Interview Fabrice Deville: «Le côté "beau gosse" peut desservir»

D'Aurélia Brégnac/AllTheContent

11.11.2020

Fabrice Deville incarne Florent Grasset dans "Un si grand soleil" (France 2)
Fabrice Deville incarne Florent Grasset dans "Un si grand soleil" (France 2)
Fabien Malot/France TV

Avec ses yeux translucides, Florent Grasset, incarné par Fabrice Deville, avait réussi à conquérir la belle Claire dans «Un si grand soleil» (France 2). Mais les choses entre eux semblent être en train de se corser…

Avocat dans la série depuis maintenant un an, mais avec 20 ans d’expérience au compteur, Fabrice Deville fait pour nous le point sur son métier d’acteur. Il nous confie ses rêves de rôles taillés sur mesure malgré une industrie audiovisuelle très impactée par la crise. Egalement Youtubeur à ses heures, le comédien mise sur l’autodérision, et se revendique volontiers bon-vivant. Rencontre.

Votre personnage de Florent et Claire, incarnée par Mélanie Maudran, ont une relation mais cela va se compliquer… Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

Oui, ça va se compliquer! Claire a en fait une liaison avec le médecin. Ce qui n’est pas la meilleure des choses puisqu’elle est déjà en couple avec mon personnage (Florent Grasset, ndlr). Tout le monde est au courant sauf moi… Mais je vais le découvrir incessamment sous peu. Elle va aussi essayer d’arnaquer mon client, Maureillas. Ce qui pose beaucoup de souci au niveau éthique parce qu’elle a fouillé dans mes dossiers et se sert de ce que j’ai pu lui dire. Ça va être la faute impardonnable, et mettre à mal notre couple. Je vais avoir l’impression de ne pas connaître Claire… Il va en découler beaucoup de remises en question.

L’aventure de la série «Un si grand soleil» a commencé pour vous il y a un peu plus d’un an… Quel bilan en tirez-vous pour l’instant?

C’est génial! Je prends vraiment mon pied à jouer: j’aime beaucoup le rôle d’avocat, j’aime avoir du texte un peu complexe, j’ai fait une plaidoirie qui m’a beaucoup plu, j’aime porter la robe… d’avocat! Je porterais également la robe avec grand plaisir (Rires). J’aime la stature qu’il peut avoir. La production fait très attention à nous. Les partenaires sont top, que ce soit Mélanie Maudran ou les autres. On est en bonne harmonie.

Depuis l’arrivée de l’épidémie de Covid, le tournage de la série a dû s’adapter à des mesures sanitaires drastiques… Comment fait-on pour jouer des scènes de tendresse avec ces contraintes?

C’est pareil pour tout le monde. Ça enlève de la douceur, de la sensualité, du charme… mais on est obligés de faire avec. Ça fait bizarre de ne plus s’embrasser. A nous d’y mettre un peu de fantaisie. On s’adapte, en remplaçant les gestes tendres par d’autres comme offrir un cadeau, ouvrir une bouteille… Avant, tous les copains nous enviaient d’embrasser une belle nana, le public aimait cette tendresse qu’il n’y a plus.

«On s’adapte, en remplaçant les gestes tendres par d’autres comme offrir un cadeau, ouvrir une bouteille…»

La crise s’est intégrée au scénario?

Oui, mais on ne parle pas de Covid, on va toujours dans les bars. Seulement, on prend le tramway masqués, et ce sont surtout ces gestes tendres et de câlins qui amenaient une dimension humaine qu’il n’y plus autant… Cela dit, je comprends le risque que ça peut faire courir, alors on subit.

Vous avez 20 ans de carrière derrière vous et vous avez joué dans de nombreux films et séries, dans des registres assez différents. Quels types de rôles vous intéresseraient aujourd’hui?

J’aime bien les personnes avec un peu plus de déchirures. On aime bien, chez les acteurs, montrer des failles. J’aimer montrer la personne qui n’y arrive pas. On est dans une société qui demande de ne pas lâcher prise, du «never give up». Mais parfois, il faut abandonner pour se reconstruire. Alors, un personnage qui est d’apparence très forte mais qui s’écroule et montre ses faiblesses pour se réinventer autrement. Je voudrais un personnage qui donne aux gens envie d’oser.

