«Une embrouille qui finit mal» Drame des Charmilles: la défense plaide le meurtre par dol éventuel

za, ats

19.9.2024 - 15:30

La défense du meurtrier présumé dans le drame des Charmilles a livré une autre lecture des faits jeudi devant le Tribunal criminel de Genève. Au quatrième jour du procès, elle a plaidé le meurtre par dol éventuel. Son client est accusé d'assassinat et de tentative d'assassinat.

«C'est une embrouille qui finit mal», a déclaré Robert Assaël, codéfenseur avec Yaël Hayat, du jeune de 23 ans qui a tué d'un coup de cran d'arrêt au coeur un Portugais de 22 ans dans un parking souterrain le 19 janvier 2019. (archives).
«C'est une embrouille qui finit mal», a déclaré Robert Assaël, codéfenseur avec Yaël Hayat, du jeune de 23 ans qui a tué d'un coup de cran d'arrêt au coeur un Portugais de 22 ans dans un parking souterrain le 19 janvier 2019. (archives).
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«C'est une embrouille qui finit mal», a déclaré Robert Assaël, codéfenseur avec Yaël Hayat, du jeune de 23 ans qui a tué d'un coup de cran d'arrêt au coeur un Portugais de 22 ans dans un parking souterrain le 19 janvier 2019, au petit matin. Selon lui, son client a commis un «acte impulsif» après avoir été attaqué par un des cinq jeunes qui rentraient, eux aussi, d'une soirée.

Tout commence lorsqu'un de ses deux amis, qui se tiennent également sur le banc des accusés, apostrophe le groupe. Le jeune, qui recevra un coup de couteau au bras, donne un coup de pied puis de poing au principal prévenu. Celui-ci le blesse en retour et, dans la bagarre, poignarde à mort un autre jeune, a décrit Me Assaël, rappelant que son client «a toujours reconnu avoir porté les coups».

«Evolution positive»

Plaidant le meurtre par dol éventuel, la légitime défense excessive et les lésions corporelles simples, l'avocat considère que son client n'a pas voulu empêcher les amis de la victime d'alerter les secours. De manière «irrationnelle», il voulait qu'ils partent. Il était en colère contre lui-même, car il avait commis un nouvel acte grave, après avoir agressé deux trentenaires à St-Jean deux ans plus tôt, a-t-il expliqué.

S'il a admet la violation de la loi fédérale sur les armes, Me Assaël a demandé à la cour d'acquitter son client des accusations de tentative d'assassinat et de menaces, notamment. Au début de sa plaidoirie, il a souligné que le jugement a lieu cinq ans après le drame. Une situation rare mais qui permet de constater «son évolution positive, sa volonté de comprendre un acte irréparable.»

«Dernier recours»

Me Hayat est revenue sur la personnalité et le parcours de ce jeune qui a commis des crimes graves dès ses 16 ans. «Il n'y avait aucune prédisposition chez ce garçon avant le dérèglement à l'adolescence», et le basculement dans la violence, a-t-elle relevé. Un expert psychiatrique avait préconisé son éloignement de sa famille et de ses amis après le crime de St-Jean. En vain.

Opposée à l'internement requis par le Ministère public, l'avocate a rappelé que «c'est le dernier recours, quand le traitement n'a aucune chance.» Or son client, qui a tué à 18 ans, suit une thérapie qu'il doit pouvoir poursuivre. «Le verdict doit préserver et encourager l'évolution psychique», a-t-elle insisté. Selon elle, une peine de prison de treize ans s'impose, au vu de l'absence de préméditation.

Les avocats des sept parties plaignantes n'ont pas manqué de réagir à cette version des faits, soulignant l'agressivité du prévenu. Celui-ci s'est levé à la fin de l'audience pour, une nouvelle fois, demander pardon à la famille du défunt. «Dans leur voix, je ressens une peine sans fin. Mes excuses ne vont rien changer», a-t-il dit. Le verdict sera rendu mercredi, en fin de journée.

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