Interview Joaquin Phoenix: «Je ne suis pas sûr de savoir ce qui est réel...»

Le film «Joker» en images

«Put on a happy face»: Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) doit toujours se rappeler de sourire.

Photo: Keystone

Et quand il n’y arrive pas, il a besoin d’un petit coup de main.

Photo: Keystone

Arthur veut devenir humoriste, mais ses blagues ne font pas rire le public.

Photo: Keystone

Pendant le drame, un Joaquin Phoenix amaigri danse encore et encore de façon inquiétante.

Photo: Keystone

Murray Franklin (Robert De Niro) invite Arthur à son émission après l’échec de ses spectacles comiques.

Photo: Warner Bros.

Sophie Dumond (Zazie Beetz) comprend les problèmes d’Arthur vis-à-vis de la société.

Photo: Warner Bros.

Le réalisateur Todd Phillips s’est aventuré dans un nouveau genre après le succès au box-office de sa trilogie «Very Bad Trip».

Photo: Keystone

Joaquin Phoenix (à droite) avec ses partenaires à l’écran, Robert De Niro, qui incarne un animateur, et Zazie Beetz, qui incarne son amie.

Photo: Keystone

Le film «Joker» en images

«Put on a happy face»: Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) doit toujours se rappeler de sourire.

Photo: Keystone

Et quand il n’y arrive pas, il a besoin d’un petit coup de main.

Photo: Keystone

Arthur veut devenir humoriste, mais ses blagues ne font pas rire le public.

Photo: Keystone

Pendant le drame, un Joaquin Phoenix amaigri danse encore et encore de façon inquiétante.

Photo: Keystone

Murray Franklin (Robert De Niro) invite Arthur à son émission après l’échec de ses spectacles comiques.

Photo: Warner Bros.

Sophie Dumond (Zazie Beetz) comprend les problèmes d’Arthur vis-à-vis de la société.

Photo: Warner Bros.

Le réalisateur Todd Phillips s’est aventuré dans un nouveau genre après le succès au box-office de sa trilogie «Very Bad Trip».

Photo: Keystone

Joaquin Phoenix (à droite) avec ses partenaires à l’écran, Robert De Niro, qui incarne un animateur, et Zazie Beetz, qui incarne son amie.

Photo: Keystone

Les critiques et le public sont unanimes: dans «Joker», Joaquin Phoenix nous livre une prestation magistrale. Pendant notre interview pour Bluewin, l'acteur explique comment il s’est glissé dans la peau de ce personnage complexe derrière le masque de clown, ce qu’il déteste chez lui et pourquoi il estime devoir sa carrière à son défunt frère River.

Jack Nicholson a été nominé aux Golden Globes pour son rôle de Joker, et Heath Ledger a obtenu un Oscar à titre posthume pour sa performance. Ces deux interprétations ont-elles influencé la vôtre?

Non, j’ai vu les deux films à leur sortie au cinéma, mais pas depuis. Nous voulions faire notre propre film, sans lien avec les interprétations précédentes ni les bandes dessinées. Et j’ai essayé d’ancrer le personnage le mieux possible dans la réalité.

Comment votre métamorphose s’est-elle déroulée?

Le point de départ a été le rire. Le réalisateur Todd Phillips m’a montré des vidéos de personnes qui faisaient des crises de rire incontrôlables, avant même que je ne lise un scénario. Le processus a débuté quatre mois avant le début du tournage, et deux mois avant, j’ai également commencé à me pencher sur les mouvements avec l’aide d’un chorégraphe. En temps normal, je n’aime pas échanger mes idées avec qui que ce soit d’autre que le réalisateur au travail, mais Michael Arnold m’a vraiment initié au vocabulaire de la danse et du mouvement. Nous tournions déjà depuis sept semaines lorsque je me suis maquillé pour la première fois. Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, mais tout cela a donné vie au Joker.

Vous avez perdu 23 kilos pour le rôle. Comment cela vous a-t-il affecté?

Cela affecte les mouvements. On se sent plus léger et, d’une certaine manière, plus fort, parce qu’on a le contrôle sur son corps et on est maître de ses impulsions. D’un autre côté, je me sentais aussi plus faible physiquement: j’ai perdu de la masse musculaire et j’étais plus vulnérable aux blessures. Ce sont des éléments sur lesquels on a un contrôle. Et c’est finalement ça, ce dont j’ai besoin: quelque chose de visible pour le personnage. Tout ne doit pas venir de l’imagination ou se baser sur des recherches. Une partie doit aussi venir de l’expérimentation.

Quelle est la première chose que vous avez mangée après votre régime?
Je ne m’en souviens pas. C’était probablement à l’aéroport. Pendant un moment avant le régime, je mangeais simplement ce dont j’avais envie, comme j’allais devoir renoncer à beaucoup de choses ensuite. Lorsque j’ai commencé mon régime, j’ai pris quatre kilos, c’est fou!

