Un président, Pablo Longoria, qui se met en retrait avec ses plus proches collaborateurs, un entraîneur, Marcelino, dont personne ne sait s'il sera sur le banc jeudi à Amsterdam: c'est la crise à l'OM
L'OM est entré en pleine crise et en plein flou mardi, sur fond de conflit entre la direction et certains supporters.
A l'OM, l'instabilité est une seconde nature et les coups de chaud une habitude. La journée de mardi en a été une nouvelle preuve avec une incertitude à peu près totale autour de l'avenir des principaux dirigeants du club, qui s'est étirée jusqu'aux dernières heures de la soirée.
Au bout du compte, Pablo Longoria, le directeur du football Javier Ribalta, le directeur général Pedro Iriondo et le directeur financier Stéphane Tessier ont donc choisi de «se mettre en retrait» pour «réfléchir» à leur avenir au sein de l'OM, a expliqué à l'AFP une source ayant connaissance du dossier.
En fin de soirée, aucune information n'avait en revanche été donnée à propos de l'entraîneur Marcelino. Espagnol comme Longoria, dont il est un ami de longue date, Marcelino est arrivé cet été à l'OM en remplacement d'Igor Tudor et était déjà fragilisé par un début de saison très mitigé.
On ne sait donc pas s'il sera encore l'entraîneur de l'OM ce jeudi face à l'Ajax Amsterdam lors des débuts du club provençal en Ligue Europa, ou dimanche au Parc des Princes face au Paris SG.
«Inadmissible, intolérable»
Impensable il y a encore une semaine, cette crise ex nihilo a pris corps dimanche, au bout d'un sinistre match nul 0-0 concédé face à Toulouse. Mais le feu a réellement pris lundi soir lors d'une réunion prévue de longue date et organisée dans la petite salle de conférence de presse de la Commanderie, le centre d'entraînement du club.
Là, Longoria, Ribalta, Iriondo et Tessier ont représenté l'OM face à des représentants des clubs de supporters lors d'une rencontre décrite comme «très tendue» par l'un des participants.
«Des représentants des associations de supporters ont exprimé leur souhait de voir l'actuel Directoire de l'OM démissionner. La menace d'une +guerre+ (sic) à leur égard a été émise, tant qu'ils ne démissionneraient pas», a expliqué l'OM mardi soir dans un communiqué long et parfois nébuleux.
«Le Directoire de l'OM ne peut accepter les menaces personnelles. Ses membres ne peuvent tolérer des attaques individuelles et toute forme de diffamation publique infondées. Une relation basée sur l'intimidation ne peut garantir les conditions minimales acceptables pour que le Directoire du club puisse continuer à s'investir pour la transformation de l'OM», a ajouté le club.
Les quatre principaux dirigeants marseillais ne se rendront donc pas à Amsterdam, mais «aucune décision n'a été prise» quant à leur maintien ou non dans leurs fonctions.
«S'ils ne sont pas là pour représenter l'OM à Amsterdam, c'est pour montrer qu'ils ne peuvent pas mener leur mission en l'état et que ce qui s'est passé est inadmissible, intolérable», a ajouté une autre source interrogée par l'AFP.
Pétition pour Longoria
Plus tôt dans la journée, Eurosport Espagne avait même assuré que Longoria s'apprêtait à démissionner après avoir reçu «des menaces de mort». Un participant à la réunion de lundi a cependant démenti auprès de l'AFP que de telles menaces aient été proférées à la Commanderie.
Mais le ton a été plus que vif et de nombreux reproches ont été adressés à Longoria et à ses collaborateurs, autour des résultats obtenus, du jeu proposé, du mercato et, plus généralement, de la politique sportive du club. Et leur démission a bien été réclamée.
Il y a 18 mois, en mars 2022, Longoria avait déjà été marqué par la virulence de certains représentants des groupes de supporters lors d'une rencontre similaire, qualifiée de «très chaude» par l'un des participants.
Le dirigeant espagnol, qui était alors directeur sportif de l'OM, avait lui-même été nommé président peu après l'attaque de la Commanderie en janvier 2021 par des supporters, furieux de la gestion du président d'alors, Jacques-Henri Eyraud.
Dans la journée, une pétition en faveur de Longoria a été lancée sur les réseaux sociaux et avait déjà recueilli plus de 20'000 signatures en fin de soirée, signe de la popularité intacte du président du club auprès d'une large partie des supporters.
En tout état de cause, le départ du jeune dirigeant (37 ans) serait un séisme. Celui de Marcelino serait sans doute moins durement ressenti. Depuis trois ans et l'arrivée de Longoria au club, il est en effet déjà le cinquième entraîneur en poste.
ATS