Carlos Alcaraz «Gagner un Grand Chelem ? Je n’ai pas peur de le dire»

AFP

18.5.2022

En un an, il a été propulsé de talent à suivre entré à Roland-Garros par les qualifications au rang de prétendant au trophée. Le phénomène Carlos Alcaraz, aux portes du top 5 à 19 ans, affirme ses ambitions à voix haute mais assure garder la tête froide.

Carlos Alcaraz a explosé cette année aux yeux du grand public.
Carlos Alcaraz a explosé cette année aux yeux du grand public.
Keystone

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Il y a un an, visage adolescent et T-shirt sans manches rappelant Rafael Nadal, Alcaraz découvrait Roland-Garros. Fraîchement entré dans le top 100, il avait traversé les qualifications en trombe et s'était hissé jusqu'au troisième tour, alors son premier en Grand Chelem. Quelques jours plus tôt à Madrid, il avait fêté ses 18 ans face à «Rafa», qui ne lui avait pas fait de cadeau : le jeune Espagnol n'avait inscrit que trois jeux.

On annonçait alors Alcaraz comme une pépite pleine de promesses. Tout s'est accéléré à une vitesse folle depuis pour l'enfant d'El Palmar, petite ville de la banlieue de Murcie (sud-est), venu au tennis à quatre ans par son père, ancien joueur de bon niveau devenu dirigeant du club de tennis local.

Douze mois plus tard, «Carlitos» vit un printemps ébouriffant : il s'est offert ses deux premiers trophées en Masters 1000, à Miami début avril et à Madrid début mai, et a été sacré à Barcelone entre-temps. Dans la capitale espagnole, il a marqué les esprits en dégommant coup sur coup Nadal, roi de l'ocre, et Novak Djokovic, N.1 mondial. Du jamais-vu dans un même tournoi sur terre battue.

«Pas peur»

Au-delà, il n'a connu que trois défaites en 2022, pour 28 victoires et quatre titres. Si bien qu'Alcaraz aborde son deuxième Roland-Garros dans la peau du N.6 mondial. Et de favori, avec Djokovic.

Lui se sent prêt à assumer ce tout nouveau statut et ne cache pas ses ambitions. «Je le prends comme une source de motivation, pas de pression», estimait-il après son succès à Madrid, grand sourire à la fois carnassier et désarmant. «Je n'ai pas peur de dire que je suis prêt pour gagner un (tournoi du) Grand Chelem, affirme-t-il auprès du quotidien argentin La Nacion. Je me sens bien physiquement. Je suis fort mentalement. Je joue bien en ce moment, avec pas mal de confiance.»

«Comme on dit avec mon équipe, physiquement, je suis un taureau. Je suis prêt à jouer en cinq sets contre les meilleurs, des matches très longs. Ça ne me fait pas peur. Mieux : c'est un avantage», ose-t-il dans les colonnes du journal espagnol ABC. «Mon objectif maintenant, c'est d'essayer de gagner un des trois derniers Grands Chelems de la saison, poursuit celui que Juan Carlos Ferrero, ex-N.1 mondial et lauréat de Roland-Garros 2003, a pris sous son aile à 15 ans dans son académie de Villena, à une grosse heure de chez lui. On espère y arriver à Paris.»

Avec une explosion aussi spectaculaire, forcément les regards changent, les compliments pleuvent, et les comparaisons - avec Nadal, question de nationalité, précocité et détermination - fleurissent.

«Très famille»

En deux jours début mai, avant et après son sacre madrilène, Alcaraz a fait deux fois la Une du quotidien généraliste espagnol El Pais. «Quand on est rentré de Madrid, on s'est arrêté quelque part pour manger, dans un endroit isolé, où il n'y avait pas grand monde, mais tout le monde m'a reconnu. C'est là que tu te rends compte que tu deviens vraiment connu», raconte-t-il.

Tant Djokovic que le N.3 mondial Alexander Zverev l'ont alors qualifié de «meilleur joueur du monde» du moment. «Il m'inspire beaucoup. Je l'admire», a salué le finaliste sortant de Roland-Garros, Stefanos Tsitsipas. «C'est un joueur complet, très agressif, capable de monter très souvent au filet, il bouge super bien. Il va brûler les étapes très vite. Ça va être un joueur fantastique dans un futur proche», pronostiquait Nadal un an plus tôt.

Pas question pour Alcaraz de se laisser griser pour autant. «Ce n'est pas parce que j'ai gagné ce que j'ai gagné très vite que ça me monte à la tête. Je sais très bien qu'il faut que je continue à travailler pour accomplir mon rêve, qui est d'être N.1 mondial», recadre-t-il.

Quand il a triomphé à Madrid, c'est à ses racines qu'il a pensé en premier. «Vive El Palmar et vive Murcie», a-t-il écrit sur la caméra présentée aux joueurs. «Je suis très famille. J'adore être à Murcie en famille et entre amis. Je ne perdrai jamais cet ADN.»