Quand avez-vous su que vous maîtrisiez Arthur et le Joker?

A ce jour, je n’ai toujours pas ce sentiment. Chaque fois que j’avais l’impression de comprendre sa motivation, ce sentiment se dissipait toujours d’une façon ou d’une autre. Mais il y avait aussi quelque chose d’excitant à ne pas comprendre sa motivation. Et d’ailleurs, je ne suis pas non plus sûr de savoir à 100% ce qui est réel dans le film et ce qui ne l’est pas.

Cela n’est pas forcément mauvais…

Non, et j’aime ça, même. Peut-être que je ne voulais pas vraiment la connaître… (il réfléchit) Non, ce n’est pas vrai. En tant qu’acteur, cela fait partie de mon travail de comprendre la motivation. Mais nous ne nous comprenons pas toujours nous-mêmes non plus. La psychologie humaine est très complexe.

Vous arrive-t-il souvent de ne pas comprendre un personnage?

Je n’ai pas toujours besoin d’avoir toutes les réponses, mais cela n’a jamais été aussi radical que pour ce rôle.

Arthur est exclu de la société. Vous avez grandi dans une famille hippie. Vous êtes-vous déjà senti mis à l’écart?

Non, je ne me suis jamais senti mis à l’écart. Et décrit comme cela, Arthur pourrait presque sembler sympathique. Je le comprends et je compatis aussi pour lui, mais je le trouve aussi atroce. Après tout, on a aussi une responsabilité. Dès le début, il n’est pas innocent: c’est un narcissique typique. Il veut être entendu et adoré. Je trouve cela détestable et je ne pense pas que tout se serait bien passé si les gens l’avaient seulement mieux traité.

Pendant le tournage, comment cela se passait-il avec les gens autour de vous, votre famille, votre fiancée Rooney Mara?

J’étais assez isolé, car vous ne pouvez pas imaginer à quel point manger et boire font partie de l’environnement social. Et je ne pouvais y participer. Honnêtement, je ne me mêle pas aux gens pendant les tournages en général. L’équipe de tournage devient mon environnement social et le film ma vie. Mais c’est pareil pour d’autres aussi. Mes amis acteurs ne parlent de rien d’autre lorsqu’ils travaillent. C’est pénible pour les gens qui ne sont pas impliqués dans le projet. Je ne veux imposer cela à personne.

Arthur/Joker est très proche de sa mère. Comment votre mère a-t-elle influencé votre vie?

Ma mère est probablement la personne qui m’a le plus influencé et inspiré dans ma vie. C’est vraiment une femme incroyable: pendant que je m’amuse dans les festivals de films et que je change le monde (rires), elle le fait vraiment en Europe de l’Est avec son ONG qui porte le nom de mon frère. Le «River Phoenix Center for Peace Building» enseigne notamment la communication non violente et la justice réparatrice (alternative à la prison). Elle a 75 ans, a consacré sa vie à cette organisation, et a fait bouger les choses.

Votre frère River Phoenix, aujourd’hui décédé, vous a un jour fait voir le film «Raging Bull» et vous a convaincu de ne pas abandonner le cinéma. Pourquoi doutiez-vous de votre avenir à Hollywood à l’époque?

J’avais arrêté de jouer pendant un certain temps à l’époque. Les rôles proposés n’étaient pas très inspirants. Il n’y avait pas beaucoup de matière pour les adolescents. Je ne voulais pas faire de films pour enfants. Mais il a dit «maintenant, tu t’y mets», et m’a prédit un bel avenir. Ma mère et moi, on s’est regardés, on ne savait pas d’où il tirait cela. Mais je me souviens que cela m’a donné la confiance nécessaire pour continuer.

Le film «Joker» est actuellement en salles.

Ces acteurs ont incarné Jésus

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Ces acteurs ont incarné Jésus

Que ce soit en tant que personnage principal ou secondaire, dans des superproductions ou dans des comédies, Jésus Christ revient régulièrement à l'écran, comme actuellement dans «Marie Madeleine». Joaquin Phoenix intègre ainsi la longue liste des acteurs qui ont incarné le Messie au cinéma. Voici les fils de Dieu les plus célèbres.

Photo: Universal Pictures

Il n'y a pas si longtemps, Ewan McGregor nous avait épatés en incarnant Jésus au cinéma: c'était en 2015, dans «Last Days in the Desert». Alors, quelle impression ça fait de jouer Jésus? «C'est grandiose», a confié l'acteur écossais au «Huffington Post». «Ça ne sert à rien de se poser trop de questions quand on incarne un tel personnage.»

