Carlos Alcaraz «Jouer pour gagner, c'est mon ADN» - l'analyse d'un futur grand

AFP

9.5.2022

En cinq semaines, Carlos Alcaraz s'est offert ses deux premiers titres en Masters 1000 et vient de faire tomber à Madrid trois des quatre meilleurs joueurs mondiaux, dont Rafael Nadal et Novak Djokovic. De quoi méditer sur les armes du phénomène espagnol à deux semaines de Roland-Garros.

En cinq semaines, Carlos Alcaraz s'est offert ses deux premiers titres en Masters 1000
En cinq semaines, Carlos Alcaraz s'est offert ses deux premiers titres en Masters 1000
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Une réussite précoce

Le tennis mondial savait depuis un moment, qu'avec Alcaraz, il tenait un talent particulièrement prometteur. Ce qui est épatant, c'est la trajectoire explosive du jeune Espagnol depuis huit mois.

Il y a un an, le protégé de Juan Carlos Ferrero, ex-N.1 mondial et lauréat de Roland-Garros, ne pointait pas encore dans le top 100.

Douze mois plus tard, il a bondi à la sixième place mondiale. Quand il est entré dans le top 10 le 25 avril, il était le plus jeune à s'y faire une place depuis Nadal, 17 ans plus tôt exactement.

Ses trois plus gros coups d'accélarateur ? Premier quart de finale majeur à l'US Open en septembre dernier, premier Masters 1000 à Miami début avril, et tout frais doublé Barcelone-Masters 1000 de Madrid, soit dix matches remportés d'affilée, série en cours. Et surtout, deux premières victoires contre Nadal et Djokovic, du jamais-vu dans un même tournoi sur ocre.

Même son entraîneur est époustouflé: «Ca va de plus en plus vite, souffle-t-il à L'Equipe. Il emjambe les marches quatre à quatre.»

«Ces deux matches vont l'aider à croire qu'il peut accomplir de grandes choses», ajoute Ferrero.

La tête et les jambes

Ce qui est bluffant avec Alcaraz, c'est sa capacité hors norme à se montrer déjà à la hauteur jusque dans les moments les plus cruciaux, quand la tension est à son maximum.

«Il a très bien tenu ses nerfs. Jouer avec autant de maturité et de courage à son âge, c'est impressionnant», admirait Djokovic, renversé après 3h35 min de combat samedi.

Invité à identifier les éléments clés de sa réussite, le Murcien cite sa forme physique et son mental. «Le mental, c'est le plus important. J'ai beaucoup grandi dans ce domaine, estime-t-il. C'est pour ça que j'en suis là aujourd'hui, que je joue à ce niveau et que je suis capable de gagner des grands matches.»

Sa recette ? «Jouer pour gagner, c'est mon ADN», résume «Carlitos», dont la palette de jeu, entre autres ses amorties d'exception et ses coups droits supersoniques, est impressionnante.

«Je veux me distinguer en allant chercher le match. Je veux être agressif. (...) Me dire au moins que j'ai osé. C'est dans ces moments-là qu'on voit la différence entre un bon joueur et un "top joueur" comme Djokovic, "Rafa", Federer», explique-t-il.

Motivation oui, pression non

En plus de ne pas avoir froid aux yeux en match, Alcaraz n'hésite pas non plus quand il s'agit d'affirmer ses ambitions.

«Je me sens prêt à rivaliser avec (Nadal et Djokovic) dans tous les tournois, sur toutes les surfaces, assumait-il après les avoir dégommés coup sur coup sur la terre battue madrilène. En Grand Chelem, avec les matches en cinq sets, c'est totalement différent, mais je crois que je suis prêt.»

Une fois le trophée entre les mains, «c'est vrai que les gens vont faire de moi un favori pour Roland-Garros, constatait-il. Mais je le prends comme une source de motivation, pas de pression.»

Le bon timing ?

Et si, en plus de ses immenses qualités intrinsèques, Alcaraz déboulait au bon moment ?

Malgré tout, le «Big 3» vieillit et - en ce moment en tout cas - n'est pas (encore ?) l'épouvantail qu'il a été. Nadal revient d'une énième blessure (fracture de fatigue à une côte en mars) et Djokovic a passé le premier trimestre à l'arrêt ou presque, faute de vaccination contre le Covid-19. Et Roger Federer, 41 ans début août, n'a plus joué depuis bientôt un an.

Quant à la génération intermédiaire, celle des Daniil Medvedev - opéré d'une hernie début avril -, Stefanos Tsitsipas ou encore Zverev, elle ne s'impose pas aussi fermement qu'on aurait pu l'attendre, à l'exception du Russe.

Tous sont prévenus: «J'ai très envie d'aller à Paris, de me battre pour gagner un Grand Chelem. », les défie à distance Alcaraz.