European Masters «La meilleure période de l'histoire du golf suisse»

ATS, par Rolf Bichsel

6.9.2024 - 10:42

Le golf helvétique vit de bons moments. «Faux», corrige Marc Chatelain, responsable du sport de compétition au sein de la fédération. «C'est la meilleure période de l'histoire du golf suisse.»

Cedric Gugler s’est illustré lors du 1er tour de l’European Masters à Crans-Montana.
Cedric Gugler s’est illustré lors du 1er tour de l’European Masters à Crans-Montana.
KEYSTONE

L'European Masters a confirmé cette tendance, du moins au début du tournoi. Avec l'amateur Nicola Gerhardsen (22 ans) et le Bâlois Cedric Gugler (24 ans), deux Suisses en pleine ascension ont bouclé le 1er tour dans le top 10. Gerhardsen passera pro la semaine prochaine, et Gugler a remporté trois tournois cette saison et a réussi à passer au deuxième niveau le plus élevé (Challenger Tour).

Les golfeurs suisses compétitifs sont soudain nombreux. Les Thurgoviens Joel Girrbach (30 ans) et Benjamin Rusch (34 ans) disputent cette saison le grand circuit européen, et Girrbach est en bonne voie pour décrocher sa carte pour la saison prochaine. Le Grison Jeremy Freiburghaus a joué l'année dernière sur le DP World Tour, nouveau nom de l'European PGA Tour.

19 ans après

Auparavant, aucun Suisse n'avait réussi à se hisser sur le grand circuit européen pendant 19 ans: dans les années 90, le Zurichois André Bossert (60 ans) et le Tessinois Paolo Quirici (56 ans) étaient même devenus les premiers Suisses à s'y maintenir pendant plusieurs années.

Avant l'essor de ces dernières saisons, la Suisse était considérée – sans compter les petits Etats comme le Luxembourg ou le Liechtenstein – comme la nation d'Europe occidentale de loin la plus faible dans le golf masculin. Comment le redressement a-t-il été possible ?

«Nous avons transformé le secteur sportif. Nous nous sommes installés dans les régions avec les bases de la promotion. Nous investissons davantage et nous nous efforçons d'être professionnels», explique Marc Chatelain. Les Suissesses ont accéléré le redressement avec des participations aux Jeux olympiques de 2016 et 2021. «Les femmes ont pris les devants, les hommes suivent maintenant», ajoute Chatelain.

L'euphorie est prématurée

Mais il est encore trop tôt pour l'euphorie, les progrès doivent être confirmés. La principale difficulté de la première saison après une promotion est la différence de niveau. Avec une performance qui lui vaut une 10e place sur le Challenge Tour, un joueur est éliminé après deux tours sur le grand circuit. Un joueur échoue forcément s'il ne peut pas s'adapter à ces nouvelles conditions.

Pour Benjamin Rusch, il n'est pas certain qu'il puisse récupérer sa carte du Tour pour la saison prochaine. Jeremy Freiburghaus l'a également perdue en 2023. Les hommes ne sont pas encore prêts, contrairement à Albane Valenzuela et aux sœurs Kim et Morgane Métraux – toutes trois dans la fleur de l'âge, entre 26 et 28 ans, et joueuses confirmées du circuit.

Trop peu de places

Swiss Golf a également des limites structurelles: «Il n'y a que cent terrains de golf en Suisse – et ils sont bien remplis», explique Chatelain. «En Suisse, nous ne disposons que de 6000 juniors de moins de 18 ans, et parmi eux, moins de la moitié dispose d'un handicap ou joue de manière ambitieuse. D'autres pays comme la Suède disposent de dix fois plus de jeunes joueurs.»

On cherche des moyens de rendre le sport plus attractif pour les jeunes. Les obstacles financiers dans les clubs tombent. Au club de Crans-sur-Sierre, le droit d'entrée pour les moins de 35 ans a ainsi été abaissé de 8000 à 2500 francs. Cela a entraîné de nombreuses réadmissions. «Nous constatons un net changement ces dernières années. Le sport n'est plus réservé à ceux qui ont le temps ou l'argent», explique Thomas Grech, directeur du club de Verbier.

Qui sait ? Peut-être que dans un avenir proche, un Suisse gagnera effectivement à nouveau un tournoi sur le circuit, comme André Bossert en avril 1995 à Cannes. Nicola Gerhardsen, Cedric Gugler, Joel Girrbach et d'autres ont le potentiel pour y parvenir, le trio féminin aussi.

ATS, par Rolf Bichsel