«La mort n'est pas un spectacle» Interdire la corrida aux moins de 16 ans ? Débat sensible en France

AFP

14.11.2024

Les uns entendent protéger les enfants de scènes «traumatisantes», les autres craignent «la mort» de la tauromachie en France: des débats animés se sont ouverts jeudi au Sénat (chambre haute du Parlement français) sur un projet d'interdiction des spectacles de corrida aux mineurs de moins de 16 ans.

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La proposition de loi de la sénatrice du parti du président français, Samantha Cazebonne, qui entend interdire l'organisation de spectacles de corrida en présence d'enfants de moins de 16 ans, paraît promise à un rejet à la chambre haute.

«Est-il acceptable que les mineurs soient témoins de la souffrance d'un être vivant, alors que leur compréhension des valeurs de compassion et de bienveillance est encore en pleine formation? Nous avons le devoir de protéger leur innocence», a lancé l'auteure du texte en ouverture des débats.

Ceux-ci promettent de réveiller quelques clivages entre défenseurs de la cause animale et partisans des traditions locales.

En témoigne l'écho médiatique de ce texte dans les territoires où la tauromachie reste une «tradition locale ininterrompue», les seuls où la corrida est encore autorisée à titre dérogatoire.

L'Union des villes taurines françaises (UVTF) a ainsi multiplié les initiatives pour dénoncer ce texte qu'elle considère comme «une attaque sans précédent» envers la tauromachie.

A l'inverse, les associations et collectifs anticorrida se sont saisies du dépôt de cette proposition de loi pour sensibiliser aux «dangers» de ces spectacles pour les mineurs: une pétition du collectif Protec (Protégeons les Enfants des Corridas) a réuni plus de 40.000 signataires.

«Permettre à un enfant d'assister à une corrida, c'est l'initier à la pratique d'un délit», s'indignent par ailleurs plus d'une centaine d'élus dans une tribune du journal Midi Libre publiée ces derniers jours.

«Il est de notre devoir d'éduquer les plus jeunes à refuser que la mort soit un spectacle», plaide pour sa part Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA.

La quarantaine de sénateurs cosignataires de ce texte se heurte à de vives réticences d'une majorité de leurs collègues. L'examen en commission la semaine passée l'a déjà prouvé, avec un large rejet de la proposition de loi.

Cette proposition «bafoue les libertés locales, nie le rôle des parents dans l'éducation des enfants et veut les empêcher de leur transmettre une culture et une identité», s'est indigné sur X Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques (département frontalier avec l'Espagne).

Divers arguments juridiques sont également avancés pour justifier un rejet, comme les sanctions prévues par le texte, pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.