Open d’Australie «Seul comptait Novak» - Srdjan Djokovic, au nom du fils

ATS

26.1.2023 - 17:15

Combatif et impétueux, le père de Novak Djokovic a une fois de plus détourné cette semaine le feu des projecteurs de la star mondiale du tennis. Il a provoqué une nouvelle controverse extra-sportive autour de la carrière du joueur serbe.

Srdjan Djokovic, père de Novak, a créé la polémique à Melbourne.
Srdjan Djokovic, père de Novak, a créé la polémique à Melbourne.
Keystone

Alors que l'ex-no 1 mondial brille à l'Open d'Australie, Srdjan Djokovic, 61 ans, a fait les gros titres en se faisant filmer en tribune au côté de fans brandissant des drapeaux russes, dont l'un orné du portrait de Vladimir Poutine. Des images qualifiées de «honteuses» par l'ambassadeur d'Ukraine en Australie.

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine il y a onze mois, de nombreux Serbes se sont rangés du côté de Moscou, qui partage avec Belgrade des liens culturels et historiques forts. Des fresques pro-russes ont fleuri sur les murs de la capitale serbe tandis que des groupes ultranationalistes ont organisé des manifestations de soutien au Kremlin.

Le dernier incident en date impliquant Srdjan Djokovic est survenu mercredi soir, au moment où son fils, privé l'an passé de la compétition australienne pour cause de non-vaccination contre le Covid, venait de s'assurer facilement une place en demi-finale en étrillant le Russe Andrey Rublev 6-1 6-2 6-4.

Déclarations à l'emporte-pièce, manifestations publiques: Srdjan est un habitué des interventions bruyantes et un défenseur acharné de son fils. Il y a un an, il était monté en première ligne pour défendre son fils placé en détention à Melbourne puis expulsé d'Australie à cause de son statut vaccinal.

A Belgrade, il avait pris la tête des manifestations bruyantes de fans protestant contre le traitement de Novak par les autorités australiennes et avait comparé le sort réservé à son fils à celui de Jésus-Christ.

«Novak est lui aussi crucifié»

«Jésus a été crucifié et soumis à beaucoup de choses, mais il a tenu et est encore vivant parmi nous», avait-il lancé. «Novak est lui aussi crucifié de la même manière, lui le meilleur sportif et homme du monde. Il tiendra bon.»

Au fil des années et des controverses, Djokovic père n'a pas dévié de sa ligne, celle, estime-t-il, d'un combat entre un athlète ambitieux et la jalousie de l'Occident. «L'Occident ne l'aime pas», avait dit Srdjan de son fils en 2021 sur Prva TV. «Ils vont devoir admettre que c'est le meilleur, et qu'il sera le meilleur de l'histoire du tennis.»

Né dans un petit village minier du Kosovo, qui était alors une province serbe, Srdjan est parti à l'adolescence vivre à Belgrade, devenant moniteur de ski avant de rencontrer son épouse.

Très tôt, Novak, l'aîné du couple, montre qu'il est doué pour le sport et en particulier le tennis. «On s'est assis avec lui à une table quand il avait 10 ans et on lui a demandé: ‹Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grand?› Il a dit qu'il voulait être numéro un au tennis, ce que nous avons complètement soutenu et je me suis consacré à sa carrière», a raconté Srdjan au journal serbe Kurir.

S'occuper d'un champion en herbe est coûteux, surtout durant les années de guerre en Serbie, quand le pays est frappé de sanctions durant la désintégration sanglante de l'ex-Yougoslavie. Srdjan a expliqué plus tard qu'il avait vendu l'or de la famille à vil prix et emprunté de l'argent à un usurier pour financer les débuts de la carrière de son fils.

Il le suit aussi de très près. «Depuis ses six ans, on a pris soin de tous les aspects de sa carrière. Sur quoi il allait travailler aujourd'hui, demain, dans un mois, un an. Ce qu'il mange, ce qu'il boit», poursuivait-il. «Chaque aspect de sa vie est sous contrôle.»

Srdjan a même admis avoir un peu négligé ses autres enfants pour mieux s'occuper de l'avenir de Novak, se décrivant comme «une mère, un père, un entraîneur, un médecin, tout». «Seul comptait Novak», a-t-il déclaré aux médias serbes. «Nous tous, nous ne comptions pas. Tout a été fait pour qu'il puisse réussir ce qu'il a réussi.»

ATS