Roger Federer (no 8) en est parfaitement conscient, il l'a d'ailleurs affirmé lors du Geneva Open: il ne remportera pas Roland-Garros qui démarre dimanche. Le Bâlois s'attend plutôt à céder le record du nombre de titres du Grand Chelem qu'il co-détient avec Rafael Nadal, forcément favori à l'entame de cette quinzaine.
Les projecteurs seront comme de coutume rivés sur Roger Federer, qui n'avait plus disputé de tournoi majeur depuis l'Open d'Australie 2020. Le public français, prompt à soutenir le Bâlois presque comme s'il était l'un des siens, sait que les occasions de voir le maestro à l'oeuvre sont de plus en plus rares.
Ce soutien risque toutefois de ne pas suffire. Roger Federer (40 ans le 8 août) n'a joué qu'un seul match officiel sur terre battue depuis sa dernière apparition Porte d'Auteuil en 2019. C'était à Genève il y a une dizaine de jours, et il avait subi la loi du modeste Pablo Andujar en 8e de finale.
Le vainqueur de l'édition 2009 de Roland-Garros a depuis redoublé d'efforts à l'entraînement, notamment à Genève. Son immense talent devrait lui permettre de passer deux ou trois tours. Mais il cherche avant tout à retrouver sa confiance dans l'optique de son premier grand rendez-vous de l'année, Wimbledon (28 juin-11 juillet).
Roger Federer n'ose en tout cas même pas imaginer poursuivre son parcours au-delà des quarts de finale. Le tirage au sort l'a en effet placé dans la même moitié de tableau que les deux hommes à battre de cette quinzaine: Novak Djokovic (no 1), qu'il pourrait retrouver en quart de finale, et Rafael Nadal (no 3).
Sacré pour la 13e fois sur la terre battue parisienne l'automne dernier, Rafael Nadal ne vise rien d'autre qu'un 21e trophée majeur. L'Espagnol est loin d'avoir survolé les débats sur l'ocre ce printemps, connaissant l'élimination dès les quarts de finale dans les Masters 1000 de Monte-Carlo et de Madrid.
Sa confiance a repris l'ascenseur à Rome, où il a cueilli son deuxième titre de l'année - le deuxième sur terre battue après celui conquis à Barcelone. Le gaucher majorquin a qui plus est pris le meilleur en finale sur Novak Djokovic dans la Ville éternelle, comme l'automne dernier à Roland-Garros.
Mais le voeu du coach du Serbe, Goran Ivanisevic, a été exaucé: les deux favoris du tournoi sont appelés à s'affronter au stade des demi-finales. Or, si Rafael Nadal paraît tout simplement injouable dans une finale à Paris, il l'est - légèrement - moins dans les tours qui précédent.
Novak Djokovic l'a déjà prouvé, en quart de finale en 2015, lui infligeant l'une de ses deux seules défaites à Roland-Garros (en 102 matches joués!). Mais il avait aussi constaté qu'un tel exploit pouvait ne servir à rien: le Serbe avait ensuite été battu en finale par le grand absent de l'édition 2021, Stan Wawrinka.
Tous présents dans le bas du tableau, les outsiders espèrent d'ailleurs bien profiter de l'éventuelle longue bataille que pourraient livrer Rafael Nadal et Novak Djokovic en demi-finale. Le plus ambitieux est le Grec Stefanos Tsitsipas (no 5), sacré à Monte-Carlo et à Lyon sur terre battue ce printemps.
Barty et Swiatek en favorites
Chez les dames, les deux principales favorites, Ashleigh Barty (no 1) et Iga Swiatek (no 8), pourraient également se retrouver au stade des demi-finales. Absente l'automne dernier à Paris, l'Australienne a refait le plein de confiance sur terre battue en s'adjugeant le titre à Stuttgart avant d'atteindre la finale à Madrid.
Ashleigh Barty a déjà connu les joies d'un sacre Porte d'Auteuil, en 2019. Iga Swiatek aussi: la Polonaise de 19 ans avait créé la sensation en 2020, s'adjugeant le trophée sans avoir perdu le moindre set au passage. Elle a depuis confirmé ce triomphe inattendu cette année, et reste d'ailleurs sur un titre à Rome.
Difficile en revanche d'imaginer un triomphe de Serena Williams (no 7), même si elle figure dans un bas du tableau dont la femme à battre sera Aryna Sabalenka (no 3). Comme Roger Federer, l'Américaine sera bien plus à l'aise à Wimbledon, où sa quête d'un 24e titre majeur semblera moins vaine.
Difficile aussi d'envisager un exploit suisse: toujours aussi peu à l'aise sur terre battue, Belinda Bencic (no 10) se frottera d'entrée à la demi-finaliste de l'édition 2020 Nadia Podoroska (WTA 42). La St-Galloise n'a jamais dépassé le 3e tour sur l'ocre de Paris, en quatre participations.