Avec sept candidats en lice pour succéder à l'Allemand Thomas Bach, jamais une élection à la présidence du CIO n'a été aussi ouverte. Ses règles particulières, édictées il y a un siècle, en renforcent encore l'incertitude.

Depuis 1925, les candidats s'affrontent par tours successifs jusqu'à ce que l'un d'entre eux obtienne une majorité absolue auprès des membres du CIO, réunis à huis clos et qui doivent désormais laisser leurs appareils électroniques à l'entrée.
Tant que ce n'est pas le cas, chaque tour élimine le candidat le moins bien classé, quitte à organiser un vote intermédiaire en cas d'égalité : Thomas Bach annoncera à la session le nom du partant sans donner les scores de ses rivaux, qui seront seulement connus une fois le vainqueur proclamé.
Avec sept candidats, le scrutin de jeudi peut donc aller jusqu'au sixième tour et si les finalistes obtiennent par deux fois le même nombre de suffrages, Thomas Bach pourra se mêler au vote pour les départager.
En pratique, l'élection au CIO n'a jamais dépassé le deuxième tour, même lorsque Thomas Bach a été élu en 2013 face à cinq rivaux, avant d'être reconduit à la quasi-unanimité (93 oui, un non) en mars 2021. Mais personne ne se hasarde cette année à désigner un seul favori.
S'il y a actuellement 109 membres actifs du CIO, il faut retirer du vote le président de l'organisation – sauf en cas de départage final – et, surtout, tous les membres issus du même pays qu'un des candidats tant que celui-ci n'est pas éliminé.
Côté français, Guy Drut, Martin Fourcade et le président de la fédération internationale d'aviron Jean-Christophe Rolland devront donc s'abstenir tant que David Lappartient sera encore en lice.
Comme le Britanno-Suédois Johan Eliasch est affilié par le CIO au comité olympique britannique, le premier tour devrait donc impliquer moins de 100 membres, un nombre qui augmentera au fil des éliminations.
Tendances difficiles à lire
En mêlant athlètes, patrons de comités nationaux olympiques et de fédérations internationales, représentants de l'industrie sportive et dirigeants politiques, aux cultures et intérêts personnels distincts, le CIO est un club si hétéroclite qu'il n'est pas évident d'en dégager des logiques de vote.
Les règles drastiques de confidentialité de la campagne interdisent par ailleurs tout soutien explicite d'un membre du CIO, et les candidats savent aussi combien les signaux de sympathie qu'ils reçoivent sont à prendre avec des pincettes.
Le Britannique Sebastian Coe, candidat à la présidence et chef d'orchestre des JO 2012 de Londres, aime ainsi rappeler qu'il n'a «jamais rencontré de membre du CIO qui n'ait pas voté pour Londres», alors que la capitale britannique n'avait battu Paris qu'au dernier tour de scrutin, par 54 voix contre 50. Enfin, le passage d'un tour à l'autre sans discussions possibles, et sans connaître les scores ni même l'ordre des candidats encore en lice, rend les reports aussi cruciaux qu'imprévisibles.
Le vainqueur du scrutin de jeudi entrera en fonctions le 24 juin prochain, pour un premier mandat courant jusqu'en juin 2033, avant une éventuelle réélection pour quatre ans: dans l'histoire du CIO, chaque président qui s'est représenté a été reconduit sans opposition.
Mais il faudra pour cela respecter la limite d'âge de 70 ans, qui peut être prolongée de quatre ans: parmi les sept candidats, seul Sebastian Coe ne serait pas en mesure d'achever un premier mandat, puisqu'il aura 74 ans en 2030.
Selon les règles actuelles, un seul mandat serait possible pour l'Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior et le Japonais Morinari Watanabe, 65 ans chacun, et pour le Britanno-Suédois Johan Eliasch, 62 ans.