«Inquiets», «en colère», «lassés» Une semaine après la censure, la France toujours dans l'attente d'un nouveau Premier ministre

AFP

11.12.2024

La France devrait avoir un nouveau Premier ministre jeudi, une semaine après un vote de censure historique à l'Assemblée nationale qui a renversé le gouvernement de centre droit et plongé le pays dans l'incertitude.

Cette attente, une semaine après la censure, laisse les Français inquiets (32%), «en colère» (30%) et lassés (24%), selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi.
Cette attente, une semaine après la censure, laisse les Français inquiets (32%), «en colère» (30%) et lassés (24%), selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi.
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AFP

La nomination du nouveau chef du gouvernement est attendue jeudi, a indiqué à l'AFP une source au sein de l'exécutif. Le président Emmanuel Macron se rend en Pologne, et la nomination interviendra «plutôt à son retour» en fin de journée, a précisé cette source.

Mardi, en marge d'une réunion à l'Elysée avec les chefs de partis, le président s'était engagé à nommer un nouveau chef du gouvernement «dans les 48 heures», selon son entourage.

Le nouveau Premier ministre devrait être chargé de négocier a minima un accord pour éviter une nouvelle censure et faire adopter un budget pour 2025. Avec un déficit cette année qui devrait dépasser les 6% du PIB, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par l'UE.

M. Macron avait à la surprise générale dissous l'Assemblée en juin, après la déroute de son camp aux européennes face à l'extrême droite. Mais les législatives anticipées ont abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite) sans majorité absolue.

«Non-censure»

Si le dirigeant centriste et allié de longue date du chef de l'Etat, François Bayrou, fait toujours partie des favoris, il ne fait pas l'unanimité, contesté notamment par une partie de la droite.

Si ce n'est pas François Bayrou, les noms des ministres démissionnaires de la Santé, Catherine Vautrin, et des Armées, Sébastien Lecornu circulent toujours dans le camp présidentiel.

Mercredi, François Bayrou le président du MoDem (centre-droit) semblait conserver sa place parmi les favoris pour le poste de Premier ministre.
Mercredi, François Bayrou le président du MoDem (centre-droit) semblait conserver sa place parmi les favoris pour le poste de Premier ministre.
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Une fois nommé, le nouveau chef du gouvernement devra négocier avec les partis une participation au gouvernement, ou leur soutien à certains textes dont le budget, ou encore, a minima, un accord de «non-censure». Ensuite seulement, il composera son équipe.

Mercredi, en Conseil des ministres, où un projet de «loi spéciale» sur le budget a été présenté pour éviter la paralysie, Emmanuel Macron a cependant constaté que le «socle» de partis qui soutenait le Premier ministre démissionnaire Michel Barnier - réunissant le camp présidentiel et la droite - n'avait pu «en l'état» être élargi.

La veille, il avait souligné «sa volonté de ne pas dissoudre» l'Assemblée nationale à nouveau d'ici 2027. Et avait relevé «une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national (extrême droite)».

La gauche réclame toujours que l'un des siens soit nommé à Matignon et s'est engagée à ne pas utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter des lois sans vote si, en échange, les opposants s'engagent à ne pas censurer.

«Un engagement ahurissant, un contournement de la Constitution», a réagi la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen, «pas mécontente» d'être mise à l'écart. A ce stade, les Français ne semblent pas lui en tenir rigueur: un sondage Ifop-Fiducial la crédite de plus de 35% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle.

«Inquiets», «en colère», «lassés»

Mercredi, François Bayrou le président du MoDem (centre-droit) semblait conserver sa place parmi les favoris pour le poste de Premier ministre. «Hier (mardi), à la fin de la réunion à l'Elysée, François Bayrou était d'un optimisme délirant, il était regonflé à bloc», note un participant.

Reste qu'une partie de la droite lui voue une hostilité certaine, l'ancien président Nicolas Sarkozy en tête.

Le socialiste Olivier Faure est également réticent, estimant que le maire de Pau (sud-ouest) incarnerait une «continuité» du macronisme. Il est cependant resté évasif sur l'attitude de son parti si M. Macron nommait le centriste.

De son côté, le chef de la gauche radicale a déjà lancé un procès en trahison: «Pas d'accord de coalition! Pas de +non-censure+. Revenez à la raison et à la maison!», a lancé le leader des Insoumis mardi soir.

«Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l'entend», a répondu Olivier Faure, accusant les Insoumis d'"affaiblir le collectif" par sa «politique de la chaise vide».

Cette attente, une semaine après la censure, laisse les Français inquiets (32%), «en colère» (30%) et lassés (24%), selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi. Une large majorité d'entre eux se déclarent favorable (69%) à un accord de non-censure, mais ils sont presque autant (67%) à ne pas croire en la capacité des partis à s'entendre.