Super League Claudius Schäfer : «Pour le canton de Vaud, c'est une success story»

ATS (Michael Lehmann)

9.6.2023 - 09:25

La Super League à dix clubs est de l'histoire ancienne. Claudius Schäfer, CEO de la Swiss Football League, parle de la fin d'une ère, des défis des promus et de la prochaine ligue à douze dans un entretien accordé à Keystone-ATS.

Claudius Schäfer : «Il y aura encore plus de monde dans les stades.»
Claudius Schäfer : «Il y aura encore plus de monde dans les stades.»
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9.6.2023 - 09:25

Claudius Schäfer, après 20 ans, l'ère de la Super League à dix clubs touche à sa fin. Avec quels sentiments faites-vous vos adieux?

«Avec des sentiments mitigés. D'un côté, nous avons eu une saison formidable pour notre 20e anniversaire, avec un record historique de spectateurs. D'autre part, c'est aussi bien de changer après cette période de succès. Maintenant, la ligue à douze arrive avec de nouvelles équipes passionnantes. Des clubs que peu de gens avaient probablement envisagés».

Vous le dites : l'augmentation à douze équipes intervient justement après la saison avec la moyenne de spectateurs la plus élevée. A-t-on enterré ici sans nécessité un modèle de réussite?

«Tout le monde était conscient que nous ne pourrions probablement pas maintenir la moyenne de spectateurs avec douze équipes. En revanche, avec les matches supplémentaires, il y aura encore plus de monde dans les stades. Nous laissons la ligue à douze venir à nous et tirerons un premier bilan après quelques années. Au final, ce sont nos membres, les clubs, qui décideront de la suite du voyage».

Que pensez-vous du fait que trois clubs du canton de Vaud ont été promus?

«Pour le canton, c'est une «success story». Il y aura de nombreux derbys qui susciteront un grand intérêt du public. Mais il y a aussi neuf autres équipes en Super League, qui sont globalement bien réparties sur la carte du pays».

Stade Lausanne-Ouchy comptait en moyenne 1200 supporters par match la saison dernière. Auriez-vous souhaité un promu avec une base de supporters plus importante?

«Ce n'est pas un concert de souhaits. Les clubs qui montent sont ceux qui se qualifient sportivement et obtiennent la licence. Il y a toujours eu des clubs qui attirent plus de spectateurs et d'autres qui en attirent moins. Le FC Stade Lausanne-Ouchy est né en 2000 de la fusion de deux clubs traditionnels et s'est hissé depuis lors du football amateur. C'est une histoire intéressante. Lors du barrage retour, plus de 10'000 supporters étaient présents dans le stade. Je ne pars pas du principe que ce sera toujours le cas, mais la montée en Super League aura certainement un effet positif».

La ligue sera-t-elle moins attractive?

«Qu'elle devienne moins attractive sur le plan sportif, je ne peux pas l'imaginer. Mais comme je l'ai dit, nous ne pourrons tirer un premier bilan que dans quelques années».

Peu après la promotion, les problèmes de stade d'Yverdon sont devenus publics. Comment cela a-t-il pu se produire?

«Des situations comme celle-ci sont connues: un club rassemble tous les documents, les dépose auprès de la commission des licences et soudain, des modifications sont apportées au dossier déposé. En l'occurrence, au niveau de l'infrastructure. C'est pourquoi la commission des licences a informé le club qu'elle allait réexaminer ce domaine. La décision est attendue en début de semaine prochaine. D'ici là, je ne peux pas en dire plus».

Avec le FC Sion, c'est un club de tradition qui a été relégué et qui a passé 17 ans dans la plus haute ligue.

«La Super League perd un club attractif issu d'un canton passionné de football. Cela est déjà arrivé à d'autres clubs. Je pense par exemple au FC Zurich, qui est ensuite revenu plus fort. Je peux imaginer que le FC Sion pourrait connaître le même sort».

Pour le reste aussi, la saison a été riche en événements. Au FC Lucerne, les rapports de propriété sont contestés en justice. Craignez-vous de nouveaux troubles autour du club?

«Malheureusement, les tentatives de conciliation que le président de la ville et moi-même avons entreprises dans ce conflit n'ont pas été couronnées de succès. Les procédures juridiques sont maintenant en cours et nous attendons les jugements. Pour l'instant, c'est relativement calme autour du club, notamment grâce au succès sportif. J'espère que cela va durer».

Chez les Grasshoppers, les propriétaires chinois examinent apparemment des offres de reprise. De nombreux postes clés ne sont pas occupés.

«C'est une nouvelle réalité dans le football que les clubs aient des propriétaires étrangers et que l'identité du club change. Après l'affaire Chagaev à Xamax, la ligue regarde de très près les rachats. Mais si toutes les conditions sont remplies, il faut accepter ces changements de propriétaires».

Enfin, l'ancien grand de la ligue, Bâle, qui se bat toujours avec un important déficit structurel. Que se passera-t-il si le club ne se qualifie pas pour la Conference League?

«Nous considérons d'un œil très critique une trop grande dépendance aux recettes des compétitions européennes. Un club comme le FC Bâle veut jouer au niveau international et avoir du succès. Pour cela, il faut la qualité nécessaire dans l'effectif. Avec la structure qui prévaut à Bâle, il n'y a pas d'autre solution que de prendre certains risques dans cette constellation. Mais je pars alors du principe que les moyens sont là pour amortir d'éventuelles pertes».

De l'autre côté, il y a les Young Boys, dominants cette saison, qui ne devront passer qu'un seul tour la saison prochaine pour jouer la phase de groupes de la Ligue des champions...

«Pour les joueurs, les supporters et les finances du club, une qualification en Ligue des champions est ce qu'il y a de plus beau. Pour l'équilibre de la ligue, c'est un défi lorsqu'un club génère soudain des recettes de 30 millions de francs ou plus. C'est pourquoi nous nous engageons depuis des années pour plus de fonds de solidarité de l'UEFA, ce qui profiterait aux clubs qui ne sont pas européens. Cela augmenterait l'attractivité générale de la ligue».

Quelle est l'importance de la Conference League lancée il y a deux ans à cet égard?

«Elle est primordiale. Après des doutes initiaux, il est clair que cette compétition suscite également un large intérêt. Dans la phase de groupes, les primes de l'UEFA sont plus élevées que celles que la SFL distribue aux clubs de Super League. De plus, il est nettement plus facile d'améliorer son coefficient UEFA qu'en Ligue des champions. Grâce aussi aux points accumulés par le FC Bâle cette saison, la Suisse est bien mieux placée dans le classement qu'il y a quelques années et joue à nouveau pour une place directe en Ligue des champions».

La ligue à douze aidera-t-elle la Suisse à grimper encore plus haut dans le classement européen?

«Les équipes étaient déjà très compétitives dans la ligue à dix. Nous verrons ce qu'il en sera avec la ligue à douze. Je ne m'attends pas à de grandes répercussions sur les résultats européens».

Qu'espérez-vous concrètement de la ligue à douze?

«Nous avons longuement discuté de la taille de la ligue. Après de nombreuses discussions, les clubs se sont mis d'accord d'abord sur le nombre d'équipes, puis un peu plus tard sur le mode de fonctionnement. Nous allons maintenant observer comment le nouveau modèle se développe. Il y a de nouvelles équipes, il y aura beaucoup de rencontres intéressantes. Je me réjouis de cela».

Avec ce mode, il peut arriver qu'une équipe affronte une autre trois fois à l'extérieur et une seule fois à domicile. Les discussions seront inévitables...

«C'est un mode qui a été fortement promu par les clubs et les supporters. Lors du processus de décision, tous les avantages et inconvénients ont été présentés en détail. Ce scénario possible d'un nombre inégal de matches à domicile et à l'extérieur est également connu. Je ne peux pas l'exclure complètement, mais je ne pense pas qu'il y aura de grandes discussions».

ATS (Michael Lehmann)