Un an après s'être retiré du circuit, Lucas Pinheiro Braathen fait son retour en Coupe du monde sous les couleurs du Brésil, pays de sa mère. Sa conférence de presse haute en couleur à Sölden montre que le skieur de 24 ans a de grands projets.
Le Norvégo-Brésilien, vainqueur du globe du slalom lors de la saison 2022/23, vise à nouveau les sommets, sur les pistes comme en dehors. «Je suis un showman. Nous sommes ici pour le divertissement et pour les histoires que le ski véhicule», lance-t-il lors d'une conférence de presse organisée jeudi sur les hauteurs de Sölden. «Je ne suis pas revenu pour être simplement présent, je veux être le meilleur!»
Caïpirinha et pão de queijo
Celui qui représentait auparavant la Norvège a donné rendez-vous aux médias sur le Gaislachkogel, dans un restaurant gastronomique situé à plus de 3000 mètres d'altitude. Là-haut, il sirote une caïpirinha accompagnée de pão de queijo, des boulettes de fromage brésiliennes. «Son plat préféré», explique le serveur.
Le cadre est peu conventionnel et spectaculaire, voire excentrique. A l'image de Lucas Pinheiro Braathen qui, ce jour-là, cache ses cheveux sous une casquette blanche duveteuse, porte un pantalon beige large, une épaisse doudoune et, en dessous, un t-shirt vert foncé à manches longues très ajustées. Une centaine de journalistes ont répondu à l'invitation.
A 24 ans seulement, ce fils d'une Brésilienne de la région de São Paulo et d'un père «de la forêt norvégienne», comme le décrit Pinheiro Braathen, est en quelque sorte l'antithèse du monde conventionnel du Cirque blanc.
Il n'était plus heureux
Pinheiro Braathen n'a rangé ses skis qu'un an. Il s'est temporairement retiré avec le statut de meilleur slalomeur du monde parce qu'il n'en pouvait plus des structures rigides de la fédération norvégienne de ski, qui, selon lui, ne laisse que peu de marge de manœuvre aux athlètes pour se vendre.
Son fils n'était plus du tout heureux, raconte le père, Björn Braathen. Il y a un an, celui-ci lui aurait dit à Sölden qu'il n'en pouvait plus. La sortie de secours a donc été choisie. S'en est suivie la phrase: «I'm out».
Il a d'abord apprécié vivre de ses autres passions – la musique et la mode – avant de se rendre compte qu'il était «meilleur skieur que mannequin». Il veut désormais être au ski ce qu'ont été Ronaldinho au football, ou Dennis Rodman au basket. Un artiste génial et déjanté.
Aujourd'hui, Pinheiro Braathen revient en tant que Brésilien et ne doit plus se soumettre aux directives de la fédération norvégienne. Ses puissants sponsors lui ont déroulé le tapis rouge. Il a trois entraîneurs de ski dans son «Team Pinheiro», en plus d'un préparateur physique, d'un serviceman, d'une responsable marketing, d'un photo- et vidéo-journaliste personnel, et de son père comme manager.
«Secouer» et «moderniser» le ski
Tout à fait dans l'esprit de ses sponsors, Braathen Pinheiro passe aussi à l'offensive verbalement, prononçant des phrases-chocs: «Toute ma vie, j'ai essayé de me fondre dans la masse. Pendant 18 ans, j'ai essayé d'être aimé de tout le monde et il m'a fallu 18 ans pour réaliser que cela me nuisait». Ou encore: «Je pense que notre sport ne s'améliorera que lorsqu'il permettra davantage de diversité»
Dans son nouveau chapitre, Pinheiro Braathen ne veut pas seulement redevenir le meilleur. Il veut aussi changer le ski de compétition – «le secouer», «le moderniser» et «y apporter plus de rock'n'roll». Il désire en outre «inciter les Brésiliens à skier», «construire une armée brésilienne du ski».
Son credo est le suivant: réalise tes rêves, sois libre, épanouis-toi. «Tu peux être qui et ce que tu veux», assure-t-il. Lui-même est à nouveau l'une des figures de proue de la Coupe du monde de ski alpin.
jos, ats