La France, qui accueille les JO d'été dans neuf mois à Paris, pourrait de nouveau embrasser l'aventure olympique dans sept ans en 2030, pour les JO d'hiver cette fois, si elle parvient à convaincre le CIO qui doit faire un choix capital à la fin du mois de novembre.
La candidature française, portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et pilotée par le comité olympique français (CNOSF), entame une étape décisive mardi.
Elle doit en effet officiellement déposer son dossier détaillant le projet au CIO, avant de défendre sa cause le 21 novembre, a priori en visio-conférence, face à la commission chargée de choisir le futur hôte de ces JO, avec comme avocats la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra, les deux présidents de région Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, et le président du CNOSF David Lappartient.
«On possède une vraie chance. Le timing est bon et nos infrastructures ont de quoi séduire», avait confié à l'AFP David Lappartient il y a plusieurs semaines.
«Très politique»
Montée quelque peu en express, sur une idée assez originale de porter le projet sur deux régions, cette candidature a pris un tournant décisif avant l'été. A peine élu à la tête du CNOSF pour remplacer Brigitte Henriques fin mai, David Lappartient, également membre du CIO, avait signé quelques jours plus tard seulement la lettre d'intention de candidature de la France. Un projet adoubé quelques semaines plus tard par Emmanuel Macron lors d'une réunion de travail à l'Elysée.
Avec un budget estimé à 1,5 milliard d'euros, le projet ne prévoirait qu'une seule construction, «une patinoire à Nice», selon une source ayant connaissance du dossier. Les sites principaux devraient, selon plusieurs informations parues dans la presse, être le Grand-Bornand pour les épreuves de biathlon, le ski alpin serait basé à Courchevel, et le ski nordique à la Clusaz. Pour le bobsleigh, l'idée serait également d'utiliser la piste de La Plagne, construite pour les JO d'Albertville en 1992. «Mais ce n'est pas encore totalement figé», assure une source proche du CNOSF.
La France va devoir séduire le CIO lors de sa présentation et se montrer plus persuasive que deux autres poids-lourds eux aussi candidats : la Suède et la Suisse et son projet qui inclut une bonne partie du pays.
«C'est clairement deux vrais gros adversaires. La Suède a échoué pour 2026, mais elle possède de vrais atouts, quant à la Suisse, c'est aussi un candidat très sérieux. Ca risque d'être serré», estime une autre source proche des arcanes olympiques.
«Non-sens»
Dans près de trois semaines, le CIO décidera lors d'une commission exécutive, du 28 novembre au 1er décembre, d'entrer en phase de dialogue ou non avec les candidats. L'aventure française pourrait donc s'arrêter à ce moment-là. Le choix définitif interviendra ensuite lors d'une session du CIO en 2024, peut-être celle prévue en juillet à Paris si la France n'est plus dans le jeu, ou lors d'une session fixée hors de France si elle est toujours en lice.
Pour l'instant, la candidature française n'a pas soulevé un vent contestataire puissant dans l'Hexagone. Mais la question de l'enneigement, qui faiblit d'année en année, revient souvent, comme celle du paradoxe d'investir massivement dans les sports d'hiver en plein réchauffement climatique.
«Clairement, cette candidature est un non-sens. Il faut penser à investir pour sortir d'une économie basée sur les sports d'hiver. La montagne n'a pas besoin de ces JO», estime un des membres du collectif NO JO souhaitant rester anonyme.
«Si on reste sur le modèle à l'ancienne, résolument, il n'y a pas la place», estime d'ailleurs le maire de Chamonix Eric Fournier, plaidant pour un travail «avec des sites existants, qui vont avoir un réel avenir et une économie de ressources». C'est d'ailleurs la promesse de cette candidature, celle de «s'appuyer sur des infrastructures existantes» pour de «premiers JO durables» comme l'a assuré Laurent Wauquiez.