France Sa prof lui demande de retirer son voile, elle refuse et la gifle

AFP

9.10.2024

Une lycéenne accusée d'avoir giflé lundi une enseignante qui lui demandait de retirer son voile qu'elle enfilait au moment de sortir de l'établissement à Tourcoing dans le nord de la France, sera jugée en décembre.

Selon les premières investigations, l'enseignante a demandé à l'élève «de retirer son voile religieux, avant d'essuyer des propos injurieux», selon le parquet.
Selon les premières investigations, l'enseignante a demandé à l'élève «de retirer son voile religieux, avant d'essuyer des propos injurieux», selon le parquet.
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Placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de reparaître près du lycée, la jeune femme de 18 ans n'a pas contesté avoir frappé l'enseignante, lors d'une audience de comparution immédiate mercredi.

«Je suis désolée des coups que j'ai pu mettre à cette professeur et j'espère que ça va bien se passer», a déclaré la jeune fille, veste noire sur T-shirt blanc, cheveux en chignon. Elle a contesté en revanche toute menace de mort, selon la magistrate qui présidait l'audience et qui lui a accordé un délai pour préparer sa défense.

«Plusieurs coups, menaces et bousculades»

L'élève doit être jugée pour violence et menace de mort sur une personne chargée de mission de service public. Son avocat Me Ossama Dahmane a souligné qu'elle n'avait aucun antécédent judiciaire et dénoncé «une procédure guidée par l'opinion publique».

«Le corps enseignant et bien d'autres corps professionnels sont toujours victimes de violences dès lors qu'on veut faire respecter une règle de droit, des principes», a déclaré au contraire Me Eric Cattelin-Denu, l'avocat de l'enseignante, absente à l'audience.

Selon les premières investigations, l'enseignante a demandé à l'élève «de retirer son voile religieux, avant d'essuyer des propos injurieux», selon le parquet.

L'enseignante s'est alors «opposée à sa sortie de l'établissement afin de recueillir son identité» et l'élève a alors porté «une gifle à l'enseignante, qui la lui rendait» et «s'ensuivaient plusieurs coups, menaces et bousculades» selon  la même source.

«Injustice»

La nouvelle ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet a dénoncé mardi un acte défiant l'"école laïque" et «la République» et prôné «des sanctions disciplinaires très fermes» contre l'élève.

Les représentants syndicaux des collègues de l'enseignante giflée lui ont apporté leur soutien dans un communiqué mais dénoncé aussi un «emballement incontrôlable et biaisé» des médias, réseaux sociaux et politiques.

Une poignée d'élèves se sont rassemblés devant le lycée à la mi-journée, dont une amie de la jeune fille qui a dénoncé une «injustice», en estimant «habituel» le fait de remettre un voile avant d'avoir complètement quitté l'établissement.

Les cours, suspendus mardi, ont également été annulés mercredi afin de permettre «un temps d'échange et de travail» pour le personnel du lycée, selon le rectorat.

En France, la loi restreint depuis 2004 le port à l'école de signes religieux ostensibles, ce qui inclut le voile islamique mais aussi la kippa ou le port de grandes croix.