Le gouvernement français a déclaré mercredi l'état de «calamité naturelle exceptionnelle» à Mayotte. Les secours continuent d'affluer sur cet archipel de l'océan Indien dévasté par le cyclone Chido, où le président Emmanuel Macron est attendu jeudi.
C'est la première fois qu'est activé ce tout nouveau dispositif, spécialement prévu pour les territoires ultramarins. Selon le ministère des Outre-mer, il permettra d'assurer «une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence» après le passage du cyclone.
D'une durée initiale d'un mois, le dispositif peut être renouvelé par périodes de deux mois, et «permet une plus grande réactivité aux autorités locales et nationales, tout en allégeant certaines procédures administratives», a indiqué le ministère dans un communiqué.
Paysage apocalyptique
La situation reste extrêmement difficile dans ce territoire français qui est aussi le département le plus pauvre du pays. Environ un tiers de la population y vit dans des logements précaires, dont la plupart ont été pulvérisés par le cyclone.
La catastrophe a laissé les Mahorais dans un paysage apocalyptique où ils manquent cruellement d'eau, de nourriture et d'abris. Mayotte a passé sa deuxième nuit sous couvre feu, une mesure destinée à assurer la sécurité et à prévenir les pillages.
Dans le chef-lieu Mamoudzou, les bulldozers se sont activés pour remettre en état l'héliport du centre hospitalier de Mayotte (CHM), durement touché mais qui continue de fonctionner. Un hôpital de campagne sera installé dans les prochains jours pour soulager cet établissement, endommagé et dont le personnel est «épuisé», selon le ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet.
Bilan incertain
Le bilan du passage du cyclone s'élève à 31 morts, selon un nouveau bilan provisoire dressé mercredi par les autorités françaises, ajoutant que 45 blessés ont été pris en charge en urgence absolue et 1373 en urgence relative. Mais les autorités redoutent «plusieurs centaines» de morts, peut-être même «quelques milliers».
Le ministère de l'intérieur a en effet reconnu que le décompte officiel «n'est pas en adéquation avec la réalité des 100'000 personnes qui vivent dans un habitat précaire», occupé en grande partie par des immigrés venant des Comores voisines.
Une mission de recherche va être mise en place pour réaliser ce décompte macabre, rendu d'autant plus délicat que les Comores sont une terre de forte tradition musulmane: selon les rites de l'islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite.
«Millions de litres d'eau»
«La tragédie de Mayotte est probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles», a écrit le Premier ministre français François Bayrou aux forces politiques.
Emmanuel Macron, attendu jeudi à Mayotte, va acheminer dans son avion «quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire ainsi que des membres de forces de secours qui resteront sur place», a annoncé la présidence française. Il se rendra au chevet des patients mais aussi des soignants du CHM, avant d'aller dans un «quartier détruit».
«Plus de 100 tonnes» d'eau et de nourriture seront distribuées mercredi, a assuré le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.
«On passe à la phase massive du soutien à Mayotte», a de son côté déclaré Patrice Latron, le préfet de La Réunion, d'où les autorités ont lancé un «pont maritime civil» qui doit démarrer dans la nuit avec le départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l'archipel meurtri. Parmi ce chargement, l'équivalent de «millions de litres d'eau».
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique.