Avec le retrait de Mujinga Kambundji et les incertitudes autour de l’état de forme d’Ajla Del Ponte, le relais féminin du 4x100 m se retrouve pour l'heure orphelin de ses deux fers de lance. En marge du meeting d’Athletissima, Sarah Atcho, Salomé Kora et Melissa Gutschmidt sont revenues sur le chantier qui attend la formation suisse à moins de deux mois des Championnats du monde de Budapest.
L’annonce, faite la semaine dernière, a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu de l’athlétisme suisse : toujours gênée par des douleurs à son pied gauche, Mujinga Kambundji a décidé qu’elle s’alignerait uniquement sur 100 m cette saison. Un coup dur pour le relais féminin du 4x100 m, qui devra faire sans sa locomotive historique.
S’ajoute à cela les pépins physiques d’Ajla Del Ponte. La Tessinoise est en train de retrouver gentiment la compétition et ne s’est pas encore prononcée sur ses ambitions concernant le rendez-vous planétaire d’août. Avec ces deux absences de marque, la formation helvétique se cherche désormais de nouvelles leadeuses pour emmener un groupe rajeuni.
Sarah Atcho et Salomé Kora, au sein de l’équipe depuis plusieurs années, devraient naturellement reprendre le flambeau. «Je veux que ce soit mon relais. J'aimerais vraiment être un des piliers», a ainsi reconnu la Vaudoise de 28 ans vendredi dernier à Athletissima.
Sa coéquipière saint-galloise de 29 ans n’en pense pas moins. «Avec Sarah, nous sommes les deux qui ont le plus d’expérience dans l’équipe. C’est clair, les filles (ndlr : Del Ponte et Kambundji) nous manquent, mais nous allons tirer le meilleur de cette situation et prendre clairement ce rôle de leadeuses», a avancé Kora.
Pour Atcho, c’est un retour au premier plan après une année 2022 compliquée, durant laquelle elle avait notamment été écartée du relais aux Européens de Munich l’été dernier. Mais après la rancoeur, elle entend bien ouvrir un nouveau chapitre. «Cette année, ce n'est même pas une question. Le but, c'est vraiment de faire partie de l'équipe. Et pas d'en faire partie car il y a des places qui se sont libérées, mais parce que je le mérite», a martelé la Lausannoise.
Ça se bouscule au portillon
Prêtes à prendre leurs responsabilités, Atcho et Kora devront d’abord entourer au mieux les nouveaux éléments. Vendredi à la Pontaise, elles ont ainsi couru aux côtés de Céline Bürgi (23 ans) et Lena Weiss (29 ans) pour se classer au 3e rang en 43’’35, à plus d’une seconde du record de Suisse établi aux Jeux olympiques 2021 à Tokyo (en 42’’05). Le chantier reste donc grand.
«Je pense clairement qu’on doit encore beaucoup travailler : le sprint individuel, c’est clair, mais également sur les passages de relais. Il y a aussi celles des M23 (ndlr : qui ont couru en 44’’30 à Athletissima) qui vont nous rejoindre après leurs Européens (ndlr : à Espoo, en Finlande) dans deux semaines. On va donc devoir beaucoup travailler», a relevé Salomé Kora.
Et les prétendantes à une place dans ce 4x100 m ne manquent pas. Présente l’été dernier à Munich, où la Suisse avait été éliminée dès les séries, Melissa Gutschmidt en a même fait l’un de «ses projets». «J’ai refusé les Universiades et les Jeux de la Francophonie pour aller aider en août le relais», a expliqué la sprinteuse de 21 ans.
«L’absence de Mujinga et Ajla ? Il y a du négatif comme du positif»
Membre du 4x100 m suisse
Pour cette dernière, les récents échecs, dont la décevante 7e place aux Mondiaux à Eugene, ont renforcé l’équipe. «On a beaucoup appris de l’année passée, notamment le fait qu’on n’ait pas assez intégré les nouvelles. Cela a remis en question beaucoup de choses au niveau des élites qui sont là depuis longtemps», a détaillé l’athlète d’Etagnières. «Je pense qu’on a un bel état d’esprit. Il n’y a pas d’un côté les ‘vieilles’ et d’un autre les nouvelles. On est désormais une Team et c’est ça qui fait la différence je pense.»
Voyant Sarah Atcho «comme une locomotive parce qu’elle incarne vraiment l’esprit de l’équipe», Gutschmidt est consciente de ce que la perte de Mujinga Kambundji et Ajla Del Ponte représente. Mais pas seulement. «Il y a du négatif comme du positif, dans le sens où on intègre mieux les nouvelles. On doit travailler avec de nouvelles personnes. C’est cool, ça amène de l’expérience et ça laisse une ouverture pour d’autres. Après, c’est clair qu’au niveau de la perf’, c’est quand même deux filles ‘fast’ qui se retirent. Forcément, la performance est moins bonne», a-t-elle reconnu.
Mais malgré ces chamboulements, les ambitions pour le relais du 4x100 m, qui fut pendant de nombreuses années la figure de proue de l’athlétisme helvétique, restent hautes. «Le but pour Budapest est de se qualifier pour la finale. Et ensuite, comme on le sait, tout peut arriver», a annoncé Salomé Kora. Le compte à rebours pour les Mondiaux, qui se tiendront du 19 au 27 août prochain, est lancé !