Des jambes de feu, mais pas que... Qui est Timothé Mumenthaler, la nouvelle pépite de l’athlétisme suisse ?

Clara Francey

9.9.2024

Entre son titre de champion d'Europe du 200 mètres et sa participation aux Jeux olympiques de Paris, le sprinter genevois Timothé Mumenthaler a vécu une saison 2024 exceptionnelle. Mais l'Onésien n'est pas qu'une bête de course. Il est aussi étudiant à l'EPFL et surtout un jeune homme de 21 ans. Rencontre.

Timothé Mumenthaler : les jambes et la tête

Timothé Mumenthaler : les jambes et la tête

Entre son titre de champion d’Europe du 200m et sa participation aux Jeux olympiques de Paris, le sprinter genevois a vécu une saison 2024 exceptionnelle. Rencontre avec l’Onésien, qui n’est pas qu’une bête de course, mais aussi étudiant à l’EPFL et surtout un jeune homme de 21 ans.

09.09.2024

Clara Francey

Pour sa première saison parmi le gratin mondial, Timothé Mumenthaler a, tel Mondo Duplantis, placé la barre haut : un titre continental glané lors de ses premiers Européens élite, une participation aux Jeux olympiques et deux apparitions en Diamond League, à Lausanne et Zurich.

Un accomplissement au goût de revanche pour un athlète qui, malgré son jeune âge, 21 ans, a déjà vécu plusieurs étés blancs en raison de problèmes récurrents aux ischiojambiers. «J'ai l'impression que tous mes efforts, tous mes sacrifices paient enfin et que je peux montrer mon vrai potentiel. Avant mon titre de champion d'Europe, j'avais le sentiment de courir contre des athlètes incroyables, mais sans vraiment en faire partie. Alors qu'aujourd'hui, je sens que je suis rentré dans une nouvelle dimension», se réjouit le Genevois.

Une couronne à double tranchant

S'il se dit plus qu'heureux d'être champion d'Europe, le jeune Suisse a dû se faire à son nouveau statut. «Les quelques semaines qui ont suivi le titre ont été compliquées car j'avais l'impression que les gens attendaient que je sois performant à chaque rendez-vous, alors que c'est impossible avec notamment les petits bobos qui émaillent une saison. Maintenant, je n'irais pas jusqu'à dire que cette couronne est un cadeau empoisonné, mais c'est une patate chaude qu'on nous lance et avec laquelle il faut apprendre à jongler», illustre l'athlète.

Malgré la pression engendrée, sa couronne continentale glanée le 11 juin à Rome ainsi que ses bonnes performances du début de saison ont permis au sprinter de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. Si sur le plan sportif tout ne s'est pas passé comme prévu sur le tartan du Stade de France, l'habitant d'Onex garde un souvenir merveilleux, et même indélébile, de ses premières Olympiades.

«C'était un rêve de gosse. Ça peut paraître bateau car tous les athlètes disent ça, mais c'est la vérité. J'ai commencé à en rêver après les JOJ 2018 à Buenos Aires. Je me suis entraîné six ans pour y arriver, alors pouvoir courir à Paris était une véritable consécration, un énorme soulagement et une super expérience», savoure celui qui est coaché par Kevin Widmer, ancien recordman suisse du 200 m.

Et de poursuivre : «Être olympien, c'est une énorme ligne dans le CV, quelque chose que je ne vais pas hésiter à préciser partout où je postulerai. Ça montre que le travail paie». Son expérience olympique, le Genevois ne l'a pas inscrite que dans son CV. Il l'a également gravée dans sa peau. «C'est vrai, je me suis tatoué les anneaux olympiques (sur le biceps). Symboliquement, je crois que la plupart des olympiens le font car les JO, c'est la quête d'une vie, le Saint-Graal», détaille celui qui incarne l'avenir de l'athlétisme helvétique.

Chef de file de la délégation Mumenthaler

S'agissant d'avenir, Timothé Mumenthaler nourrit un rêve fou pour 2028 : participer aux Jeux olympiques de Los Angeles avec ses deux petits frères.

«Colin fait de l'escrime. Il a décroché cette année l'argent en individuel aux championnats d'Europe junior et le bronze par équipe aux championnats du monde junior. Et Emile, le plus petit, s'est remis à l'athlétisme il y a une année après avoir fait du cyclisme et il a réalisé dès sa première année les minima pour les championnats d'Europe U18, explique l'aîné. Donc au vu de leur niveau actuel, je nourris l'espoir qu'on puisse se retrouver les trois frères ensemble à LA dans quatre ans. Ce serait incroyable».

Triple vie 

D'autant que Colin et Emile, comme leurs parents, représentent des pièces essentielles à l'équilibre du Genevois. Car en parallèle de sa carrière sportive, le champion d'Europe du 200 m a également une vie privée et une vie estudiantine à gérer, lui qui effectue un Bachelor en microtechnique à l'EPFL.

«Ce n'est pas évident de mener à bien deux niveaux d'excellence, si j'ose dire. C'est submergeant et ça demande des sacrifices. Mais heureusement, à l'EPFL, des aménagements sont prévus pour les sportifs d'élite. On a notamment la possibilité d'étudier à temps partiel, ce qui nous permet de nous entraîner et de garder un certain niveau de vie sociale. Ceci, couplé au fait que je suis bien entouré, me permet de garder la tête hors de l'eau», dévoile le jeune homme à la maturité déconcertante.

N'a-t-il tout de même pas parfois le sentiment de passer à côté de sa jeunesse ? «Une jeunesse traditionnelle, peut-être. Mais je crois que ma jeunesse à moi s'est construite autour du sport et, dans cette mesure-là, non, je n'ai pas l'impression de la louper car ma jeunesse, c'est mon sport. Et mine de rien, même si je ne suis pas aussi disponible qu'une personne qui ne fait pas de sport d'élite, il y a quand même des moments où je peux sortir avec mes potes, faire la fête et partir en vacances», révèle le sprinter de 21 ans.

S'il s'accordera en ce mois de septembre un peu de répit après une saison particulièrement intense, bien qu'il reprenne le chemin de l'école (Polytechnique Fédérale de Lausanne) cette semaine, l'Onésien entend continuer sur sa lancée dans les mois à venir.

«Académiquement parlant, mon prochain grand objectif c'est de réussir mes examens de la session d'hiver. Sportivement parlant, c'est de faire une finale aux Mondiaux l'année prochaine à Tokyo. Passer sous la barre symbolique des 10 secondes au 100 m est également bien évidemment un objectif de carrière. J'aimerais être le premier Suisse à le faire. 9''99, c'est un chrono que je vais réaliser d'ici deux, trois ou quatre ans», promet Timothé Mumenthaler. Le rendez-vous est donc pris.

Retrouvez notre entretien avec Timothé Mumenthaler dès ce lundi 9 septembre à 19h45 sur notre chaîne gratuite «blue Zoom» !