Train de nuit Berlin - ParisL’expérience romantique devenue cauchemar
AFP
23.2.2024
Suspension des trajets du week-end pendant trois semaines, annulations le jour du départ: le train de nuit Berlin-Paris, relancé en décembre dernier après dix ans d'absence, connaît un démarrage compliqué malgré l'engouement des voyageurs.
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23.02.2024, 07:13
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Les chemins de fer autrichiens (ÖBB), exploitants des ‹Nightjet›, ont suspendu pour trois semaines jusqu'à la mi-mars les liaisons entre les deux capitales le vendredi et le samedi, a indiqué à l'AFP leur porte-parole Berhnard Rieder.
En cause: des travaux sur l'infrastructure ferroviaire en Allemagne. «Pendant ces nuits-là, nous ne pouvons pas faire rouler les trains car la Deutsche Bahn ne nous met pas de voies à disposition», a expliqué M. Rieder. Questionnée à ce sujet par l'AFP, la compagnie ferroviaire allemande n'a pas répondu.
Au moment du lancement en grande pompe, le 12 décembre dernier, trois liaisons par semaine étaient prévues avec départ les mardis, jeudis et samedis de Paris et les lundis, mercredis et vendredis de Berlin. Le service devait devenir quotidien à partir d'octobre 2024.
«C'est un symbole dont on a besoin en ce moment. C'est un symbole positif, écologique et européen», avait lancé Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, à l'époque lors du voyage inaugural. Outre cette suspension, les difficultés rencontrées sur cette ligne s'accumulent.
Grèves, travaux, déraillement
«Nous avons eu de nombreuses annulations dernièrement et nous le regrettons», a confirmé ÖBB par mail à l'AFP. «Les clients seront indemnisés conformément aux règles générales relatives aux droits des passagers et seront bien entendu remboursés», a-t-il ajouté.
Du côté de la SNCF, on invoque «une conjonction de raisons» avec les travaux sur le réseau mais aussi un «mouvement social des conducteurs en Allemagne». «Se sont ajoutées des perturbations temporaires liées au déraillement d’un train de fret en Grand Est», a indiqué le groupe ferroviaire français.
Ont ainsi été annulées des liaisons entre le 9 et le 11 février en raison de travaux à Mannheim, puis entre le 12 et le 16 après le déraillement du train près de Metz. Les grèves en France, puis à nouveau des travaux en Allemagne ont eu raison du trafic entre le 16 et le 20 février.
Un Franco-Alemand Jan Krewer, 33 ans, qui avait réservé une cabine pour lui et sa compagne au départ de Paris dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février, a témoigné de ces difficultés. Prix: 500 euros l'aller simple pour deux. «J'étais un enthousiaste du train de nuit Paris-Berlin et j'étais navré quand il s'était arrêté il y a dix ans», raconte-t-il à l'AFP.
Tarifs élevés
Le jour même du départ, il reçoit un SMS de ÖBB faisant part d'un problème technique et proposant un itinéraire alternatif avec changement à Mannheim (centre de l'Allemagne).
«L'expérience romantique» espérée par M. Krewer se transforme en cauchemar: ils arrivent à Mannheim à 22H30, errent dans la gare et les rues désertes de la ville rhénane jusqu'à 02H30 du matin avant de pouvoir prendre un train pour Berlin.
«Nous étions une centaine avec des familles et des enfants en bas âge, échoués. Aucune salle n'était ouverte pour nous recevoir, même les toilettes publiques étaient fermées pendant un moment», raconte-t-il. «Vu le prix, on s'attend à avoir un encadrement un peu plus conséquent», ajoute-t-il. Depuis, il a rempli un formulaire de plainte auprès de ÖBB mais attend toujours la réponse.
Selon Trainscanner, une plateforme de réservation de voyages en train en Europe, la compagnie autrichienne s'est d'ailleurs mise au «yield management» en 2024, soit l'adaptation du prix du billet en fonction de la demande.
«Certains tarifs peuvent varier du simple au double (...) en fonction de la demande, de la disponibilité et de la période», a écrit son fondateur Marc Sahuguet dans un poste publié sur LinkedIn.