Les meilleures skieuses du monde, Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova en tête, se retrouvent samedi en Finlande pour les premiers slaloms de la Coupe du monde avec une nouvelle donne à gérer : le contrôle de la présence de fluor sur leur matériel, au nom de la protection de l'environnement.
Appliqués sous les skis lors du fartage, les produits fluorés ont été utilisés en masse depuis les années 1980 pour gagner en vitesse, mais plusieurs études ont fait état de leur nocivité pour la santé et l'environnement, poussant la Fédération internationale de ski (FIS) à les interdire.
Depuis le début de la saison, les athlètes voient ainsi leurs skis être inspectés immédiatement après les courses à l'aide d'un appareil semblable à un scanner. Si un voyant rouge s'allume à trois reprises, c'est que la spatule présente des niveaux trop élevés de fluor : c'est alors la disqualification.
Un progrès pour la défense de l'environnement et la santé des techniciens ayant utilisé pendant des années ces produits nocifs mais qui suscite l'inquiétude des skieuses du circuit, celles-ci doutant de la fiabilité des contrôles actuels, dans le sillage de l'élimination il y a deux semaines, à Sölden, de la Norvégienne Ragnhild Mowinckel.
A cette occasion, l'équipe norvégienne avait exprimé son incompréhension. «Nous n'avons aucune idée de ce qu'il s'est passé», avait souligné l'entraîneur de l'équipe féminine. Il a assuré que son collectif n'avait jamais cherché à transgresser la nouvelle règlementation, annoncée en 2019 puis maintes fois reportée.
Dans ce cas précis, les skis de Mowinckel présentaient des niveaux de fluor nettement supérieurs à la norme autorisée, a fait savoir la FIS, sans rassurer les athlètes.
«A n'importe qui»
«Ils ont des machines qui ne fonctionnent pas», a réagi l'Italienne Federica Brignone après cette disqualification. «Je sais que ça peut arriver à n'importe qui d'être disqualifiée. J'espère que ça ne m'arrivera pas», a-t-elle ajouté.
La quintuple lauréate du globe de cristal, l'Américaine Mikaela Shiffrin, a renchéri : «Je ne pense pas que l'outil de test fonctionne correctement... On dirait que les tests peuvent être positifs et négatifs sur le même ski à vingt minutes d'intervalle».
Pour les équipementiers et les techniciens chargés de préparer les skis, l'interdiction du fluor est une petite révolution. Si le fartage doit être complètement repensé, la nouvelle règlementation impose aussi une extrême vigilance pour éviter que du matériel puisse entrer en contact avec la moindre trace de produits interdits.
C'est d'ailleurs ce qui pourrait être arrivé à Ragnhild Mowinckel, qui a fondu en larmes en apprenant sa disqualification. Dans un communiqué, son équipementier Head a indiqué la semaine dernière avoir retrouvé des petites quantités de fluor sur l'outil de fartage qu'il avait utilisé, ce qui expliquerait le contrôle positif à Sölden.
A Levi samedi, les équipements des skieuses seront donc de nouveau très scrutés pour le premier slalom de la saison, où Mikaela Shiffrin et la Slovaque Petra Vlhova, 28 ans toutes les deux, devraient assurer le spectacle. L'année dernière, en Laponie, au nord du cercle polaire, l'Américaine avait remporté les deux slaloms au programme, reléguant à chaque fois Vlhova, championne olympique de la spécialité, à la troisième place.