L'équipe de Suisse commence sa nouvelle saison jeudi à Helsinki dans le cadre de la Karjala Cup en affrontant la Finlande. Avant le départ lundi, Patrick Fischer a pris le temps d'accorder une interview à l'agence de presse Keystone-ATS.
Le sélectionneur évoque cette nouvelle campagne, revient sur la médaille d'argent du dernier Championnat du monde et sur l'évolution du hockey suisse
La saison dernière, vous aviez perdu 11 des 12 matches de l'Euro Hockey Tour. Qu'est-ce qui vous donne confiance pour que les choses se passent différemment cette saison ?
«Notre problème, c'était de marquer des buts. Ce qui me rend confiant, c'est que nous sommes en train de grandir. L'objectif de cette saison est d'équilibrer les résultats car nous sommes à la hauteur des meilleures nations.»
A 41 ans, Andres Ambühl fait partie de la sélection pour la Karjala Cup. Pourquoi ne pas donner sa chance à un jeune joueur ?
«Ambühl a de nouveau montré toute son importance lors du Mondial à Prague. Les choses ne se passent pas encore comme il le souhaiterait avec Davos cette saison, mais il a mérité cette convocation, comme d'autres participants au Championnat du monde.»
Il y a un an vous deviez expliquer une nouvelle déception. Aujourd'hui, vous avez fait taire vos détracteurs en remportant une nouvelle médaille d'argent au Mondial. Quel est votre degré de satisfaction ?
«Je suis juste très heureux que cela se soit passé ainsi. Ces derniers temps, nous avions eu du mal à performer quand ça comptait, alors nous nous sommes attaqués à ce problème. C'est pour cette raison que nous avons fait appel à Stefan Schwitter, qui nous a aidés à rester dans le moment présent. Ce thème nous a suivis tout au long de la saison. Avec les défaites lors de l'Euro Hockey Tour, la pression sur les joueurs a augmenté. La victoire en quarts de finale contre l'Allemagne m'a fait plaisir parce qu'elle a prouvé que nous étions capables de le faire. Même chose en demi-finale et lors de la finale. Cela nous a fait du bien.»
En toute franchise, à quel point avez-vous ressenti la pression ?
«Ce n'est un secret pour personne que si nous n'avions pas réussi une bonne campagne, j'aurais probablement dû faire mon sac. Ceci dit la pression ne m'a pas freiné et ce n'était pas comme si je n'arrivais plus à dormir. Je remercie tout particulièrement ma compagne et mon entourage proche qui m'ont énormément aidé. Après la victoire en quarts, j'ai senti un grand poids s'enlever de mes épaules.»
Malgré cette magnifique médaille d'argent, combien de temps avez-vous ruminé cette défaite en finale ?
«Ce fut extrêmement douloureux et cela a duré longtemps. Je n'avais encore jamais eu l'occasion de coacher une équipe avec un tel état d'esprit. Roman Josi fut un capitaine incroyable. Tout le monde s'est mis au service de l'équipe sans la moindre jalousie. C'est ce qui a rendu la chose si spéciale. Nous nous sentions prêts pour le titre. C'est lors du vol de retour que la déception fut la plus forte. Rien de comparable avec les défaites en finale de 2013 et 2018. Il s'agit maintenant de poursuivre sur notre lancée et de continuer à nous améliorer, car on ne veut toujours plus.»
Qu'a révélé l'analyse de la saison ?
«Nous avons pu construire beaucoup de bonnes choses. La prochaine étape est de gagner régulièrement en cours de saison. Nous voulons continuer à imposer notre rythme dans un match, mais nous devons savoir changer de rythme plus rapidement lorsque c'est possible.»
Nino Niederreiter s'inquiète du manque de jeunes talents poussant les vétérans. La Suisse possédait la deuxième équipe la plus âgée au dernier Mondial. Qu'en pensez-vous ?
«Cela fait longtemps que l'on se demande comment mieux former les jeunes pour les amener dans la ligue en ayant un temps de glace important. Nous devons aussi produire à nouveau de super joueurs qui accèdent directement à la NHL. Ces dernières années, nous n'y sommes pas parvenus. Il n'y a qu'une seule solution: un encadrement encore meilleur, davantage d'entraîneurs professionnels dans la relève et des structures encore meilleures.»
Le problème principal vient-il du fait que les clubs n'investissent pas assez d'argent tout en bas de la pyramide et qu'il y a un manque de savoir-faire ?
«C'est un vaste sujet. Mais nous ne devons jamais oublier d'où nous venons. En 1997, nous étions 3es dans le groupe B. Depuis, les choses ont évolué. On a lentement investi plus d'argent, Ralph Krueger (sélectionneur de 1998 à 2010) fut un grand moteur. Avant de devenir sélectionneur national (fin 2015), j'étais coach-assistant à Lugano. Un grand club où nous n'avions pas de coach des gardiens, ni coach athlétique, ni coach vidéo. Donc on ne parle même pas de la situation chez les juniors. Aujourd'hui les choses se sont améliorées, mais nous sommes encore en retard sur les meilleures nations. Pour prendre l'exemple de la Suède, il y a cinq ou six entraîneurs sur la glace avec les jeunes et ils produisent logiquement davantage de bons joueurs. En Suisse, l'évolution sur les trente dernières années est belle, gardons quand même du positif.»