Le Tour de France est-il déjà joué ? Tadej Pogacar a pris une sérieuse option sur une troisième victoire finale, mais Jonas Vingegaard mise sur un jour sans du Slovène pour renverser la vapeur lors d'une troisième semaine où la course pourrait s'ouvrir.
Quelle est la situation après deux semaines ?
Alors que le peloton se reposait lundi à Gruissan, les positions semblent figées avec des écarts déjà vertigineux au général. Pogacar possède 3'09 d'avance sur Vingegaard qui lui-même devance Remco Evenepoel de 2'10. Le quatrième, Joao Almeida, pointe à plus de dix minutes de son coéquipier et maillot jaune et le premier Français, Guillaume Martin (16e) à 38 minutes. Si la lutte, secondaire, pour une place dans le top 10 s'annonce intense, le podium est déjà bien établi et il faudra un renversement conséquent pour le faire bouger.
Pogacar peut-il encore perdre le Tour ?
«Ça commence à sentir bon», a déclaré le Slovène dimanche après sa deuxième victoire en deux jours dans les Pyrénées. Le leader d'UAE, lauréat en 2020 et 2021, est en position idéale pour reconquérir son bien et réaliser un doublé Giro-Tour inédit depuis 1998. Le principal doute provient de la difficulté des dernières étapes.
Vendredi, le peloton va monter très haut pour l'étape reine avec le col de Vars, la cime de la Bonnette (2802 m!) et Isola 2000 au programme, des altitudes où Pogacar a souffert par le passé. Samedi, l'étape vers le col de la Couillole est terrible aussi et le chrono final exigeant entre Monaco et Nice rappelle celui de Combloux où Vingegaard avait fait exploser Pogacar l'an dernier.
Pourquoi Pogacar est-il si fort cette année ?
De son propre aveu, Pogacar ne «s'est jamais senti aussi fort». Rien à voir avec 2023 où il était arrivé, comme Vingegaard cette année, sur une préparation tronquée par une fracture au poignet. Cet hiver, le Slovène a changé d'entraîneur pour davantage travailler le contre-la-montre et surtout axer sa préparation «plus spécifiquement sur la haute montagne», selon Mauro Gianetti, son manager chez UAE. Vainqueur haut la main du Tour d'Italie en mai, Pogacar semble avoir encore des réserves car, même si l'enchaînement Giro-Tour est éreintant, il a peu couru le reste du printemps.
Qu'en pense la concurrence ?
Elle apparaît résignée et frustrée face à la domination de Pogacar et Vingegaard dont le duel les empêche de mener des échappées au bout. «Lorsqu'ils m'ont dépassé, c'est comme si on ne faisait pas le même sport. Ça donne envie de les détester, mais ce sont des gars cool et ça rend le cyclisme spectaculaire», a commenté dimanche le Norvégien Tobias Johannessen, repris dans la montée finale.
La performance de Pogacar qui a pulvérisé de près de quatre minutes le record d'ascension du Plateau du Beille appartenant depuis 1998 à Marco Pantani (Vingegaard et Evenepoel l'ont battu aussi) réalimente aussi la machine à soupçons. Pogacar, qui a toujours fermement démenti avoir recours au dopage, a mis en avant le fait qu'il a longtemps profité de l'aspiration de l'équipe Visma et de Vingegaard pour expliquer son temps.
Quels sont les autres enjeux ?
Révélation de cette 111e édition avec trois victoires, l'Erythréen Biniam Girmay, doté d'une avance confortable au classement par points, peut définitivement valider le gain du maillot vert mardi lors de la dernière occasion pour les sprinters à Nîmes. Mais il faudra ensuite arriver encore jusqu'à Nice.
Le maillot à pois du meilleur grimpeur est actuellement sur les frêles épaules de Vingegaard qui le porte par procuration puisqu'il est deuxième de ce classement derrière Pogacar. Le gagner intéresse peu le Danois, habitué à mieux. Le maillot blanc de meilleur jeune semble promis à Remco Evenepoel. Les baroudeurs, dont de nombreux Français, espèrent surtout que les armadas UAE et Visma leur laissent plus d'ouvertures en troisième semaine pour chasser des étapes, notamment mercredi et jeudi.
AFP