Le procès des viols de Mazan en France, qui s'est achevé jeudi, a été exceptionnel par la gravité et le nombre de faits, par les dizaines d'accusés et la diversité de leurs profils, par les peines prononcées, ainsi que par sa durée et l'attention médiatique qu'il a suscitée.
200 viols sur dix ans, documentés par des milliers de vidéos
L'affaire a révélé au grand public le fléau de la soumission chimique. Dominique Pelicot, 72 ans aujourd'hui, retraité dans le Vaucluse, a en effet drogué sa femme aux anxiolytiques pendant une décennie entière afin de la violer pendant son sommeil, et la livrer à des hommes recrutés sur internet pour la violer à leur tour.
Si dans la plupart des affaires de viols c'est la parole des accusés contre celle des victimes, les enquêteurs ont cette fois pu s'appuyer sur des milliers de photos et vidéos stockées dans l'ordinateur de M. Pelicot. Ils ont pu ainsi documenter 200 viols, dont la moitié commis par Dominique Pelicot.
51 accusés, tous condamnés
Le procès se distingue aussi par le nombre d'accusés, 51, un record pour ce type de crimes. Ces cinquante et un hommes ont tous été reconnus coupables, pour des viols aggravés, tentatives de viol ou agressions sexuelles.
Les coaccusés de Dominique Pelicot l'avaient croisé sur le site de rencontres coco.fr (depuis fermé) et étaient venus au domicile du couple, à Mazan, au pied du mont Ventoux, pour certains à plusieurs reprises. Ils sont âgés de 27 à 74 ans et sont chômeurs, retraités, artisans, journaliste ou chef de chantier.
Plus de 420 ans de prison
En tout, ils ont été condamnés à plus de 420 ans de prison. La peine la plus lourde a été prononcée contre Dominique Pelicot, qui écope de vingt ans de réclusion, avec une peine de sureté sur les 2/3 du quantum. Les moins lourdes, trois ans dont deux avec sursis, a été prononcée contre deux accusés, pour «atteinte sexuelle en réunion».
3 mois et demi d'audiences
Ouvert le 2 septembre, le procès s'est refermé près de trois mois et demi après, le 19 décembre. Près de 70 jours d'audience donc, une durée équivalente au procès en Belgique de Marc Dutroux, jugé en 2004 pour les enlèvements et les viols de six fillettes et adolescentes et le meurtre de quatre d'entre elles.
Des centaines de militants et militantes
Dès le premier jour, des centaines de militants et militantes féministes ont encouragé Gisèle Pelicot, avec une haie d'honneur dans le tribunal, des messages sur des pancartes, des chants.
La septuagénaire a voulu jeudi, après le verdict, leur rendre hommage, exprimant sa «gratitude la plus profonde à toutes les personnes qui m'ont soutenue tout au long de cette épreuve. Vos témoignages m'ont bouleversée et j'y ai puisé la force de revenir chaque jour pour affronter ces longues journées d'audience».
180 médias accrédités
Signe d'un engouement sans précédent, y compris à l'étranger, 180 médias se sont accrédités pour suivre l'affaire des viols de Mazan, dont 86 médias étrangers. Plus encore que pour le procès des attentats du 13 novembre, que 141 médias avaient suivi. Jeudi après-midi, après l'annonce du verdict, le New York Times publiait en Une de son site web une photo de Gisèle Pelicot, tout sourire, avec ce titre: «The face of courage», le visage du courage.
Viols de Mazan: la victime "pense avoir tout dit"
"Je pense avoir dit tout ce que je pouvais dire" au tribunal, a estimé jeudi Gisèle Pélicot, après avoir témoigné à la barre dans le procès de son époux et de dizaines d'hommes accusés de l'avoir violée alors qu'elle avait été droguée aux somnifères.
09.09.2024