Le meilleur pour la fin. A l'arrivée la semaine prochaine aux Sables-d'Olonne, Dalin, Richomme et Simon devraient pulvériser le record du Vendée Globe, bien aidés par une météo exceptionnelle et des bateaux plus rapides et polyvalents que jamais.
«Tout est réuni pour le battre et je pense qu'il le sera», avait très justement prédit avant le départ le détenteur du record Armel Le Cléac'h, qui avait bouclé son tour du monde victorieux en 2017 en 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes.
Selon les derniers routages, les deux leaders Charlie Dalin (Macif) et Yoann Richomme (Paprec Arkéa) pourraient passer la ligne d'arrivée mardi, améliorant le marque de neuf jours -du jamais vu depuis 2001-, suivi de près par Sébastien Simon (Groupe Dubreuil).
«Cela paraît démentiel, mais il y a une logique et ils auraient même pu être encore plus rapides», estime Maxime Sorel, engagé malchanceux dans ce 10e Vendée Globe, contraint à l'abandon au large de Madère après une blessure à la cheville.
Nouvelle génération
«En 2016, on en était à la première génération de foilers. L'édition 2020 a mis en avant les premiers voiliers à grands foils, mais la météo n'a pas été au rendez-vous. Là on est sur une nouvelle génération encore plus performante et fiable», détaille-t-il.
Preuve en est, sur les 25 Imoca (monocoque de 18 mètres) à foil engagés au départ, 4 seulement ont abandonné et les dix premiers du classement n'ont cessé d'améliorer la distance maximum parcourue en 24 heures pendant leur traversée.
Filant vers le Cap de Bonne Espérance fin novembre, Sébastien Simon a avalé 615 milles (1.139 km) en 24 heures, établissant le nouveau mètre étalon du Vendée Globe. Avant le départ, le record était à 540 milles, signé par le Britannique Alex Thomson en 2017.
«Ces bateaux ont un potentiel incroyable. On arrive à aller vite dans plein de conditions différentes», apprécie Richomme, qui a régulièrement dépassé les 22 noeuds en une journée (plus de 40 km/h de moyenne), dans le petit, moyen ou le gros temps.
«Neuf jours de moins, c'est quand même un truc de malade. On voyait que c'était possible sur les routages théoriques, mais il nous fallait la météo qui allait bien», détaille le navigateur varois.
Météo clef
Malgré les qualités de leurs bateaux, les skippers ont toutefois mis du temps à rattraper la trace du «chacal», après quinze premiers jours particulièrement calmes dans la descente de l'Atlantique.
«Pour faire un record, avoir une bonne météo est la clef», explique à l'AFP le météorologue de la course Christian Dumard. «Mais ce départ lent était une bonne mise en jambe, les marins sont arrivés dans le sud bien amarinés avec des voiliers en bon état».
«Avec une deuxième partie d'Atlantique très rapide et un Indien tonique mais favorable aux trois premiers, ils ont repris Armel à la moitiée du parcours et ont ensuite eu des bons enchaînements», détaille M. Dumard.
Lui aussi est impressionné par les temps annoncés à l'arrivée. «Avant, les bateaux pouvaient se retrouver bloqués dans le très gros temps. Ils arrivent à aller vite dedans maintenant, les skippers et les bateaux tiennent le coup», avance le météorologue.
Du côté des concernés, dont les corps sont tout de même de plus en plus martyrisés par les chocs violents liés à la vitesse, on reste ravis du voyage, mesurant «l'opportunité unique» de faire un tour du monde à bord d'une F1 des mers.
«Si je refais des tours du monde, il y a un très faible pourcentage de chance que je retrouve des conditions aussi clémentes», admet Dalin, dont la trace autour du monde est appelée à être la nouvelle référence pour les prochaines années.