aux Etats-Unis.

Les élections américaines de 2024

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

Patrick Semansky/AP/dpa

A Washington, les autorités se préparent depuis au moins un an à la période extrêmement sensible qui ira du jour de l'élection au 20 janvier 2025, date de l'investiture. Déjà de premières barrières métalliques se dressent près de la Maison Blanche. D'autres entoureront bientôt la zone du Congrès.

Et la police du Capitole, où siège le Congrès, voit ses effectifs gonfler à 2.100 agents, environ 300 supplémentaires qu'au 6 janvier 2021, quand des centaines de trumpistes avaient envahi l'édifice par la force.

La journée cruciale du 6 janvier 2025, durant laquelle sera certifié le scrutin, bénéficiera du même niveau de sécurité que la cérémonie d'investiture du futur président. Et on peut imaginer que les centaines de condamnations sévères infligées aux émeutiers du 6 janvier auront un certain effet dissuasif.

Guérilla judiciaire

Il y a quatre ans, l'élection s'était tenue le 3 novembre mais le résultat n'avait été connu que le 7. Donald Trump s'était déclaré vainqueur dès la nuit du vote et avait immédiatement commencé à dénoncer des irrégularités supposées, tentant de rallier à sa cause, en vain, son vice-président Mike Pence et son ministre de la Justice Bill Barr.

Si le candidat républicain devait à nouveau crier victoire de façon prématurée, nous «avons les ressources et l'expertise» pour réagir, a affirmé mardi Kamala Harris. Et, cette fois-ci, l'ex-président républicain ne dirige plus l'administration fédérale et ne pourra pas être tenté de faire appel aux autorités judiciaires ou à l'armée pour faire pression.

En 2020, il avait saisi les tribunaux tous azimuts, sans obtenir un seul jugement en sa faveur, les magistrats lui faisant comprendre qu'il aurait dû agir avant.

Mais les républicains ont tiré les leçons de cette bérézina judiciaire. Ils ont recruté une armée de 100.000 bénévoles et de milliers de juristes chargés de veiller à «l'intégrité» du scrutin et ont engagé plus de 130 actions en justice dans au moins 26 Etats.

Pas en reste, les démocrates ont répliqué avec environ 35 saisines des tribunaux, faisant de 2024 un scrutin déjà surnommé «the litigation election» (l'élection du contentieux).

A noter enfin que les litiges électoraux se règlent en dernier ressort devant la Cour suprême des Etats-Unis, solidement conservatrice depuis que Donald Trump y a nommé trois magistrats.

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