Vous pensez que vos personnages, jusqu’à présent, étaient plus lisses?

Oui. Ça fait 20 ans que je fais ce métier, et l’on ne m’a jamais donné un rôle principal à tenir. Alors j’ai encore tout à faire. J’ai joué dans de nombreux films chorale et séries («SOS 18», «Doc Martin», «Falco», «Camping Paradis», «Joséphine ange gardien», etc.) où j’ai des rôles secondaires. Par contre, dans «Section de recherches», j’ai eu vraiment un rôle principal. En 20 ans, j’ai fait ce que l’on m’a proposé, avec de belles choses. Mais aujourd’hui, j’aimerais pouvoir accéder à ce genre de rôles. Je pense que j’en ai la capacité, alors je ne sais pas où ça coince…

Vous pensez qu’un physique avantageux peut jouer dans ce genre de choses?

Oui, je pense que le côté «beau gosse» peut desservir. Mais je m’en fous… ça m’a servi dans ma vie de tous les jours. Je fais avec… je préfère être comme je suis! Je ne pense pas que si j’avais eu une sale gueule, j’aurais mieux réussi. Merci mon Dieu de m’avoir donné cette gueule. Je ne m’en gargarise pas non plus. Ça n’empêche pas des personnages un peu plus «chargés», plus «lourds», que l’on peut instaurer sur la durée. Mais là, ça commence à venir. J’ai fait un rôle super sympa dans «Les Mystères de la chorale». J’aimerais bien un rôle de flic, mais sur la durée, pour une fiction de 90 minutes, pour pouvoir «créer le personnage». J’ai pour l’instant une succession de très belles scènes.

«J’ai fait quelques vidéos qui montre en fait la réalité»

Un rôle de composition, autrement dit?

Ce sont tous des rôles de composition. Sans être l’acteur du siècle, je prends à chaque fois un peu de moi, Fabrice, et je l’exagère, je le booste. On compose à chaque fois. Mais le vrai rôle de composition, c’est si par exemple on vous donne un rôle de travesti. Je suis prêt à jouer tous les rôles.

Sur votre compte YouTube, vous délivrez souvent vos «trucs d’acteur», une série de courtes vidéos humoristiques sur le travail d’acteur. De quoi s’agit-il?

C’est juste un délire où je voulais montrer l’autre côté de l’acteur. J’ai fait quelques vidéos et c’est quelque chose que j’ai envie de continuer à développer, qui montre en fait la réalité. Ça m’amusait de pouvoir montrer l’envers du décor. Ça peut être des trucs marrants, où je me tourne en dérision, ou des coups de gueule. J’ai fait aussi «dans la peau d’un éleveur» pour mettre en avant le métier des gens. J’aimerais le décliner pour d’autres métiers. Que ce soit quelque chose de drôle. J’aime bien l’autodérision. Plus on se fout de ma gueule, mieux c’est. Le côté humoristique fait plus facilement passer les messages. Quand on devient trop sérieux, on embête tout le monde. Je suis un peu le boute-en-train sur les tournages. J’aime faire marrer et, si c’est à mes dépens, il n’y a pas de problème!

Vous reconnaît-on souvent dans la rue?

Oui, les gens me reconnaissent pas mal, et c’est toujours avec beaucoup de respect et de gentillesse. C’est toujours charmant et très agréable.

Dans une récente interview au «Midi Libre», vous avez déclaré être un «goinfre de la vie». Dans quel sens?

Oui, j’adore les copains, j’adore bouffer, j’adore rencontrer des gens…Je trouve les gens intéressants et tous les parcours m’intéressent. Déguster, partager… J’adore la phrase: «Un repas entre amis, c’est fêter l’allégresse d’être toujours en vie». Ça vient d’une pièce de mon ami Erwann Daouphars. Ça me représente bien.

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