Marc Crawford «J’ai mis dans l'embarras beaucoup de gens qui comptaient pour moi»

ats

30.10.2024 - 12:39

Champion en titre, Zurich connaît un début de championnat presque parfait. Le coach Marc Crawford a su évoluer en même temps que ses joueurs.

Le coach Marc Crawford a su évoluer en même temps que ses joueurs.
Le coach Marc Crawford a su évoluer en même temps que ses joueurs.
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Marc Crawford adore raconter une histoire de famille: un pique-nique à la mi-juillet. Seulement il n'y a pas qu'une nappe, un panier et des sandwiches. Son père Floyd Crawford, champion du monde avec le Canada en tant que joueur en 1959 et aujourd'hui décédé, utilise la salière et la poivrière pour donner des leçons de hockey sur glace à ses enfants. Entraîneur après sa carrière de joueur, Floyd Crawford avait le hockey dans le sang.

Alors forcément avec un tel exemple, difficile de ne pas attraper le virus au sein de cette famille de...neuf enfants! Marc Crawford n'est pas le seul à avoir joué en NHL, ses frères Bob et Lou ont également évolué au sein de la meilleure ligue du monde.

Après sa carrière de joueur, Marc Crawford a embrassé la carrière de coach. En 1996, il a soulevé la Coupe Stanley avec l'Avalanche du Colorado. En 1998, il a coaché le Canada de Wayne Gretzky aux JO de Nagano. De 2012 à 2016, il a effectué un premier passage à Zurichavec un titre en 2014. Revenu sur les bords de la Limmat fin 2022, il a permis aux Lions de remporter leur 10e titre de champion au printemps dernier.

Rester jeune

A 63 ans, Marc Crawford n'a rien perdu de sa passion pour le hockey. «J'apprécie me retrouver au milieu de ces jeunes joueurs qui me font rester jeune, dit-il dans un entretien avec l'agence Keystone-ATS. Tu peux t'habiller comme eux. J'écoute leur musique. Cela me donne une idée de ce qui se passe dans la prochaine génération. Je suis toujours très enthousiaste de voir les similitudes entre ma génération et les suivantes.»

Lorsqu'on lui demande dans quel domaine il a le plus évolué en tant que coach, Crawford répond: «J'espère que c'est au niveau de la patience et de la communication. J'ai développé mes instincts. Et l'expérience apprend à faire confiance. Mais je continue à évoluer.»

Le mea culpa de 2019

Par le passé, Crawford avait du mal à gérer ses émotions. Cela m'a conduit à «recourir à des paroles et à des actes inacceptables dans l'espoir de motiver les joueurs», avait-il écrit dans un communiqué à la mi-décembre 2019, après avoir été suspendu par les Chicago Blackhawks, alors qu'il officiait comme entraîneur adjoint. «Ce fut pour moi un processus douloureux pendant un certain temps, car j'ai mis dans l'embarras beaucoup de gens qui comptaient pour moi, admet-il. Aujourd'hui, l'un de mes objectifs de vie est de devenir chaque jour une meilleure personne. Je continue à faire mon introspection.» Mais le Canadien ne souhaite plus trop évoquer cette période.

Le fait que sa fille Katie soit une psychologue du sport et qu'elle ait fait des recherches sur le leadership et le travail en équipe lui est extrêmement utile. «Chaque fois que nous apprenons quelque chose sur nous-mêmes, nous apprenons comment fonctionne l'esprit», explique Crawford, pour qui la santé mentale est un sujet central. Son fils Dylan lui est également d'une aide précieuse, puisqu'il travaille comme coach vidéo avec les Vancouver Canucks et maîtrise les statistiques avancées. L'Ontarien apprécie particulièrement d'avoir un regard extérieur. Mais c'est à sa femme qu'il attribue la plus grande part de son succès: «Elle me comprend mieux que je me comprends moi-même!»

Les joueurs décident

Le fait que Zurich soit solidement en tête du classement de National League après 16 matches et 14 victoires n'est pas une surprise pour le pilote de la Swiss Life Arena. Et cela ne tient pas seulement à l'excellent effectif à disposition: «Après avoir remporté un titre, il est plus facile pour une équipe – surtout en début de saison – de bien jouer. Les joueurs ont mis en place les habitudes nécessaires pour réussir, ce qui fait que cela se transforme presque en réflexe. Nous voulons que les joueurs en soient conscients et nous les incitons à réfléchir à la manière dont ils jouent. Soit ils s'améliorent, soit ils régressent, mais personne ne reste jamais le même.»

Pour Crawford, ce ne sont pas les entraîneurs qui prennent les décisions, mais les joueurs. Ce sont eux qui décident de la direction à prendre. Après une victoire, il est logiquement plus difficile de trouver quelque chose à améliorer. «Mais en général, on y arrive toujours», précise-t-il.

Savoir savourer

Les Lions ne peuvent-ils finalement être battus que par eux-mêmes? «Nous connaissons nos possibilités. Mais il serait prétentieux de notre part de penser ainsi. La ligue n'a jamais été aussi ouverte avec plusieurs équipes capables de gagner. Il faut accepter le défi que quelqu'un essaie d'être meilleur que toi, c'est ainsi que la nature est faite.»

Lors de ces pique-niques en famille, Crawford n'a pas seulement appris des choses sur le hockey. Il a aussi appris à savourer le moment présent: «Il faut des moments où l'on se repose et où l'on prête attention aux autres. Il est difficile de dormir quand on pense toujours au back-checking ou à une occasion manquée.»

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