Harris et Trump s'écharpent Débat musclé: «ils mangent des chats et des chiens», «tissu de mensonges»

ATS

11.9.2024 - 06:32

Kamala Harris et Donald Trump se sont durement affrontés mardi soir lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique, à moins de deux mois d'une élection présidentielle historique.

Harris VS Trump : Le résumé du premier débat

Harris VS Trump : Le résumé du premier débat

Kamala Harris et Donald Trump se sont durement affrontés mardi soir lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique, à moins de deux mois d'une élection présidentiel

11.09.2024

La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais retrouvés face-à-face, ont rapidement fait de ce débat à Philadelphie une foire d'empoigne sur l'économie, l'avortement ou encore l'immigration.

Assurant avoir «remis en ordre le bazar» laissé par Donald Trump, Kamala Harris a par exemple reproché à son adversaire de propager un «tissu de mensonges» sur l'avortement et «d'insulter» les Américaines.

Taxant sa rivale de «marxiste», celui-ci a au contraire accusé la vice-présidente d'avoir «copié» le programme de Joe Biden et de «détruire le tissu social de notre pays» en laissant «des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d'aliénés».

«Donald Trump nous a laissé le pire chômage depuis la Grande Dépression... la pire épidémie de santé publique depuis un siècle (et) la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession», a-t-elle déclaré, faisant référence à ses tentatives d'inverser le résultat de l'élection de 2020.

«J'ai pris une balle»

Sur scène, M. Trump, au ton de plus en plus agressif au fil du débat, est apparu l'air grave, le visage fermé, le regard braqué vers la caméra sans jamais regarder son adversaire.

En contraste, Mme Harris, a fréquemment tourné la tête vers son adversaire, avec une mine dubitative voire parfois moqueuse face à ses affirmations et l'a poussé dans ses retranchements.

La tension s'est installée dès le début, même si Mme Harris, vêtue d'un tailleur-pantalon sombre et M. Trump, arborant sa traditionnelle cravate rouge vif, ont échangé une poignée de main, sous les yeux de millions de téléspectateurs.

Une vaste majorité d'entre eux savent pour qui ils voteront le 5 novembre. Mais le scrutin s'annonçant très serré, la part d'indécis parmi eux constitue un enjeu crucial.

«J'ai sans doute pris une balle dans la tête à cause de ce qu'ils disent sur moi», a lancé M. Trump, faisant référence à la tentative d'assassinat l'ayant visé lors d'un meeting en juillet, dans ce même Etat de Pennsylvanie.

A un autre moment, Donald Trump a repris l'accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants haïtiens mangent «des chats et des chiens» dans une ville de l'Ohio (nord-est).

«A Springfield, (...) ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C'est ce qui se passe dans notre pays», a dit le candidat républicain.

Il s'est fait reprendre par les deux journalistes d'ABC, qui ont corrigé certaines de ses déclarations, ce que n'avaient pas fait leurs confrères de CNN en juin lors du débat entre Donald Trump et Joe Biden, lequel avait tourné au désastre pour le démocrate.

Les élections américaines de 2024

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

Patrick Semansky/AP/dpa

Les échanges ont été tendus sur la politique étrangère, ainsi quand la vice-présidente a assuré que le président russe Vladimir Poutine ne «ferait qu'une bouchée» de Donald Trump, qu'elle a décrit comme un dirigeant que les «dictateurs» sauraient «manipuler». «Si elle devient présidente, je crois qu'Israël n'existera plus d'ici deux ans», a pour sa part accusé l'ancien président.

Kamala Harris, 59 ans, et Donald Trump, 78 ans, parlaient sans public ni notes, avec leur micro coupé quand ce n'était pas leur tour de s'exprimer, selon des règles strictes destinées à empêcher les interruptions intempestives.

Déficit de notoriété

Chacun des débatteurs devait relever des défis difficiles, alors qu'ils sont au coude-à-coude dans les sondages. Kamala Harris devait présenter des mesures nouvelles, tout en expliquant pourquoi elle ne les a pas mises en oeuvre en près de quatre ans de vice-présidence. Elle devait aussi justifier quelques récentes volte-face, sur l'immigration ou la fracturation hydraulique.

Enfin et surtout, pour la démocrate, ce duel était une occasion unique de combler en partie son déficit de notoriété face à son tonitruant rival, elle dont la cote de popularité s'est stabilisée en septembre après une hausse remarquable en juillet/août.

Rompu aux joutes télévisées, Donald Trump devait lui montrer qu'il conserve toutes ses facultés mentales, alors que le retrait de Joe Biden l'a automatiquement fait passer en position de candidat âgé face à une démocrate plus jeune de deux décennies.

Ce débat en évoque forcément un autre, remontant seulement au 27 juin. Ce soir-là, le président Joe Biden, déjà fragilisé par les questionnements incessants sur ses 81 ans, avait sombré en direct face à Donald Trump, avec des propos confus.

Cela avait précipité le retrait spectaculaire de sa candidature, le 21 juillet. Depuis, Kamala Harris a relancé les espoirs démocrates.

«Tu as gagné le débat, mais...»

Est-ce dû à la performance de la démocrate? La superstar de la pop Taylor Swift, dont la prise de position était très attendue, a fait savoir à l'issue du duel qu'elle voterait Kamala Harris en novembre.

«Trump était très mauvais et Harris a largement gagné» a asséné le politologue Larry Sabato. «Cela ne va peut-être pas faire bouger beaucoup les sondages», a rappelé Julian Zelizer, professeur à l'université Princeton. «Mais elle l'a poussé vers le genre de discours illustrant le chaos qu'il a apporté sur la scène politique».

Donald Trump a jugé, sur sa plateforme Truth Social, qu'il avait livré «son meilleur débat», tandis que ses partisans ont remis en cause l'impartialité des deux journalistes de la chaîne ABC animant les échanges.

Kamala Harris, allant à la rencontre de ses soutiens dans la soirée, a averti: «nous avons beaucoup de travail». «Tu as gagné le débat. Mais nous n'avons encore rien gagné d'autre», a lancé son conjoint Doug Emhoff.

En quittant la scène, Donald Trump et Kamala Harris ne se sont, cette fois, pas serré la main.

Mercredi, tous deux commémoreront les attaques du 11 septembre 2001. Puis ils repartiront en campagne dans des Etats pivots: Caroline du Nord et Pennsylvanie pour elle, Arizona et Nevada pour lui.

ATS