Guerre Israël-Hamas Des combats meurtriers dans le plus grand complexe hospitalier de Gaza

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18.3.2024 - 18:48

L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi 20 combattants palestiniens et arrêté des dizaines d'autres lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé.

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Cette nouvelle opération contre l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza dans le nord du territoire palestinien assiégé a lieu alors que les inquiétudes s'amplifient face à la catastrophe humanitaire provoquée par plus de cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas et la menace de famine.

La bande de Gaza est devenue un «cimetière à ciel ouvert», a affirmé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que «la famine (était) utilisée comme arme de guerre».

L'ONG Oxfam a accusé elle Israël d'empêcher «délibérément» l'entrée de l'aide humanitaire dans le petit territoire, où selon l'ONU 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine.

«Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer», a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

Haut-gradés du Hamas visés

En lançant son opération avant l'aube contre le complexe hospitalier d'al-Chifa dans le quartier al-Rimal, l'armée israélienne a affirmé que «des terroristes haut-gradés du Hamas» s'y trouvaient.

L'armée a appelé les civils à évacuer le secteur, alors que selon le ministère de la Santé du Hamas, «des dizaines de milliers» de personnes se trouvent dans le complexe où vivent des personnes déplacées par la guerre.

Des combats accompagnés de bombardements aériens et à l'artillerie ont commencé autour et dans ce complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.

Selon des habitants, plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens sont entrés dans al-Rimal.

Des frappes aériennes ont visé plusieurs bâtiments aux abords de l'hôpital et des centaines de personnes, en majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées ont fui leur domicile, a constaté un correspondant de l'AFP.

«Terriblement préoccupée»

«Vingt terroristes ont été éliminés jusqu'ici à l'hôpital al-Chifa dans les affrontements et des dizaines de suspects interpellés sont interrogés», a indiqué l'armée, en affirmant avoir tué Fayq Al-Mabhouh, présenté comme un «responsable de la coordination d'activités terroristes du Hamas».

Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.

«Terriblement préoccupée» par les combats dans le complexe d'al-Chifa, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a noté que l'établissement «venait juste de reprendre un service minimum de soins».

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a aussitôt lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre qui lui a permis d'avancer du nord au sud du petit territoire côtier et a coûté la vie à 250 soldats. Les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu'à présent 31'726 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Négociations à Doha

Après des mois d'efforts infructueux des trois pays médiateurs – Etats-Unis, Qatar et Egypte – pour parvenir à une trêve, le chef des services de renseignement israéliens, le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens devraient se rencontrer lundi à Doha, selon une source proche des négociations.

Le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines pendant laquelle 42 otages seraient libérés en échange de 20 à 50 Palestiniens incarcérés par Israël.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, déterminé à poursuivre l'offensive jusqu'à l'élimination du Hamas, a indiqué qu'il n'accepterait pas un accord qui rend Israël «incapable de se défendre».

En dépit des pressions internationales, son armée continue les préparatifs en vue d'une opération terrestre à Rafah, une ville dans l'extrême sud du territoire, abritant selon l'ONU près de 1,5 million de Palestiniens la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

M. Netanyahu a dit dimanche qu'Israël ne lancerait pas une telle opération tant que la population serait «enfermée sur place».

Lors d'une conversation téléphonique lundi entre lui et Joe Biden, le président américain a discuté de «la situation à Rafah et des efforts pour augmenter l'aide humanitaire dans la bande de Gaza».

Situation alimentaire «catastrophique»

Israël a imposé un siège total à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire.

Cette aide arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population et parvient très difficilement jusque dans le nord, où vivent actuellement plus de 300'000 personnes selon l'ONU.

Un habitant sur deux dans le territoire, soit plus d'1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire «catastrophique», en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici mai en l'absence de mesures «urgentes», ont prévenu les agences spécialisées de l'ONU.

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays ont organisé des parachutages, devenus quotidiens, et ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.