Mélanie Meillard Mélanie Meillard : "Quand tu as été Top 5 mondial, c'est dur à encaisser"

Chris Geiger, à Cortina

19.2.2021

Après plusieurs années de galère, Mélanie Meillard s'apprête à disputer ses deuxièmes Championnats du monde. Samedi à Cortina, la Valaisanne va prendre le départ du slalom. Une juste récompense aux yeux de la skieuse d'Hérémence. Interview.

Mélanie Meillard voit enfin le bout du tunnel.
Mélanie Meillard voit enfin le bout du tunnel.
Keystone

Mélanie Meillard, vous devez être heureuse de disputer ces Championnats du monde. Dans quel état d'esprit allez-vous les aborder ?

"Je suis effectivement très contente d'être là. C'est magnifique d'être de retour sur un grand événement : ça faisait longtemps ! Surtout, c'est génial d'avoir réussi à me qualifier. Je vais disputer ces Mondiaux comme d'autres courses, en essayant de ne pas me mettre de stress. Je veux simplement skier comme je sais le faire et donner le meilleur de moi-même."

Vous n'êtes pas attendue ici à Cortina. Est-ce un avantage d'endosser le costume d'outsider ?

"C'est sûr que je n'ai rien à perdre. Dans ma tête, je sais toutefois que je peux mieux skier, que j'ai déjà mieux skié dans le passé. J'ai envie de tout donner - en mode rien à perdre - même s'il y a encore des blocages qui sont difficiles à dépasser. Parfois, je n'y arrive pas. Ça va cependant de mieux en mieux. Il y a évidemment toujours des jours compliqués, mais il y en a d'autres vraiment mieux."

Des doutes liés à votre grave blessure au genou gauche subie à l'entraînement à Pyeongchang en 2018. Pensez-vous toutefois avoir évolué depuis 2017 et vos premiers Championnats du monde ?

"Ça fait bizarre d'y repenser. A cette époque, j'étais la toute jeune. Je disputais alors mes premiers Mondiaux et je ne savais pas comment ça se passait. Ces derniers avaient en plus lieu en Suisse (ndlr : à Saint-Moritz). C'était évidemment exceptionnel d'être à la maison. Le deuxième gros événement (ndlr : les Jeux olympiques) que j'aurais dû faire m'avait finalement filé sous le nez à la dernière minute. Ça fait donc bizarre d'être à nouveau sur un grand événement. Et, comme à Saint-Moritz, je ne vais pas me mettre de pression. Etre au départ après ces années de galère est une grosse récompense. Je le mérite car j'ai fait ce qu'il fallait pour être sélectionnée."

A Cortina, vous allez disputer uniquement le slalom. La tension est-elle plus élevée lorsqu'il n'y a qu'une course au programme ?

"Oui et non. Je savais depuis le début de saison que ma chance de disputer les Mondiaux ne serait qu'en slalom. Je peux ainsi me préparer à fond pour cette course. Je me focalise pleinement là-dessus, même si j'ai fait un peu de géant à l'entraînement pour couper et ne pas devenir folle (rires) ! Ça m'aide aussi de savoir que je n'ai qu'une épreuve à préparer."

Par rapport aux courses de Coupe du monde, vous n'aurez pas à penser aux points ou à votre numéro de dossard. L'approche est-elle dès lors différente ?

"Je suis sortie des 30 en Coupe du monde. Quand tu as été dans le Top 5 mondial, c'est d'ailleurs dur à encaisser. Ça s'est passé ainsi et je suis ensuite revenue petit à petit. Quelques filles ne sont pas là, ce qui me permet d'avancer un peu. Mes dossards s'améliorent aussi et je bénéficie ainsi d'une meilleure piste. Les résultats devraient donc aussi s'améliorer."

Vous évoquez la qualité des pistes. Avec le réchauffement climatique, les parcours ont tendance à se dégrader rapidement en deuxième manche. Faut-il désormais se montrer tactique sur le tracé initial ?

"Ça dépend des courses. A mon avis, tu as toutefois meilleur temps d'être première avec de l'avance au terme de la première manche et garder cet avantage lors du second tracé. En pleine manche, il n'est pas possible de se dire : 'Je vais freiner pour me classer à telle ou telle place.' Tu peux, en effet, vite te retrouver hors du Top 30, ce qui serait un peu con. C'est pourquoi je donne toujours le meilleur lors des deux manches."

Finalement, un mot sur votre préparation pour ces Championnats du monde ?

"Ça fait un bon moment qu'il n'y a pas eu de slalom en Coupe du monde. J'en ai profité pour me reposer et essayer de m'améliorer. Je sais que j'ai progressé et je veux désormais le retranscrire en compétition. J'ai travaillé sur des choses techniques que je faisais faux et sur l'intensité. Je dois en mettre davantage. Je sais toutefois que je suis meilleure en course qu'à l'entraînement. Je ne suis pas du tout encore à ma limite, celle que j'avais auparavant. Je progresse cependant au quotidien et je prends toujours plus de plaisir."

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