Riche d’un hiver 2023 couronné de succès, Loïc Meillard rêve de tutoyer les sommets du ski alpin. Mais pour y parvenir, le skieur d’Hérémence doit réaliser une saison pleine et enchaîner les performances. Entretien avec celui que Marco Odermatt considère comme un de ses principal concurrent.
Une première victoire de Coupe du monde en géant, une médaille d’argent aux Mondiaux dans cette même discipline et une 6e place finale tant au général qu’en slalom et en géant : la saison 2023 de Loïc Meillard reste tout simplement exceptionnelle. Pourtant, le skieur de 26 ans voit le verre à moitié vide. La cause ? Une fin d’hiver en dents de scie en raison de la fatigue accumulée.
«C’était une saison où il y a eu de très bonnes choses, d'excellents résultats, mais il a manqué un petit peu de réussite certaines fois et un petit peu de folie. En fin de saison, c'est vrai que j’étais cramé et rien n’est allé comme je l'aurais voulu en fin de compte. Je pense que les résultats du général ou des classements des disciplines ne reflètent pas forcément le niveau de ski que j'avais», a estimé Meillard lors de la traditionnelle journée média organisée par Swiss-Ski début octobre à Dübendorf.
Dès lors, que doit-il faire pour rester compétitif sur l’ensemble de l’hiver ? «On va essayer de ne pas tomber malade, de ne pas se faire mal. C'est tout bête, mais je le dis souvent : on marche sur un petit fil rouge. Il suffit de faire un pas à gauche ou un pas à droite et tout d'un coup, tout s'ébranle. C’est un peu ce qui s'est passé en fin de saison», a-t-il expliqué.
Avant d’étayer ses propos : «Aux Mondiaux, je suis resté cloué au lit quelques jours, je me suis fait mal au talon juste avant le géant. Ce sont des choses qui prennent tellement d'énergie à faire abstraction pour ensuite performer le jour J. Je n’ai jamais vraiment récupéré. Et enchaîner les courses comme je l’ai fait, ça ne me donne aucun moment de répit.»
«Une fois que j’avais basculé du mauvais côté, je n'ai jamais réussi à revenir en arrière»
6e du général l’hiver dernier
Malgré cela, le skieur d’Hérémence ne souhaitait pas alléger son calendrier. «C’est compliqué en tant qu'athlète. On y croit toujours, on se dit toujours qu'on a une chance. On a continuellement envie d'essayer de pousser. Une fois que j’avais basculé du mauvais côté, je n'ai jamais réussi à revenir en arrière», a reconnu Meillard, qui fera l’impasse sur les épreuves de Val Gardena en décembre. Son programme reste toutefois le même pour cette nouvelle saison : «Slalom, géant, super-G : comme les dernières années, rien ne change.»
Loïc Meillard, qui possède le plus beau style de ski du Cirque blanc pour certains, est conscient qu’il doit encore franchir un palier s’il entend atteindre les sommets. «Je sais que ce n’est pas en skiant «gentil, joli» que je vais gagner des courses. Il faut aussi avoir un petit peu ce côté de «killer». Une partie, je l'ai en moi. L’autre partie, je dois l'entraîner, essayer de me pousser un peu plus à la limite, pas vouloir chercher toujours la perfection. C’est quelque chose sur laquelle je travaille», a raconté le frère de Mélanie.
Ces adversaires ne le prennent néanmoins pas à la légère. Son compatriote Marco Odermatt - double vainqueur en titre du gros Globe de cristal - le considère d’ailleurs comme l’un de ses grands contradicteurs cet hiver. «J'espère que je vais pouvoir lui mettre quelques bâtons dans les roues, ça serait le but», a avancé Meillard. «Après, je sais que tout peut arriver pendant les courses. Il faut arriver là-bas en bonne santé, avec la confiance et ensuite on verra ce qui est faisable.»
Remporter un globe de cristal n’est ainsi pas un objectif en soi, mais davantage «un rêve» pour le natif de Neuchâtel. Selon lui, c’est la conséquence d’une saison pleine. «Le but, c'est toujours d’aller chercher des bons résultats chaque week-end d'être aux avant-postes, course après course. Je sais que si j'arrive à faire ça, on pourra discuter des globes en fin saison. Mais pour ça, il faut être consistant du début à la fin», a-t-il estimé.
A l’image d’un Justin Murisier prêt à lâcher le géant pour se concentrer exclusivement sur la vitesse, Loïc Meillard ambitionne-t-il aussi de se tourner vers la descente ? «Cela arrivera le jour où j’en aurai assez du slalom ! Je prends vraiment plaisir en descente, ce n’est pas une question. Je suis toujours content de le faire pour préparer un super-G. Mais je sais qu’avec mon calendrier, je ne peux pas faire toutes les courses. C’est trop. Pour le moment, ce n’est pas d’actualité», a avoué le skieur polyvalent.
Il ne ferme néanmoins pas la porte à la discipline reine : «Peut-être qu'il y aura un jour dans ma carrière où je gagnerai le globe en slalom ou que je me dirai que je suis trop vieux pour le slalom, que j’en ai assez et que je veux avoir un nouvel objectif. Peut-être que je commercerai à ce moment-là.»
Pour l’heure, Loïc Meillard, en pleine possession de ses moyens, attend avec impatience l’ouverture du portillon de départ. Rendez-vous ce dimanche, à l’occasion du traditionnel géant de Sölden.