Accusé d'agressions sexuellesPrédateur multimillionnaire : qui était Mohamed Al-Fayed?
AFP
20.9.2024
Décédé en 2023, l'homme d'affaires égyptien Mohamed Al-Fayed était connu pour son bagout, sa fortune, et la mort tragique de son fils Dodi avec la princesse Diana. S'y ajoutent désormais des dizaines d'accusations d'agressions sexuelles et de viols.
AFP
20.09.2024, 16:24
Marc Schaller
La brève liaison entre la princesse Diana et son fils Dodi durant l'été 1997 l'a fait connaître au monde entier: après leur mort tragique dans un accident de voiture à Paris, il accuse sans relâche et sans preuve la reine Elizabeth II et le prince Philip d'avoir commandité l'accident.
Un an après sa propre mort, cinq femmes ont accusé de viol l'ancien propriétaire du grand magasin londonien Harrods dans une enquête de la BBC, des dizaines d'autres d'agressions sexuelles, attouchements et baisers forcés.
Leurs avocats ont fait état vendredi de 37 victimes identifiées, «partout dans le monde». Une de ses accusatrices se dit toujours «pétrifiée» à son souvenir.
Mohamed Al-Fayed était «un monstre», a déclaré l'un de ces avocats, Dean Armstrong, lors d'une conférence de presse, faisant un parallèle avec Harvey Weinstein et Jeffrey Epstein aux Etats-Unis. Il a dénoncé un système en place à Harrods qui a couvert pendant des années ses agressions de jeunes employées qu'il choisissait lui-même dans le magasin. La plus jeune avait 15 ans.
Les agressions auraient eu lieu à Londres, Paris - où Al-Fayed avait acheté le Ritz en 1979 avec son frère Ali -, Saint-Tropez et Abou Dabi. Certaines victimes ont aussi mentionné l'hôtel particulier parisien Villa Windsor - ancienne résidence du duc de Windsor et de son épouse Wallis Simpson, restaurée à grands frais par Al-Fayed, ce qui lui avait valu la légion d'honneur.
Né le 27 janvier 1929 à Alexandrie, Mohamed Al-Fayed, décédé à 94 ans le 30 août 2023, avait construit durant sa vie une fortune estimée à deux milliards de dollars par le magazine Forbes.
Fils d'instituteur, il avait commencé dans la vie en vendant des sodas dans la rue avec ses frères, puis des machines à coudre.
Ambitieux, charismatique, généreux
Ambitieux, charismatique, il épouse en 1954 Samira Khashoggi, la soeur de l'homme d'affaires saoudien Adnan Khashoggi, qui le fait travailler dans une de ses entreprises d'exportation de meubles.
De ce mariage qui dure deux ans naît Emad el-Din, dit «Dodi».
Dans les années 1960, Al-Fayed est brièvement proche du président haïtien à vie François Duvalier.
L'émir du Qatar Rachid ben Saïd Al Maktoum lui demande de l'aider à transformer Dubaï. Al-Fayed fonde sa compagnie maritime. Il devient aussi en 1966 conseiller financier du sultan de Brunei.
Il construit sa fortune dans le transport maritime et l'immobilier principalement. Il s'installe à Londres dans les années 70, rajoute alors un «Al» à son nom.
Il est chaleureux, généreux avec les célébrités, a un sens aigu de la publicité. Même Michael Jackson fait le détour jusqu'à Harrods, racheté en 1985 par Al-Fayed en mentant sur ses ressources financières, et revendu en 2010.
En 1997, il achète le club de football Fulham FC à Londres.
Entre-temps, il s'est remarié en 1985 avec l'ancienne mannequin finlandaise Heini Wathen dont il a quatre enfants.
Il se rêve en Lord, essaie pendant des années d'obtenir la citoyenneté britannique.
Mais il est mêlé à de nombreuses affaires douteuses, et en dépit de ses efforts pour fréquenter et cajoler les puissants, il n'obtient ni l'un ni l'autre.
Il s'en venge dans les années 90 en affirmant avoir versé des pots-de-vin à deux députés conservateurs, contraints à la démission.
Les rumeurs sur son comportement envers certaines employées d'Harrods avaient commencé à circuler dans les années 90. Selon Tony Leeming, ancien cadre d'Harrods, «tout le monde était au courant».
La police avait été informée. Mais il n'y a a jamais eu de suite.
Mohamed Al-Fayed apparaît dans les cinquième et sixième saisons du célèbre feuilleton «The Crown», caractère manipulateur mais relativement sympathique, de quoi ulcérer certaines de ses accusatrices.
Après 35 ans en Grande-Bretagne, il s'était installé à Genève puis à partir de 2005 à Monaco.