Après le Brésil La Colombie exige un traitement «digne» pour les migrants expulsés

AFP

26.1.2025

A l'instar du Brésil, la Colombie a exigé dimanche des Etats-Unis qu'ils traitent avec «dignité» les migrants expulsés, tout en annonçant avoir refoulé des avions militaires américains en transportant.

Donald Trump avait promis pendant sa campagne de lancer «le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine», et la Maison Blanche s'est targuée cette semaine de l'arrestation de centaines de «migrants criminels illégaux» (archives).
Donald Trump avait promis pendant sa campagne de lancer «le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine», et la Maison Blanche s'est targuée cette semaine de l'arrestation de centaines de «migrants criminels illégaux» (archives).
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«Un migrant n'est pas un criminel et doit être traité avec la dignité qu'un être humain mérite. C'est pourquoi j'ai fait refouler les avions militaires américains qui transportaient des migrants colombiens», a écrit le président colombien de gauche, Gustavo Petro, sur le réseau X.

Il n'a pas précisé combien de vols en provenance des Etats-Unis devaient atterrir en Colombie, ni combien de migrants expulsés ils transportaient.

«Je ne peux pas faire en sorte que les migrants restent dans un pays qui ne veut pas d'eux, mais si ce pays les renvoie, cela doit être fait avec dignité et respect pour eux et pour notre pays», a encore dit M. Petro.

«Nous accueillerons nos ressortissants dans des avions civils, sans les traiter comme des criminels» a-t-il encore déclaré.

Une source à la présidence a assuré à l'AFP que les Etats-Unis n'avaient pas utilisé «la procédure régulière suivie dans ces cas entre les pays».

Il existe des «conditions d'expulsion que le gouvernement américain n'a pas respectées», a-t-elle ajouté.

Donald Trump avait promis pendant sa campagne de lancer «le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine», et la Maison Blanche s'est targuée cette semaine de l'arrestation de centaines de «migrants criminels illégaux», soulignant qu'ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c'était le cas précédemment.

Depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier, les États-Unis n'avaient pas expulsé de migrants en situation irrégulière vers la Colombie, mais cela a été le cas vers le Guatemala et le Brésil.

Le président Petro a également demandé aux plus de 15.000 ressortissants des Etats-Unis qui vivent en Colombie «de façon irrégulière», de régulariser leur situation.

Pied et poings liés

Les autorités américaines n'ont pas réagi aux déclarations de M. Petro, mais le responsable de la politique d'expulsions massive d'immigrés en situation irrégulière, Tom Homan, a déclaré, dans l'émission «This Week» de la chaîne ABC diffusée dimanche, que les migrants pourraient être expulsés vers un pays tiers si leurs pays d'origine refusaient de les accueillir.

Samedi, c'est Brasilia qui avait exigé des explications à Washington pour le «traitement dégradant» de migrants illégaux brésiliens expulsés par les Etats-Unis, à bord d'un vol arrivé vendredi à Manaus (nord du Brésil).

Selon le gouvernement brésilien, 88 Brésiliens se trouvaient dans l'avion.

«Dans l'avion, ils ne nous ont pas donné d'eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes», a déclaré à l'AFP Edgar Da Silva Moura, un informaticien de 31 ans, arrivé dans le vol après sept mois de détention aux Etats-Unis.

«Il faisait trop chaud, certains se sont évanouis», a-t-il ajouté.

Luis Antonio Rodrigues Santos, un travailleur indépendant de 21 ans, a raconté le «cauchemar» de certains expulsés souffrant de «problèmes respiratoires» qui ont passé «quatre heures sans climatisation» à cause de problèmes techniques, ajoutant qu'un réacteur «ne fonctionnait pas». «Les choses ont déjà changé (avec Trump), les migrants sont traités comme des criminels», a-t-il dit.

«Mépris flagrant des droits»

Selon la ministre brésilienne chargée des Droits humains, Macaé Evaristo, l'avion transportait également «des enfants autistes, ou souffrant d'un handicap, qui ont vécu des situations très graves».

Le ministère brésilien de la Justice a ordonné aux autorités américaines de «retirer immédiatement les menottes» lorsque l'avion a atterri à Manaus, dénonçant le «mépris flagrant des droits fondamentaux» de ses citoyens.

Les autorités brésiliennes ont rappelé que «la dignité de la personne humaine» est «l'un des piliers de l'État de droit démocratique» et relève de «valeurs non négociables».

Une source gouvernementale brésilienne avait souligné vendredi à l'AFP que cette expulsion n'avait «pas de relation directe» avec l'opération contre les clandestins lancée par la nouvelle administration Trump, mais s'inscrivait dans le cadre d'un accord bilatéral entre le Brésil et les États-Unis, de 2017.

© Agence France-Presse