Continuité politique La Namibie élit sa première femme présidente

ATS

3.12.2024 - 22:03

La Namibie a élu sa première femme présidente, Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, issue du parti au pouvoir, dès le premier tour avec 57,31% des suffrages, a annoncé mardi soir la commission électorale de ce pays désertique d'Afrique australe.

Netumbo Nandi-Ndaitwah porte des positions conservatrices, étant notamment partisane d'une législation stricte en matière d'avortement. (archives)
Netumbo Nandi-Ndaitwah porte des positions conservatrices, étant notamment partisane d'une législation stricte en matière d'avortement. (archives)
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La Swapo, parti de l'actuelle vice-présidente surnommée «NNN», dirige le vaste pays riche en minerais, qui compte seulement trois millions d'habitants, dont les deux tiers ont moins de 30 ans, depuis son indépendance en 1990.

«Merci pour votre confiance», a sobrement déclaré la nouvelle présidente, en robe longue de soie orangée, fines lunettes et chapeau assorti, affirmant qu'elle tiendrait ses engagements pris auprès des électeurs.

Pendant une campagne où elle s'est évertuée à faire rimer vieillesse et sagesse, elle a notamment promis la création en cinq ans de plus de 250'000 emplois, avertissant que «le monde de l'entreprise ne peut prospérer que si la politique est stable». Elle s'est aussi engagée à attirer des investissements «grâce à la diplomatie politique».

Fille d'un pasteur anglican, passée par la Russie lors de son exil dans les années 1970, la militante a fait ses classes au Komsomol, l'organisation de jeunesse du parti communiste soviétique.

Figure de la lutte pour l'indépendance, Mme Nandi-Ndaitwah porte des positions conservatrices, étant notamment partisane d'une législation stricte en matière d'avortement.

Son premier opposant, Panduleni Itula, arrive loin derrière avec seulement 25,50% des voix dans cette élection qui a connu une forte participation, mais aussi de nombreux cafouillages obligeant à prolonger le scrutin de plusieurs jours.

Le leader du principal parti d'opposition, les Patriotes indépendants pour le changement (IPC), avait ainsi annoncé dès le week-end dernier qu'il ne reconnaîtrait pas les résultats.

«Multiples irrégularités»

Les élections présidentielle et législatives du 27 novembre ont dû être prolongées à deux reprises en raison de problèmes logistiques et techniques, avec notamment une pénurie de bulletins de vote.

Le premier jour du vote, d'interminables files d'attente ont obligé certains électeurs à abandonner, après avoir attendu jusqu'à 12 heures.

Le pays, fier de sa paisibilité et de la solidité de sa démocratie, s'est largement déplacé avec une participation à plus de 76% des inscrits, selon la commission électorale.

M. Itula, ex-dentiste et avocat de 67 ans, a dénoncé des élections chaotiques qui ont fait l'objet, selon lui, de «multiples irrégularités».

Il a indiqué qu'il entendait faire «annuler» selon «les procédures prévues» ce scrutin, «quel que soit le résultat». «Nous ne pouvons qualifier ces élections de libres, équitables et légitimes», a-t-il dénoncé samedi.

L'organisation des avocats en droits humains d'Afrique australe, qui avait dépêché une mission d'observation, a rapporté «des retards délibérés dans l'arrivée des bulletins de vote».

Des cas de surchauffe des tablettes électroniques servant à vérifier les identités et les pénuries de bulletin dans de nombreux bureaux, ayant considérablement ralenti le scrutin, ont été soulignés par les missions d'observation de l'Union africaine (UA) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

L'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo), l'ex-mouvement d'inspiration marxiste du temps de la lutte contre l'occupation de l'Afrique du Sud de l'apartheid, a récemment vu sa popularité s'éroder sous le poids du chômage massif des jeunes, devenus une large part de l'électorat.

Pays inégalitaire

La Namibie, qui figure parmi les premiers fournisseurs mondiaux d'uranium, demeure, après l'Afrique du Sud, le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète, selon la Banque mondiale.

«L'abondante activité minière ne se traduit pas vraiment par une amélioration des infrastructures, ni par des opportunités d'emploi», observe l'analyste indépendante Marisa Lourenço, ce qui «alimente la frustration des jeunes». Quelque 46% des 18-34 ans étaient sans emploi en 2018, selon les derniers chiffres officiels.

ATS