Sécurité renforcéeAmsterdam sous le choc après les violences de jeudi soir
ATS
10.11.2024 - 07:49
Deux jours après les violences en marge du match de football opposant l'Ajax d'Amsterdam à Maccabi Tel-Aviv qui ont suscité des condamnations internationales, la capitale néerlandaise et ses habitants juifs étaient encore sous le choc.
10.11.2024, 07:49
ATS
Dans le Jodenbuurt, quartier juif d'Amsterdam, des agents de police tiennent la garde près de la synagogue portugaise et du musée historique juif.
Alors que la communauté se fait discrète ce samedi, un juif amstellodamois, tenant un stand de t-shirts au marché du quartier, a confié à l'AFP se sentir très mal depuis les violences de jeudi soir.
«Je ressens la honte que tout Amstellodamois doit ressentir, parce qu'encore une fois, comme si l'histoire se répétait, des juifs sont attaqués simplement parce qu'ils sont juifs,» déplore l'homme de 58 ans qui a préféré garder l'anonymat pour sa propre sécurité.
Des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été violemment pris à partie par des groupes d'individus dans les rues de la ville dans la nuit de jeudi à vendredi après le match de la Ligue Europa, dans un contexte marqué par la montée des actes antisémites et anti-israéliens dans le monde depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre 2023.
La police a fait état de cinq personnes brièvement hospitalisées et de 63 arrestations, et Israël a organisé des vols d'urgence pour rapatrier ses citoyens.
«Je suis totalement opposée à ce qu'Israël fait dans la bande de Gaza et je pense que c'est horrible et que cela dépasse les limites. Mais ce qui s'est passé à Amsterdam est allé trop loin», s'indigne Edit Tuboly, une femme de 61 ans interrogée dans les allées du marché, les bras chargés de sacs.
Dès mercredi soir, la veille de ce match de la Ligue Europa, des incidents avaient eu lieu dans certains quartiers, des supporters du Maccabi ayant arraché un drapeau palestinien d'une façade du centre-ville et brûlé un autre drapeau sur la place du Dam.
Le gouvernement néerlandais ainsi que la mairie ont fermement condamné les attaques, les qualifiant d'antisémites. De nombreux dirigeants étrangers, dont l'Américain Joe Biden, les ont également dénoncées.
Amsterdam, «lieu sûr»
Originaire d'Israël et vivant à Amsterdam depuis 34 ans, le commerçant du marché a lui-même assisté, avec un ami, au match qui s'est terminé par une victoire de l'Ajax 5-0.
«Même s'il y a une place pour les critiques sur le côté d'Israël dans ce conflit [à Gaza], ce n'est bien sûr pas la façon de l'exprimer en attaquant des personnes innocentes juste parce qu'elles viennent de quelque part», déplore-t-il.
Selon le commerçant, l'ambiance du match était «fantastique» entre les deux groupes de supporters. Néanmoins, il a déclaré connaître un ami qui a été agressé avec son fils de 17 ans après le match.
La capitale néerlandaise, surnommée «Mokum» ou «lieu sûr» en yiddish, est historiquement considérée comme un refuge pour la communauté juive. A l'exception de la période de la Seconde Guerre mondiale, la figure d'Anne Frank demeurant un symbole de la déportation de personnes juives.
«Nous pensions jusqu'à présent qu'Amsterdam et les Pays-Bas étaient épargnés par cette violence extrême à l'encontre des Juifs,» explique le commerçant, visiblement ému.
Commémorations annulées
«Amsterdam devrait avoir honte du pogrom perpétré le soir de la commémoration de la Nuit de Cristal,» a déclaré le collectif d'organisations juives néerlandaises Centraal Joods Overleg, dans un communiqué publié vendredi.
Joana Cavaco, 28 ans, présidente du collectif juif antisioniste Erev Rav, créé il y a deux ans aux Pays-Bas, estime quant à elle qu'il est «inquiétant de voir que l'on parle de la sécurité des Juifs sans voir ce qui se passe sur le terrain».
Selon Mme Cavaco, les supporters du Maccabi ont senti avoir «carte blanche» et ont démarré les provocations dès leur arrivée.
«Nous ne nous sentons pas en sécurité parce qu'Israël dicte la façon dont le monde nous perçoit,» a-t-elle déclaré à l'AFP.
Une soirée de commémoration de la Nuit de Cristal à Amsterdam, à laquelle Erev Rav allait participer, a été annulée, et la maire d'Amsterdam Femke Halsema a interdit vendredi toute manifestation pour trois jours.