Viols de MazanVenu à six reprises, un accusé se décrit en «zombie autoguidé»
AFP
6.11.2024
Romain V. a livré mercredi devant la cour criminelle de Vaucluse un récit confus et souvent contradictoire pour tenter d'expliquer pourquoi il s'était rendu six fois à Mazan pour y agresser sexuellement Gisèle Pelicot, réfutant tout «viol» à son encontre malgré des vidéos accablantes.
AFP
06.11.2024, 18:44
Marc Schaller
Cet homme de 63 ans, actuellement détenu, y a alternativement justifié sa présence entre décembre 2019 et 2020 par «peur» de Dominique Pelicot, par sa volonté de chercher «du lien social» ou en prétendant avoir agit comme «un zombie autoguidé».
«Je ne me pose aucune question, comme un zombie autoguidé. Je ne comprends même pas comment il (Dominique Pelicot, NLDR) a pu faire pour me faire venir six fois», a-t-il expliqué, suscitant la stupeur de la cour et notamment de son président, Roger Arata.
Ce dernier lui a demandé si à un moment il s'était soucié de requérir le consentement de la victime, ce à quoi l'accusé a répondu «avoir eu l'autorisation du mari», un argument déjà avancé par plusieurs des 51 hommes poursuivis dans cette affaire hors norme.
«Je pensais qu’elle était en semi-réveil, fatiguée»
«Je pensais qu’elle était en semi-réveil, fatiguée. On a des somnolences. Moi, avec mon traitement, j'ai des somnolences», a affirmé Romain V., faisant référence à sa santé précaire. Il est notamment séropositif depuis 2004 mais, sous traitement, dit «ne pas être contagieux», ce que confirme l'OMS à ce sujet. A aucune reprise cependant il n'a porté de préservatif.
«Vous avez eu le même ressenti à chaque fois ? Sérieusement ?», l'a relancé, incrédule, M. Arata. «Oui oui», a simplement répondu l'accusé.
Pour contredire ses justifications aléatoires, la partie civile a demandé la diffusion devant la cour de quatre vidéos parmi les dizaines retrouvées sur le disque dur de Dominique Pelicot où étaient méticuleusement référencés les actes commis. Sur celles-ci, on le voit pratiquer plusieurs actes sexuels sur Gisèle Pelicot qui, a aucun moment, ne réagit.
«Je m’excuse pour les faits qui me sont reprochés. Je regrette tout ce qu’il s’est passé. Je n’avais pas l'intention de violer madame. J'ai des regrets, beaucoup», a-t-il déclaré. Gisèle Pelicot n'écoute même pas ses paroles, préférant parler à sa psychologue assise à ses côtés.
Poursuivi pour viols aggravés, il risque comme la plupart des 51 accusés de ce procès 20 ans de réclusion criminelle.