Communication défaillante? «Une petite phrase aurait suffi» pour sauver Credit Suisse

syde, ats

21.3.2023 - 06:09

Une panique bancaire ne peut être arrêtée que par un coup d'éclat de la communication, estime un expert étudiant l'influence des facteurs psychologiques sur les places financières. Il critique la stratégie de communication dans la crise ayant emporté Credit Suisse. 

CS: manifestation à Zurich contre une forme d'«arnaque»

CS: manifestation à Zurich contre une forme d'«arnaque»

Après la reprise de Credit Suisse par UBS, plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi soir sur la Paradeplatz à Zurich. Les Jeunes socialistes et d'autres organisations et partis avaient appelé à protester contre une forme d'«arnaque»». Il est scandaleux que la grande banque se soit enrichie pendant des années et que la collectivité doive maintenant payer. L'établissement a distribué des milliards en bonus et en dividendes, relèvent les organisateurs dans l'appel à manifester. Ils dénoncent des «profits privés et des pertes pour l'Etat».

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Les autorités suisses ont communiqué la semaine dernière de manière «beaucoup trop spécifique», remarque le professeur d'économie à l'université de Bonn, Thorsten Hens, dans un entretien diffusé mardi par la Neue Zuercher Zeitung. L'aide sous forme de liquidités de la Banque nationale suisse n'a de loin pas suffi, ajoute-t-il.

«Un membre du Conseil fédéral ou le président de la Banque nationale suisse aurait dû se lever et dire: Credit Suisse est trop grand pour faire faillite. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver [la banque]. Les dépôts sont en sécurité», souligne le professeur allemand

Une petite phrase aurait suffi, comme l'avait fait Mario Draghi en 2012, pendant la crise de l'euro, précise M. Hens. L'ancien président de la Banque centrale européenne «avait alors déclaré que la BCE ferait tout pour endiguer la crise, 'whatever it takes'. Cela a fonctionné. On parle aujourd'hui de 'l'effet Draghi'».

Réglementation pas à la hauteur

L'expert critique également la loi élaborée après la crise de 2008. «Lorsque le Conseil fédéral et le Parlement ont conçu la loi 'too big to fail', ils ont complètement sous-estimé le fait que les clients et les investisseurs ne seraient pas attentifs aux subtilités juridiques pendant une panique bancaire».

La nouvelle réglementation a bien prévu qu'en cas d'effondrement d'une banque, les autorités sauveraient les activités suisses d'importance systémique et liquideraient ou vendraient la partie internationale, «mais le client d'une banque qui a un compte en Suisse ne fait pas de telles différenciations subtiles. Il retire son argent», constate le professeur.

Selon lui, le Conseil fédéral et le Parlement n'ont pas compris la psychologie des marchés lors de la conception de la loi. «C'était une erreur de supposer que les marchés étaient rationnels en temps de crise».

syde, ats