Photo: Tiberius Film

Ce Jésus a-t-il vraiment un petit air agressif ou a-t-on cette impression parce que dans ses films, Christian Bale ne se montre habituellement pas des plus tendres? «Marie, Mère de Jésus» (1999) est le dernier téléfilm dans lequel l'acteur a joué. L'année suivante, le Gallois choquait le monde du cinéma dans «American Psycho».

Photo: Koch Media

Lorsqu'en 1965, le réalisateur oscarisé George Stevens avait décidé d'adapter la vie du Messie au cinéma dans «La Plus Grande Histoire jamais contée», il s'était mis en quête d'un Jésus totalement inconnu aux Etats-Unis. Il avait donc fini par donner le rôle au Suédois Max von Sydow, l'acteur préféré d'Ingmar Bergman. Ce rôle a permis à l'homme de 88 ans aujourd'hui de percer à Hollywood. Jusqu'à présent, il a déjà été nommé deux fois aux Oscars.

Photo: TMG

Robert Powell, qui a incarné Jésus dans la série «Jésus de Nazareth», réalisée par Franco Zeffirelli en 1977, aurait pu connaître le même succès. Cependant, le Britannique n'avait pas l'ambition de faire carrière à Hollywood. Jusqu'à présent, il n'a joué que dans son pays. Si les décors du film vous disent quelque chose, c'est normal: ils ont été réutilisés…

Photo: Koch Media

… par la troupe d'humoristes des Monty Python en 1979. Cependant, ce n'est pas la vie du fils de Dieu que ces derniers ont portée à l'écran, mais bien «La Vie de Brian». Dans ce film, Graham Chapman incarne le Messie malgré lui, ce qui est loin d'avoir été du goût des représentants de l'Eglise: le film a été interdit dans plusieurs pays, dont la Norvège. Leurs voisins suédois n'ont pas hésité à faire la promotion de cette comédie aujourd'hui devenue culte en faisant remarquer que le film était si drôle qu'il avait été interdit en Norvège.

Photo: Sony

L'Eglise a été tout aussi horrifiée par le film «La Dernière Tentation du Christ», réalisé par Martin Scorsese en 1988: dans ce film, Jésus de Nazareth, interprété par Willem Dafoe, est décroché de sa croix par un ange gardien, se marie, fonde une famille et atteint un âge biblique. «Blasphème», se sont indignés des milliers de chrétiens. «Je ne m'attendais pas à une réaction d'une telle ampleur», avait à l'époque déclaré Martin Scorsese.

Photo: Universal

James Caviezel, qui incarne Jésus dans «La Passion du Christ», a lui aussi dû faire face à une énorme vague de protestations: en 2006, le film a même été élu film le plus controversé de tous les temps par «Entertainment Weekly». Et ce n'est pas la brutalité du travail de réalisation de Mel Gibson qui a principalement posé problème, mais les possibles tendances antisémites du film. En 2011, au cours d'une interview accordée à l'«Orlando Sentinal», Jim Caviezel avait même déclaré qu'il était depuis devenu persona non grata dans l'industrie du cinéma.

Photo: Icon Distribution Inc.

John Hurt en Jésus? Oui, en 1981, un an après son succès dans «Elephant Man». Cependant, c'est loin d'avoir été son meilleur rôle. Dans le film de Mel Brooks, «La Folle Histoire du monde», il savoure son dernier repas avec ses apôtres, tandis que Mel Brooks, dans le rôle du serveur, sème la confusion générale.

Photo: Getty Images

Florian David Fitz s'est lui aussi attaché au côté comique de Jésus. Le Suisse a fait ses premiers pas de réalisateur avec «Jesus liebt mich», un film dont il est également l'acteur principal. Et ça n'a pas été de la tarte, car Jésus est irréprochable: «Ce rôle a quelque chose de platonique, car il n'y a pas de zone de tension, pas de sous-texte. D'un autre côté, quand on s'intéresse à sa vie, on se rend compte que Jésus a vécu pas mal de choses captivantes», avait confié Florian David Fitz au «Teleschau» en 2013.

Photo: Getty Images

Matthias Schweighöfer, un très bon ami de Florian David Fitz, a quant à lui enfilé les sandales de Jésus en 2011 pour la comédie «3faltig». Dans ce film, Matthias Schweighöfer joue Christl, qui se rend sur Terre pour prévenir Hage, le Saint-Esprit, que «Papa» a déclenché l'Apocalypse. Ce que Hage veut empêcher en montrant les bons côtés du monde à Christl.

Photo: Falcom Media

Dialoguer avec Jésus? C'est ce qu'a fait le soldat blessé dans le film antiguerre «Johnny s'en va-t-en guerre», réalisé par Dalton Trumbo en 1971. Et qui a répondu au militaire victime d'hallucinations? Donald Sutherland, récemment récompensé par un Oscar d'honneur, qui, grâce à ses rôles dans «M.A.S.H.» et «Klute», avait déjà tout pour devenir une star.

Photo: Getty Images