«Eviter une escalade» Comment procède l'Otan pour intercepter des avions russes

ATS

23.12.2024 - 08:51

Fréquentes dans le ciel des pays baltes, les interceptions d'avions russes par les forces de l'Otan sont déclenchées pour observer ces appareils et éviter qu'ils n'entrent dans leur espace aérien.

Un avion de ligne civil passe devant l'antenne radar de l'avion militaire du système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS) de l'OTAN qui vient d'atterrir à l'aéroport militaire d'Otopeni (base aérienne n° 90), près de Bucarest, en Roumanie, le 17 janvier 2023. L'AWACS est utilisé par l'OTAN avec les avions adaptés pour la surveillance radar à longue portée.
Un avion de ligne civil passe devant l'antenne radar de l'avion militaire du système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS) de l'OTAN qui vient d'atterrir à l'aéroport militaire d'Otopeni (base aérienne n° 90), près de Bucarest, en Roumanie, le 17 janvier 2023. L'AWACS est utilisé par l'OTAN avec les avions adaptés pour la surveillance radar à longue portée.
KEYSTONE

Keystone-SDA

Près de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, les interceptions se passent correctement, l'accord tacite entre les adversaires voulant que tout le monde fasse attention pour empêcher l'escalade.

«Le contrôle va nous donner des caps et des attitudes à prendre pour être le plus discrets, venir le chercher et l'identifier au fur et à mesure», raconte au sujet des appareils russes le commandant Mathieu, le responsable du détachement français de la police du ciel de l'Otan, actuellement en mission sur la base de Siauliai, en Lituanie.

Ce sont toujours deux avions, des Rafale pour cette mission, qui décollent afin d'assurer la sauvegarde d'un avion en cas de comportement agressif de l'appareil intercepté. On arrive d'abord derrière l'appareil à identifier, à une distance de l'ordre du kilomètre. On peut alors définir quel type d'appareil on a en face (de transport, de chasse, etc.) ou s'il y en a plusieurs en formation serrée.

Le contrôle ordonne alors de se rapprocher, à environ 300 mètres et en espacement vertical, pour identifier les caractéristiques de l'appareil: est-il armé, possède-t-il des pods de reconnaissance etc.

On ne s'approchera pas à moins de 100 mètres de l'avion pour éviter qu'il ne se sente en danger. On gravite autour, passant à gauche, à droite, en dessous et au dessus. Ce qui permet de voir clairement s'il est armé et de prendre des photos. L'opération peut aller jusqu'à interrogation radio. Si l'appareil ne suit pas son plan de vol, c'est un élément suspicieux.

«Eviter une escalade»

«Si, quand on est en phase finale et on voit l'appareil venir vers nous, on va éviter l'interception et on va partir. Dans le cadre de la police du ciel de l'Otan, tout ce que l'on veut, c'est éviter une escalade», souligne le commandant Mathieu.

Une alerte est déclenchée pour diverses raisons, cependant, il existe trois exigences internationales en matière d'aviation: être en contact avec l'unité de contrôle du trafic aérien civile, déposer un plan de vol valide et envoyer un signal d'identification «ami ou ennemi» via un transpondeur. L'Otan déploie ses avions d'alerte de réaction rapide pour intercepter tout aéronef volant à proximité de, en direction de ou violant l'espace aérien de l'Alliance, souligne le commandement de l'armée de l'air de l'Otan interrogé par l'AFP.

Pour le commandant Mathieu, ces missions d'interception «gagnent en importance» face à la Russie qui peut à «tout moment dévier» du comportement «professionnel» d'aujourd'hui. «On est là pour maintenir le statu quo dans cette région» et rassurer les pays «qui ont peur et n'ont pas du tout envie de revenir sous le régime de la Russie».