La 37e Coupe de l'America démarrera dans un peu moins de deux ans, et Alinghi Red Bull Racing est déjà à pied d'oeuvre à Barcelone comme en Suisse.
«Il s'agit pour l'heure de créer une dynamique de travail», lâche Pierre-Yves Jorand, co-directeur et responsable sportif du défi suisse.
«Beaucoup de monde travaille à Barcelone et en Suisse, dans nos différents départements», souligne-t-il. «La sailing team comprend ainsi une quinzaine de marins, qui sont entourés par tout un staff s'occupant de la préparation mentale, physique, physiologique, médicale, mais aussi de la sécurité» énumère-t-il.
Challenge technologique
«Le département design comprend lui des ingénieurs, des designers, des architectes. Il est en charge de l'analyse des performances, de la simulation, de l'analyse des matériaux. Le challenge est très technologique pour cette 37e édition», rappelle Pierre-Yves Jorand dans un entretien accordé à Keystone-ATS.
«Il y a également l'équipe de construction et de maintenance qui s'occupe du bateau dès qu'il rentre au port afin de le préparer au plus vite pour sa sortie du lendemain. En Suisse, on est en train de monter l'équipe qui construira notre futur bateau dans nos ateliers à Lausanne. Il y a encore la partie administrative, le marketing, les finances, les médias...», poursuit-il.
«Tout ce petit monde est basé depuis peu à Barcelone, où on travaille au quotidien. Aujourd'hui, une centaine de personnes travaillent sur ce projet. C'est un chiffre de croisière, qui évolue néanmoins en permanence», précise encore l'ancien skieur de vitesse, qui avait d'ailleurs représenté la Suisse aux JO d'Albertville en 1992 dans la discipline.
Cicatrice béante
On l'a compris, Alinghi et son patron Ernesto Bertarelli veulent mettre tous les atouts de leur côté pour récupérer l'Aiguière d'argent à l'automne 2024 à Barcelone. «La défaite subie en 2010 (à Valence, face au défi américain Oracle, sur le score de 2-0) avait été difficile à encaisser. La cicatrice était béante, il a fallu pas mal d'années pour qu'elle s'estompe», glisse Pierre-Yves Jorand.
«Notre propriétaire attendait surtout que le Protocole (réd: le règlement qui régit la compétition) soit attractif. On compare toujours l'America's Cup à l'Everest de la voile. Pour avoir une chance de le gravir, il faut un bulletin météo irréprochable. Pour nous, ce bulletin est tombé l'an dernier. Quand on l'a lu, on a compris que c'était le bon moment pour revenir», poursuit-il.
«Une fusion magnifique»
En quoi le Protocole est-il particulièrement attractif? «On craignait qu'il y ait trop de temps avant la prochaine Coupe. Mais 2024, c'est dans nos plans. On voulait aussi que les bateaux (réd: des monocoques à foils AC75) puissent perdurer sur la 37e puis sur la 38e édition. Et la règle de nationalité (réd: tous les membres d'équipage doivent posséder la même nationalité) nous parlait», explique Pierre-Yves Jorand.
«Le format de la compétition nous intéressait aussi. L'introduction d'une épreuve pour les femmes et la reconduction d'une America's Cup pour les jeunes a également attiré Red Bull Racing», souligne-t-il. «L'amour du sport, de la voile, de la compétition, de la technologie et de la vitesse nous inspire depuis toujours. L'ADN d'Alinghi est de construire des bateaux rapides, qui volent», ajoute-t-il.
«On a une équipe qui navigue depuis 2010 sur ces multicoques. Elle est très performante, c'est donc d'autant plus le bon moment pour nous relancer dans cette aventure», répète Pierre-Yves Jorand, pour qui la règle de la nationalité n'a pas été difficile à appliquer: «Le foiling, les multicoques et les bateaux rapides font partie de la culture suisse de la voile. On a reçu 30 dossiers de candidats», souffle-t-il, alors que seuls huit marins prendront place à bord.
Le partenariat avec la Red Bull Racing Team est forcément prometteur. «C'est une fusion magnifique. On est en mode start-up, mais à grande échelle, Alinghi a l'expérience du foiling, Red Bull amène sa technologie via la Formule 1. Nous avons beaucoup d'échanges avec l'écurie et ses ingénieurs. Cette fusion nous pousse à amener beaucoup de créativité», assure Pierre-Yves Jorand.
«Stimuler les échanges»
Cette créativité est indispensable pour mener à bien ce projet au long cours. Tout comme les échanges entre les différents départements. «On parle beaucoup du bateau, du barreur, des équipiers. Mais il ne faut surtout pas oublier ceux qui oeuvrent derrière la scène, comme pour une écurie de Formule 1», explique-t-il.
«Pour nous, l'important est de s'être très vite mis au travail avec cette nouvelle équipe. Il s'agit pour l'heure de créer une dynamique de travail», lâche Pierre-Yves Jorand. «Notre but est d'emmagasiner un maximum d'heures de navigation pour connaître au mieux le plan d'eau. Pour construire notre nouveau bateau, nous aurons besoin de bonnes idées. Pour trouver ces idées, il faut un bon feedback, que l'on obtient en naviguant», précise-t-il.
«Il faut stimuler les échanges entre les marins et l'équipe de designers pour avoir tous éléments afin de dessiner, je l'espère, le bateau le plus rapide de cette 37e Cup», clame-t-il. Qu'est-ce qui pourrait faire la différence en septembre et octobre 2024: «Avoir des ailes qui nous portent encore plus vite et plus loin», rigole Pierre-Yves Jorand.
gma, ats