France 20 ans de prison pour une grand-mère qui avait voulu tuer ses petits-enfants

AFP

3.10.2024

Une sexagénaire, jugée depuis lundi pour avoir tenté d'assassiner ses deux-petits enfants et son compagnon dans l'incendie volontaire d'une maison à Habas (Landes), a été condamnée jeudi soir à 20 ans de prison par la cour d'assises de Mont-de-Marsan.

La grand-mère est «narcissique», «manipulatrice», obsédée par le «contrôle» et a une «tendance à la théâtralisation», selon quatre experts psychiatres (illustration).
La grand-mère est «narcissique», «manipulatrice», obsédée par le «contrôle» et a une «tendance à la théâtralisation», selon quatre experts psychiatres (illustration).
Keystone

AFP

Cette peine a été notamment assortie d'un suivi socio-judiciaire de 5 ans avec obligation de soins et de l'interdiction d'entrer en contact avec les trois victimes.

Dans la nuit du 14 au 15 avril 2021, Marie-France Lacazedieu, 63 ans, avait administré à ses deux petits-enfants qu'elle gardait au domicile de son compagnon, et à celui-ci, des calmants mélangés à la soupe du dîner, avant de mettre le feu au pavillon. Les trois victimes, ainsi que l’accusée, intoxiquées, avaient pu être sauvées in extremis grâce au système de télésurveillance installé dans la maison.

«Trois départs de feu distincts»

Alors même que l'électricité avait été coupée, la batterie de secours de l'appareil avait permis d'alerter un agent de la société de télésurveillance qui avait tenté d'appeler sans succès le compagnon de l'accusée - déjà inconscient - puis son entourage. Sur la base d'images, l'entreprise avait prévenu la préfecture, laquelle avait ensuite déclenché l'intervention des pompiers.

Dans la motivation de son verdict, la cour a ainsi retenu de la «préméditation» soutenue par l'accusation. «Il y a eu l'achat de Temesta, un calmant prescrit par un médecin qui n'était pas le sien deux jours avant les faits, il y a bien eu trois départs de feu distincts, il y a eu recours à des accélérateurs de feu, et, c'est effroyable, au cas où les deux bidons d'essence répandus partout dans la maison ne suffisent pas, elle est allée verser la bouteille de Martini par terre», a égrené Jean-François Dobeli, lors du réquisitoire.

«Il y a eu le déraillement total dans ma tête»

Les médicaments, l'électricité coupée, le scotch collé sur le détecteur de fumée, tout cela «je l'ai fait mais je ne me vois pas le faire», a assuré plus tôt, dans la matinée, l'accusée, frêle silhouette et cheveux gris relevés en un chignon impeccable.

Au sujet de ses deux petits-enfants, âgés de dix et douze ans à l'époque, Marie-France Lacazedieu a fondu en larmes: «Je n'ai pas voulu les tuer. Il y a eu le déraillement total dans ma tête», a assuré cette grand-mère au profil «narcissique», «manipulateur», obsédé par le «contrôle», avec «tendance à la théâtralisation», selon quatre experts psychiatres.

Seule victime présente au procès, l'ex-compagnon, amputé à la jambe et «retrouvé comme un chien», «à même le sol» par les secours, avait ainsi raconté l'emprise exercée par l'accusée, jusqu'à être coupé de ses enfants.

Cette nuit-là, l’accusée avait aussi viré la somme de 9.000 euros vers le compte de sa fille aînée, et mère des deux enfants retrouvés gisant inconscients sur leur lit.

«Ce petit bout de femme de 40 kilos ressemble à celles que nous avons dans nos familles(... Elle) n’est pas un monstre, pas une veuve noire, pas une ogresse», a cependant plaidé son conseil Me Thierry Sagardoytho, rétorquant à l'avocat de l'ex-conjoint qui avait qualifié l'accusée de «diablesse d'Habas».