France Il «flingue le président»: la macronie en colère contre Edouard Philippe

AFP

4.9.2024

Edouard Philippe a jeté un pavé dans la mare en confirmant sa candidature pour la prochaine élection présidentielle. Sa déclaration a suscité des critiques acerbes de la part de plusieurs figures de la majorité présidentielle.

Edouard Philippe a «confirmé» être prêt même en cas de présidentielle anticipée (archives).
Edouard Philippe a «confirmé» être prêt même en cas de présidentielle anticipée (archives).
IMAGO/IP3press

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«Ce n'est un mystère pour personne que je serai candidat à une élection à la présidence de la République quand il y en aura une, mais je ne suis pas du tout pressé». Ce n'est pas Edouard Philippe qui s'exprime mais Georges Pompidou, à Rome, en 1969. Et dès la parution de l'entretien au Point, dans lequel Edouard Philippe a confirmé sa candidature à «la prochaine présidentielle», la comparaison a fusé.

«Copier-coller d'Edouard Philippe, si, par hasard, le président devait se démettre ?», s'est interrogé le constitutionnaliste Dominique Rousseau. En 1969, Charles De Gaulle a démissionné trois mois plus tard... Edouard Philippe n'a d'ailleurs pas précisé qu'il n'était pas pressé. Interrogé, il «confirme» être prêt même en cas de présidentielle anticipée.

Il «flingue le président de la République en plein vol, au moment où le pays commence à se demander si Emmanuel Macron n’est pas le problème plus que la solution», observe le communicant Philippe Moreau-Chevrolet.

Une présidentielle anticipée ? «Je n'y crois pas. Et ça ne doit pas devenir une hypothèse. Mais c'est la théorie de Bruno Le Maire qui est persuadé qu'on est dans une crise de régime», explique une ministre démissionnaire.

Les oppositions n'ont pas manqué de s'y engouffrer. «Voir qu'un ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron imagine déjà une présidentielle anticipée, c'est dire à quel point il a confiance en ce qui va se passer et dans le président qui, autrefois, l'a nommé», a jugé le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

«On dirait les vieilles qui se lèvent dans le train»

Si, chez Horizons, domine la satisfaction, dans le reste de la macronie, c'est l'hallali. «L'élégance comme la reconnaissance devraient amener à plus de respect de l'institution présidentielle et de l'homme qui vous a permis d'agir et même d'exister sur le plan politique», a cinglé la ministre Rachida Dati, en postant sous ce message des photos d'Edouard Philippe et de Jean-Michel Blanquer, auteur d'un livre très critique contre le président.

«C'est un peu les rats qui quittent le navire», a fulminé l'ex-député MoDem Bruno Milliene. Tandis qu'un responsable du camp présidentiel transfère, goguenard, un commentaire trouvé sur les réseaux sociaux: 2027, «c'est dans trois ans. On dirait les vieilles qui se lèvent dans le train à Angers pour sortir à Paris»...

Ces critiques, les philippistes n'en ont cure. Indépendants financièrement, soudés derrière leur chef, ils tiennent leur rentrée les 11 et 12 septembre à Reims. L'ancien Premier ministre devrait y accorder une conférence de presse. Deux thèmes principaux sont au programme : comment construire une coalition à la Française, et la crise des finances publiques.

Dans le camp du président, rien n'était réglé, avant la dissolution, pour l'inévitable succession d'Emmanuel Macron. Au sein de son propre parti, l'attitude présidentielle a laissé des traces, Gabriel Attal s'est émancipé au point de s'emparer du groupe à l'Assemblée et de lorgner le parti et ses financements qui, même en baisse, permettraient d'alimenter une campagne présidentielle.

Discret jusqu'à l'annonce de son successeur, le Premier ministre démissionnaire n'a pas encore dévoilé ses intentions. Mais un intense programme de visites des fédérations Renaissance est déjà au programme. Qui préfigure d'une compétition interne avec la seule candidate déclarée, Élisabeth Borne, en vue du Congrès censé se tenir avant fin novembre.

Avant un départage, une primaire dans le camp présidentiel ? L'hypothèse n'a jamais été privilégiée. Un haut responsable d'Horizons se prépare plutôt à une «primaire d'opinion». Interrogé sur Gabriel Attal, il répond: «lorsque je compare les candidats putatifs avec celui que je soutiens, je ne me fais aucun souci. C'est une question de niveau, de mon point de vue».