«La grande distribution nous carotte» Un «contre-marché» pour dénoncer les marges de Coop et Migros

mabr, ats

10.6.2023 - 14:09

Des militants du collectif «Grondements des Terres» ont tenu un «contre-marché» samedi matin devant le magasin Coop de la place Saint-Laurent à Lausanne. Ils ont symboliquement vendu des légumes pour protester contre les marges pratiquées par les grands distributeurs.

Déguisés en carotte, des militants du collectif "Grondements des terres", ont distribué des tracts aux passants pour protester contre les marges pratiquées par Coop et Migros.
Déguisés en carotte, des militants du collectif "Grondements des terres", ont distribué des tracts aux passants pour protester contre les marges pratiquées par Coop et Migros.
ATS

Keystone-SDA, mabr, ats

Baptisée «Des carottes, pas des marges», l'action surprise a rassemblé une dizaine de militants, dont certains déguisés en carotte, a constaté Keystone-ATS. Derrière un stand proposant carottes et fenouils et arborant une banderole «La grande distribution nous carotte», les activistes ont distribué des tracts.

Des pancartes informaient en outre sur les coûts de production, les prix payés aux producteurs et ceux de vente en magasin. «Nous sommes extrêmement inquiets pour le futur de l'agriculture. Le rôle joué par la grande distribution est particulièrement important et néfaste», a expliqué Kera, membre de «Grondements des Terres» à Keystone-ATS.

«En Suisse, avec Coop et Migros, nous faisons face à un duopole qui exerce un pouvoir énorme tant sur les productrices et producteurs que sur les consommatrices et consommateurs.»

Opacité dénoncée

L'action avait pour but de «faire comprendre à Coop et Migros que nous n'en pouvons plus de leur business et des marges financières qu'ils se font sur le dos des paysans et des paysannes», ont souligné les militants dans un communiqué publié en marge de l'action.

Ainsi, le prix total moyen des carottes se compose de 28% de coûts de production et 72% de marge, ont-ils argumenté, citant des chiffres publiés par la Fédération romande des consommateurs (FRC) en 2021 et 2022. Des marges «encore plus élevées» sont pratiquées sur les produits bio, déplorent-ils.

Le collectif pointe également du doigt l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), accusé de contribuer à l'opacité du système en «[choisissant] délibérément de ne pas surveiller les deux géants oranges». Pourtant, légalement, «l'OFAG serait obligé de relever périodiquement les prix des produits agricoles aux différents échelons commerciaux», soulignent les activistes.

Observatoire des marges

«Dans la pratique, les seules données accessibles sont les prix à la consommation. Aucune information n'est fournie sur les coûts de transformation, de transport et de distribution. Et ce n'est que pour certaines filières bien organisées (par exemple les patates ou les œufs) que des chiffres relatifs au prix de production sont mis à disposition par l'OFAG», explique encore le mouvement.

Pour faire changer la donne, «Grondements des Terres» réclame entre autres la mise sur pied d'un observatoire fédéral des marges sur les prix, ainsi qu'un relevé périodique des prix agricoles. Le mouvement demande aussi une communication claire sur les coûts de la part de tous les distributeurs, et des «limites aux sur-marges du bio».